- 15 - La dépression...

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TW : dépression, vomissement

Je dédie mon livre et particulièrement tout ce chapitre à chaque personne atteinte de la dépression.

Courage, vous êtes plus fort que vous ne le pensez.

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Point de vue d'Isore, 17 juin ; douze heures

Les gouttes tombent en rythme sur le sol. Deux ou trois voitures passent dans la rue. La maison est calme. On se croirait dans un post-apocalyptique. La lettre que je n'ose pas ouvrir est toujours sur ma table de chevet. Je ne mange plus, ne bouge plus, ne me douche presque plus. La seule chose que j'arrive à faire, c'est pleurer. Je dors tout le temps sauf lorsque des cauchemars se mêlent à mon envie de dormir. Je reste éveillé la nuit. J'ai des nausées. Je me sens mal. Je me sens trahi, nul, grosse et j'en passe…
Je revois les mains sales de Daniel qui le hantent, mais je n'ai pas assez de force pour le doucher.

Trois petits coups à ma porte me font sortir de mes pensées. Je sèche mes larmes, je mets en tailleur sur mon lit et réponds un petit « oui ». Une petite tête passe la porte. C'est Angelo. Il pose un plateau sur le lit, en silence. Le plat de pâte à la carbonara me fait envie, certes, mais je n'ai rien dans le ventre depuis vingt-quatre heures et je ne compte pas manger avant de faire un malaise.

— Elles sont délicieuses ! En-tout-cas mieux que la dernière fois que tu as essayé d'en faire...

Un petit sourire s'affiche sur mon visage. Il se met à rigoler.

— Tu te souviens encore de mon massacre ?

— Comment ne pas s'en souvenir ? Tu voulais absolument faire des pâtes à la carbo pour ton premier mois ici. Tu as pris une recette et as fait la cuisine. Ratez la sauce et par la même occasion, tu t'es brûlé la main ! On a fini par commander des plats tout fais tellement c'était immangeable !

Nous rigolons. Je prends la fourchette entre mes doigts, hésite un instant à manger.
J'apporte le couvert à ma bouche et mâche. Alors que je viens de finir ma première bouchée, Angelo saute de partout en s'exclamant :

— Isore a mangé, Isore a mangé, Isore a mangé, Isore a mangé, Isore a mangé, Isore a mangé, Isore a mangé...

Il ne s'arrête plus. Il saute maintenant sur le lit, un grand sourire aux lèvres. Je lui demande de se calmer. Il s'approche de moi et me chuchote à l'oreille :

— Lazario ne veut pas que je te le dise, mais c'est lui qui a proposé de faire des pâtes à la carbonara, il était sûr que tu allais manger !

Tout d'un coup, les pâtes ont un goût de moisi...

Angelo repart tout en faisant une danse de la joie.

TW : vomissement

Les pâtes sont très bonnes, je ne peux pas le nier, mais chaque bouchée de plus est un enfer. Chaque bouchée de plus me rappelle la phrase de Daniel « pense à manger moins, tu es pleine de gras ». Je me lève d'un bon et me dirige vers les toilettes. Je m'assis par terre, la tête près de la cuvette. Relève mes cheveux. Je ferme un instant les yeux. Je vois Eston, me souriant. Alors que je m'apprête à plonger mes doigts dans ma gorge, j'entends Eston dire : ne fais pas ça Isore. Je rouvre les yeux rapidement. J'hésite un instant, puis l'autre plonge mes deux doigts dans ma gorge jusqu'à vomir.

- Fin du TW

Une fois le ventre vide, je pose mon dos contre le mur et prends ma tête entre mes mains. Je pleure. Pour la millième fois, je pleure.

Un été sans toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant