Un été sans toi

- 32 - Contempler

Point de vue de Lazario,
le même jour

Cette sensation de liberté lorsque l'on saute et qu'on se retrouve dans les airs, cette sensation d'être juste vivant, ne me lassera jamais.
Mon cœur bat plus que jamais dans mon cœur, est-ce à cause du saut ou de ce que je viens de dire ?
C'est sorti tellement naturellement de ma bouche, je n'en reviens pas.
Son cœur s'est encore plus emballé, comme si les quelques mots que je lui avais soufflés avaient suffi à l'embraser.

« C'est loin d'être désagréable pour moi aussi. »

Nous atterrissons sous les applaudissements du reste du groupe.

J'aurais aimé que ce moment dure une éternité, juste pour sentir son cœur battre un peu plus longtemps.

Mais, finalement, si les moments les plus précieux duraient une éternité, ils perdraient leurs valeurs.
On s'y habituerait.

Isore essaie de se détacher, mais n'y parvient pas. Elle commence à bouger dans tous les sens en essayant de se libérer. Malheureusement, en sautant, elle pose son pied sur le second et trébuche. Dans sa chute, elle se retourne et m'emporte avec elle. Nous voilà l'un sur l'autre, par terre, sur l'herbe.
Ses yeux croisent les miens, j'aime tellement la façon dont elle les regarde. Comme si, à chaque fois, elle admirait mes yeux en essayant de découvrir leurs parts de mystères.
Un jour, tu seras Isore, un jour, je te dévoilerai tout, promis.
Son cœur s'emballe et ses yeux se perdent sur mon visage. Je n'ose pas me déplacer et elle non plus.
Je pose tendrement mes mains sur sa taille, en prenant soin de regarder sa réaction pour être sûr que ce geste ne la dérange pas et l'aide à se décaler. Nous nous relevons.

Je prends une grande inspiration. Ce saut était splendide, ça m'avait manqué.

— C'était incroyable, s'excalme Nora en se jetant dans les bras de Milo, merci !

Elliot titube légèrement, mais il n'a pas fait une syncope, c'est déjà ça !

— C'était splendide, dis-je en remerciant Milo pour cette idée.

— J'ai les meilleures idées, je sais. Je me suis éclatée, s'exclame ce dernier.

Je rigole légèrement. J'ai toujours eu peur de me faire des nouveaux amis, certainement de mauvais restes de mon enfance. Alors, je pense être celui qui est le plus éloigné du groupe, qui est là sans vraiment être là.
C'est étrange comme ils sont importants à mes yeux. En même temps, je meurs d'envie d'apprendre à plus les connaître, à me dévoiler, mais j'ai aussi peur de me dévoiler. De trop en dire, d'être de trop, de les gêner. Je ne peux pas leur reprocher de me laisser de côté, c'est moi qui me mets de côté tout seul. J'ai toujours eu l'impression d'être un poids sur tout le monde, et me mettre de côté me permet de ne pas leur laisser le choix de me laisser tout seul ou non. Je me protège quelque part, je crois.

Je relève la tête et remarque qu'Isore me regardait. Puis, elle plonge ses iris dans les miens, un petit sourire aux lèvres.
C'est étrange se qu'il se passe en ce moment.
Je voudrais pouvoir prendre en photo son regard à cet instant-là, mais malheureusement, Stella l'appelle et elle détourne le regard.

Je sens une tape derrière le dos, c'est Logan.

— Alors, le saut avec Isore, bien passé ? Elle n'a pas essayé de te détacher pour sauter seule ?

L'espace d'un instant, j'ai envie de lui raconter se qu'il s'est passé. Comment son cœur s'est emballé et comme le mien à fait de même. Mais, je me dis que peut-être, il veut une brève réponse, que je le dérangerai si je lui racontais tout. Qu'il me rirait à la tête, en me disant que je me fais des idées.
Je pense que je pense trop.