Lazario, le lendemain
Lorsque je sors du canapé, qui a été très confortable cette nuit, je m'active directement en cuisine. Je décide de faire des pancakes, en espérant qu'elle aime ça. L'ambiance qui règne sur cette bulle depuis que nous y sommes est étrange. J'ai peur d'en faire de trop. De trop l'embrasser. De trop la prendre dans mes bras. J'ai attendu presque un an pour pouvoir l'avoir elle. Et je ne m'en plains pas, elle méritait qu'on attende des années. Mais j'ai peur qu'elle parte. Qu'elle se rende compte que je ne vaux rien. Qu'elle se rende compte que je ne la mérite pas et qu'il y a bien mieux. J'essaie du mieux que je peux de ne pas penser au douze septembre. Le jour où elle va s'envoler vers son pays natal, celui qu'elle redoute tant. Secrètement, j'espère qu'elle fera une demande pour rester ici, et éternellement.
Plus tard, dans la matinée
— Parlons, veux-tu ?
J'acquiesce en silence, regardant les oiseaux passés au-dessus de nos têtes.
Nous sommes couchés sur une serviette étendue sur la plage. Nos mains sont entrelacées. Nous regardons le ciel. L'endroit où Eston repose. J'espère qu'il nous regarde à cet instant et qu'il est fière de nous.— Je ne sais pas par où commencer.
— Par le début ?
Je tourne la tête vers elle et elle fait de même, un sourire sur ses belles lèvres.
— À dix-sept ans, j'ai décidé de tout découvrir sur mes parents. Depuis petite, je les connaissais, certe, mais tout ce qu'ils faisaient en dehors de la maison m'était inconnue. Dès que je leur posait la question, ils me racontaient toujours la même chose, qu'ils allaient faire leurs métiers. Quand je leur demandais ce que c'était, ils me disaient que j'étais trop petite pour comprendre, qu'ils voulaient me protéger. J'ai grandi sans m'en soucier vraiment. Bref, un soir, ç'a été la goutte de trop, la conversation de trop. Ils ont encore refusé de tout me révéler. Alors, je me suis promise que j'allais trouver. Je me suis promise que par tous les moyens, je trouverai. Le lendemain, je me suis retrouvée toute seule dans la maison. Et j'ai fouillé J'ai littéralement retourné ma maison. Le salon, leur chambre, le bureau et c'est là, dans un placard, que j'ai trouvé. Trouver des documents concernant une certaine mafia, le chef, certaines adresses. J'ai trouvé seulement un document. Et je me suis renseigné. Tellement que j'en suis venue à une conclusion, mes parents passaient leur temps à travailler sur la mafia et à la faire sombrer. Comme des espions si tu préfères. Le soir, lorsque ils sont rentrés, pendant le repas, je me suis levée, j'ai pris le document et je l'ai posé calmement sur la table. Mon père a prit la main de ma mère en lui disant qu'il était temps. Ils m'ont tout expliqué...
Elle respire un grand coup comme pour se donner la force de continuer et replace une mèche derrière ses oreilles.
— Ils étaient des espions pour la police. Ils devaient suivre la mafia italienne de très près, à leurs risques et périls. Leurs moindres faits et gestes étaient épiés par mes parents qui ensuite écrivaient des rapports pour les envoyer à une police spécialisée. Ils m'ont expliqué que chaque jour, ils pouvaient se faire tuer par justement cette mafia et que c'était un métier extrêmement dangereux. Je n'ai pas forcément compris tout ça. J'étais perdue. Je ne comprenais pas certaines choses. J'ai presque regretté d'avoir fouillé dans la maison pour comprendre. Parfois ne pas comprendre est la meilleure solution, enfin bon. Une semaine pile après, mon père est rentré de son boulot, les larmes aux yeux. Il m'a regardé et j'ai compris. J'ai compris dans ses yeux que quelque chose n'allait pas. Et lorsqu'il s'est déplacée de l'encadrement de la porte, je n'ai pas vu ma maman. Il s'est effondré par terre et sans un mot, je l'ai pris dans mes bras.
Une larme dévale sa joue, et puis une autre.
Et je les sèche toutes à l'aide de mon pouce.Elle reprend.

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Un été sans toi
RomantizmAlors que ses dix mois aux États-Unis prennent fin et que son amour pour Eston déborde de plus en plus, un drame survient. Un drame qui lui arrache une partie d'elle-même. Le chagrin et la dépression l'engloutissent peu à peu et ses démons qu'elle p...