Certitudes

Chapitre 11 : Chez Tôma_ Akihiko

Leurs courses terminées, le jeune couple se dirigea vers l'appartement de Tôma. Ce dernier ouvrit la porte et lança un « je suis rentré » qui resta sans réponse. Satisfait, il franchit le palier sourire aux lèvres.

-Allez, entre Aki.

-Je me permets.

Une fois à l'intérieur, ils déposèrent leurs achats sur la table de la salle à manger.

-Aki ?

-Oui ?

-Tu veux bien ranger ce qui va au frais pour le moment ? Je vais vérifier s'il y a des lessives à faire.

-Entendu.

Le tokyoïte exécuta sa tâche consciencieusement mais ne put s'empêcher de tiquer face à l'énorme quantité d'alcool qu'il y avait entre leurs achats et le contenu du frigidaire. Il ne put manquer de remarquer également les bouteilles et canettes vides qui jonchaient le salon. Il marcha jusqu'au canapé et saisit une canette. Sa mâchoire se crispa légèrement en pensant à l'homme qui buvait ceci et qui osait lever la main sur Tôma. Sa poigne écrasa la boîte métallique alors qu'une colère sourde montait en lui. Il avait envie d'arracher son amoureux à cette situation, de l'éloigner de son tortionnaire. Même si cela signifiait régler cela à l'ancienne.

-Tout va bien Aki ?

Sorti de ses pensées sanguinaires par l'apparition soudaine de son petit-ami, Akihiko resta interdit avant de répondre.

-Oui désolé. Tout va bien.

-Ça en fait beaucoup, hein ?

-Oui. Trop. Et... c'est toi qui dois tout ranger après ?

-Ah... euh oui. Parfois Nanami m'aide mais généralement j'essaie de tout enlever avant qu'elle se réveille.

Le grand brun serra les dents. Il fulminait et peinait à se calmer.

-Aki ?

-Oui ?

-Dis-moi ce que tu penses.

-Ça ne serait pas utile, je crois.

-Je ne suis pas d'accord. Tu as dit qu'on devait parler tous les deux, tout se dire. Alors vas-y toi aussi. Dis-le moi.

-Je pensais à ton père.

-Et quoi exactement ?

-A la façon dont il te traite.

-Ah... tu sais j'ai l'ha...

-Et à la façon dont je pourrais le réduire en charpie.

Ouvrant de grands yeux, Tôma resta muet d'étonnement devant la révélation. Le grand brun fronça les sourcils.

-Je suis désolé, je ne suis pas aussi gentil que tu l'imagines.

Le regard de son amoureux s'adoucit instantanément et il secoua doucement la tête.

-Tu te trompes, Aki. Tu es quelqu'un de très gentil. Juste que tu as aussi de la colère en toi, comme tout le monde.

-Toi aussi tu as de la colère ?

-Oui, un peu mais je ne pense pas que ce soit la colère qui me domine. Ce serait plus la tristesse ou la peur.

-Tu as peur ? A cause de ton père ?

-J'ai peur de mon père. Et de ce qu'il pourrait faire à Nanami si je ne la protégeais pas.

-Pourquoi dois-tu la protéger à ce point ?

-Je suis son grand frère ! Si je ne protège pas ma petite sœur, qui le fera ?

-Mais toi... qui te protège ?

Les mots du tokyoïte semblèrent l'atteindre à un point sensible car des larmes coulèrent sur ses joues. Les lèvres tremblantes, il articula quelques syllabes mais aucune phrase cohérente. Akihiko s'approcha de lui et tenta d'essuyer ses larmes mais elles étaient trop abondantes.

-Moi. Moi, je pourrais te protéger. Tu n'as qu'à me le demander. Un mot de toi et je te sauverai. Contre le monde entier s'il le fallait.

Secouant la tête, le blond sortit des morceaux de phrases en s'agrippant au tee-shirt de son petit-ami.

-Veux pas...Te faire du mal...Pas besoin...A mes côtés...

Etrangement, le message parut limpide au grand brun. Ainsi il craignait plus qu'il y ait des conséquences à ses agissements que pour sa propre sécurité. Le cœur serré, il étreignit fortement l'adolescent aux piercings qui pleurait à chaudes larmes contre lui.

Quand il se fut calmé, l'insulaire s'éclipsa dans la salle de bain pour se rafraichir le visage. Akihiko, de nouveau seul dans le salon, parlait intérieurement au père de son amoureux, le poing serré.

« Il ne veut pas de mon aide. Tu t'en sors bien. Je n'ai pas peur de toi. Sache qu'à la première occasion, je te ferais regretter toutes ces années. »

Une fois que Tôma fut revenu, ils aérèrent l'appartement et le rangèrent. Puis le garçon blond l'entraina dans la cuisine et lui expliqua ce qu'il avait l'intention de cuisiner. Alors qu'il lui demandait son aide pour la préparation, il partit dans un fou rire quand Akihiko lui avoua, honteux, qu'il ne savait pas faire.

-T'es sérieux Aki ? T'as jamais épluché de légumes de ta vie ?

-Ben non.

-Gosse de riche.

-Parce que c'est plus normal selon toi, de savoir tout cuisiner à 16 ans ? répliqua le grand brun en fronçant les sourcils, un brin vexé.

Ils se regardèrent un moment puis éclatèrent de rire ensemble. Et avec la même patience qu'il le fit avec Mio, le garçon blond voulut lui enseigner les rudiments de la cuisine.