Chapitre 15 : Frayeur_ Akihiko

15 4 36
                                    

Leur première journée passa paisiblement, les deux jeunes alternant entre câlineries et conversations à cœur ouvert. Le soir venu, ils s'endormirent comme la veille, blottis l'un contre l'autre.

Quand Akihiko ouvrit les paupières le matin suivant, une impression de vide le fit se redresser précipitamment. Il ne comprenait pas pourquoi il s'affolait autant mais tout son être était tendu par le stress. Il réalisa rapidement ce qui le travaillait autant : Tôma n'était plus là. Le cœur battant, il se leva en hâte et dévala les marches. Pourquoi ? Était-il arrivé quelque chose à son petit-ami ? Ou bien ce dernier avait finalement réalisé qu'il n'était pas suffisamment intéressant ? Il s'apprêtait à parcourir la maison dans tous les sens mais fut stoppé en plein élan par un bruit métallique qui attira son attention. Il se tourna et poussa un profond soupir de soulagement quand il vit son amoureux, debout dans la cuisine, occupé à préparer le petit déjeuner. Ce dernier se retourna, sourire aux lèvres, en l'entendant.

-Bonjour Aki.

-Bonjour, dit le tokyoïte en s'asseyant sur un tabouret près de l'îlot de cuisine.

-Tu es descendu vite ! Tu avais faim ?

-Ah non. Je me suis fait des frayeurs tout seul.

Tout en disant ces mots, il passa sa main dans ses cheveux et les ramena vers l'arrière. Puis, enfin rassuré, il laissa sa tête tomber mollement dans ses bras croisés.

-Des frayeurs ?

-J'ai cru que tu étais parti...

-Parti ? Pour aller où ?

-Je ne sais pas, mais c'est le premier truc auquel j'ai pensé en ouvrant les yeux et en ne te voyant pas à mes côtés.

-Ah désolé. Je suis du genre lève-tôt habituellement. Hier a été une exception. Trop d'émotions j'imagine. Mais je ne voulais pas te faire peur.

-Tu n'as pas à t'excuser. Ce n'est pas de ta faute si mon imagination s'emballe, rajouta le tokyoïte en posant son menton sur son avant-bras.

-Mais rassure-toi, je n'irai nulle part. Et encore moins sans te prévenir. Mais...

-Mais ?

-Ça me fait plaisir que ma possible disparition te mette dans cet état, rajouta le blond avec un sourire un peu gêné.

Le visage indéchiffrable, le grand brun l'observa dans un mutisme total pourtant, intérieurement, il avait toutes les difficultés du monde à rester pondéré. Il avait encore du mal à réaliser qu'il avait finalement obtenu l'affection de cette personne si chère à son cœur. Cœur qui s'emballait à la moindre occasion tant il était épris. Sa réaction plus tôt commença à l'embarrasser. Il détourna les yeux et se mit à rougir. N'avait-il pas été un peu excessif ? Evidemment que Tôma était encore dans la maison, cependant l'idée qu'il puisse changer d'avis continuait à le ronger. Il se sentait si différent, si particulier qu'il craignait par-dessus tout que son amoureux révise son jugement. Après tout, n'avait-il pas failli à lui accorder ce qu'il désirait le plus ? Tout à ses pensées, il n'entendit ni ne remarqua le garçon aux piercings s'approcher de lui.

-...ki ! Aki !

Il releva la tête et sursauta en constatant que le visage de Tôma se trouvait à quelques centimètres du sien.

-Ah enfin ! dit le blond. Tu ne m'entendais plus ! Tout va bien, Aki ?

-Oui, oui.

-Aki ?

-Hmm ?

-Ne joue pas à ça avec moi.

-De quoi tu parles ?

-Je vois bien que quelque chose ne va pas !

Disant ces mots, Tôma prit brusquement le visage d'Akihiko dans ses mains, claquant presque ses joues. Ce dernier sursauta de nouveau et regarda son amoureux les yeux ronds. Avec la lueur d'inquiétude qui passait dans son regard et son air faussement outré aux sourcils exagérément froncés, il le trouva adorable.

-C'est juste que je me demande toujours pourquoi tu es ici avec moi.

-Pardon ?

-Tout mon entourage à Tokyo, à l'exception de mon grand-père, Natsume et Mutsumi, me trouvent insignifiant, voir même moins que ça. Alors... J'ai peur qu'un jour tu réalises que je ne suis que moi, loin de l'idéal que tu imagines et ...

-Alors là, je t'arrête tout de suite ! cria Tôma avec virulence. Je le répèterais autant de fois qu'il le faut pour que tu l'assimiles mais tu n'es pas insignifiant Aki ! Tu es un garçon formidable ! Sérieux, gentil, attentionné et prêt à aider les autres.

-Mais seulement avec toi...

-C'est faux ! Je t'ai vu quand tu étais de ménage avec Sanaé. Tu faisais toujours attention à faire le plus dur. C'est là que j'ai commencé à m'intéresser à toi. Tu n'imagines même pas à quel point l'amour que tu me portes va me sauver.

Il lui sourit et posa sa main droite sur celle du blond toujours posée sur sa joue.

-Je crois comprendre puisque je ressens la même chose. La vie n'a pris un sens que depuis qu'on s'est rencontrés.

Le garçon blond bougea sa main et glissa ses doigts entre ceux d'Akihiko.

-Je serais hypocrite en disant que je ne comprends pas tes peurs Aki, puisque j'ai les mêmes. Je suis terrifié à l'idée que tu changes d'avis ou que tu me trouves saoulant.

-Ça n'arrivera pas.

-Pour moi non plus. Je t'aime Aki.

En guise de réponse, le grand brun posa un baiser sur les lèvres de Tôma. Le regard de ce dernier s'adoucit et il s'approcha davantage pour embrasser le tokyoïte plus franchement. Passant ses bras autour de son amoureux, Akihiko savoura cet instant avant de murmurer à l'oreille de son petit ami.

-Je t'aime.

Le sourire qu'il obtint lui donna un sentiment de totale satisfaction. Les angoisses ressenties plus tôt s'estompaient, laissant la place à un bonheur indescriptible. Les joues rougies, Tôma lui suggéra de commencer à manger aussi s'attablèrent-ils devant un petit-déjeuner composé d'œufs, bacon et tartines.

-Que fait-on aujourd'hui ? demanda le grand brun entre deux bouchées.

-Ça te dirait d'aller à l'aquarium ?

-Oui, bonne idée.

-Et comme ça..., balbutia Tôma en rougissant et en se triturant les mains, ça sera... notre premier... rendez-vous.

A le voir si embarrassé, Akihiko émit un petit rire amusé qu'il tenta vainement de masquer.

-Ahhhhh ! Aki c'est pas gentil de te moquer ! C'est pas évident de dire ce genre de chose ! Vas-y essaie un peu pour voir.

Le tokyoite leva un sourcil puis ses lèvres s'étirèrent. Il se releva et s'inclina devant son amoureux en lui tendant une main, à la façon d'un gentleman invitant une damoiselle à danser.

-Mon cher Tôma, commença-t-il d'une voix enjôleuse, accepterais-tu de partir en rendez-vous avec moi aujourd'hui ?

Virant au cramoisi, le garçon blond se cacha le visage derrière sa main et se mit à marmonner à maintes reprises un « c'est pas juste » de plus en plus inaudible. Akihiko, fier de son coup, se mit à rire aux éclats.


CertitudesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant