Chapitre 9 : Premier matin _ Akihiko

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Toujours enlacés dans le lit étroit, les deux garçons parlèrent pratiquement toute la nuit. Quand ils commencèrent à fatiguer, Akihiko s'allongea sur le dos et Tôma se blottit contre lui, la tête sur son torse et s'endormit rapidement. Cela décrocha un sourire au tokyoïte. Il regarda le plafond de sa chambre essayant de réaliser ce qui lui arrivait. Il était tombé amoureux et, par chance, cette personne merveilleuse l'aimait en retour et se trouvait actuellement à ses côtés. Un large sourire se dessina sur son visage. Apaisé et heureux, il s'assoupit à son tour.

Quand il entrouvrit les yeux, il ressentit un poids sur lui. Revenant peu à peu à ses sens, il baissa les yeux et vit un Tôma complètement endormi. Il n'osa faire le moindre mouvement et se mit à sourire en l'observant. Il semblait si innocent, loin de l'adolescent en rut qui lui avait un peu forcé la main la veille. Il bougea sa main libre et de son index déplaça quelques mèches blondes. Il regretta un peu son geste quand il vit les paupières frémirent avant de s'ouvrir doucement.

-Aki ? demanda le blond d'une voix ensommeillée.

-Bonjour.

-Ah ! Bonjour Aki, dit-il en émergeant et en souriant de toutes ses dents.

Le cœur du grand brun se gonfla d'un bonheur indescriptible. Il aurait voulu que les deux semaines à venir ne s'arrêtent jamais. Il continua d'une voix douce.

-Je t'ai réveillé ?

-Hein ? Euhh... je ne sais pas trop. Peut-être un peu mais je commençais à me réveiller de toute façon.

-Je suis désolé.

-Ne t'excuse pas. Tu pourras me réveiller autant que tu veux, je serais toujours ravi de voir ton visage au réveil.

-Je comprends, répondit Akihiko en souriant toujours. C'est pareil pour moi. Te voir dès le réveil m'enchante au plus haut point.

Il ne put s'empêcher d'émettre un petit rire en voyant les joues de son amoureux se colorer. Galvanisé par cette délicieuse béatitude dans laquelle il était depuis qu'il avait ouvert les yeux, il surenchérit, accentuant la rougeur de Tôma.

-Si tu savais comme j'aimerais que le temps s'arrête et qu'on reste ainsi pour toujours. J'aimerais pouvoir me réveiller chaque matin à tes côtés.

-A... Aki...

-Oui ?

-Arrête... on dirait que tu...

Mais l'adolescent aux piercings ne finit jamais sa phrase, plus écarlate que jamais et le regard fuyant. Il fallut quelques secondes à Akihiko pour comprendre le double sens de sa phrase et rougit à son tour. Ce genre de tournure était parfois utilisée dans leur pays très prude pour les demandes en mariage. Le tokyoïte ne chercha pas à revenir sur ses mots mais ne rajouta rien. Dans le fond, l'idée du mariage ne lui déplaisait pas mais... n'était-ce pas un peu trop tôt ? Ils n'avaient que seize ans et n'étaient officiellement devenus un couple que depuis la veille. Il préféra changer de sujet. Pour le moment, ils n'allaient pas débattre là-dessus même si l'idée de se marier et de passer toute sa vie aux côtés de l'être aimé affolait son cœur.

-Tu... tu as faim ?

-Je ne sais pas trop. Mais... Aki ?

-Oui ?

-On pourrait rester encore un peu comme ça ?

Un large sourire se dessina sur les lèvres du grand brun qui passa sa main dans les cheveux blonds.

-Autant que tu veux, ça me va très bien.

Avec un sourire un peu timide et les joues toujours rouges, Tôma se blottit contre lui sans un mot supplémentaire. Les minutes défilèrent sans qu'aucun des deux ne sache combien de temps exactement s'était écoulé depuis leur réveil mais ils s'en fichaient. Tout à coup, le grondement d'estomac du garçon décoloré vint briser le silence. Ils se regardèrent les yeux ronds avant de se mettre à rire ensemble.

-Et si on descendait maintenant ? Proposa l'affamé.

-Je crois que c'est une bonne idée.

Ils se levèrent et rejoignirent la cuisine, vêtus uniquement de leurs caleçons. Trouvant des céréales dans un placard, ils se contentèrent d'en manger avec du lait.

-Va vraiment falloir faire des courses. Il reste pas grand-chose.

-Je suppose que Mutsumi a fait son possible pour gérer son départ.

-Oui et elle a bien fait. Mais faut bien qu'on mange !

-Oui et puis les céréales et le lait ce n'est pas trop mon truc.

-Ah ! Tu aurais dû me dire ! Je t'aurais fait autre chose.

-Tu t'embêtes pour rien, Tôma. On verra ça quand on aura fait les courses. Pour ce matin, ça ira très bien.

-Pour de vrai ?

-Mais oui. Ne me confonds pas avec Naoya s'il te plait.

-Hein ? Comment ça ?

-Ben je ne vois que lui pour faire une scène parce que le petit déjeuner n'est pas à son goût.

Tôma s'esclaffa. Le grand brun ayant fini se leva pour poser son bol dans l'évier. L'adolescent aux piercings s'arrêta brusquement de rigoler et le suivit des yeux. Le tokyoïte émit un petit rire et demanda.

-Je te plais tant que ça ?

-De... de quoi tu parles ?

-Tu crois que je ne sens pas ton regard vicieux ?

-Mais... je ....

Le garçon blond vira au cramoisi sans pouvoir finir son explication et baissa la tête. Akihiko partit d'un grand rire. Se calmant, il s'approcha de lui et plaça sa main sous son menton pour relever son visage.

-Tu sais, j'ai vraiment peur de ne pas pouvoir être à la hauteur en tant que petit ami.

-Pou... pourquoi tu dis ça ?

-Si tu en as constamment envie et moi non, ça posera souci à un moment ou un autre.

-Non ! Je ne suis pas d'accord ! Répliqua vivement Tôma. Ça ne veut rien dire. Et si j'en ai envie c'est peut-être parce qu'on a rien fait.

-Rien fait ?

-Je veux dire, pas jusqu'au bout !

Le grand brun rit à nouveau.

-Parce que tu penses que si on le faisait tu aurais moins envie ? Si l'expérience d'hier ne t'a pas calmé... Laisse-moi en douter.

-C'est pas gentil Aki...

Le tokyoïte se mit à rire à gorge déployée alors que Tôma gonfla ses joues pour bouder. Mais ne lui laissant pas le temps de tourner la tête, Akihiko prit son visage dans ses mains et l'embrassa.

-Donne-moi un peu de temps, Tôma. Ensuite, je te le promets, on fera tout ce que tu voudras.

-Aki...

Le garçon blond l'agrippa comme il put et le serra dans ses bras de toutes ses forces. Pour toute réponse, le grand brun l'enserra également. Dieux, qu'il était heureux ! Chaque seconde passée auprès de son bien-aimé était encore plus euphorisante, maintenant qu'ils étaient en couple. Jamais il n'aurait imaginé ressentir un jour un tel bonheur. La vie, qui lui avait toujours parue sombre et cruelle quand il vivait à Tokyo, paraissait à Okinawa lumineuse et merveilleuse. Mais depuis hier, la sensation s'était décuplée et il avait l'impression d'être au paradis. Non mieux que ça. A l'endroit auquel il était destiné. Fermant les yeux et étreignant son amoureux, il adressa un remerciement à l'univers d'avoir exaucé son souhait.


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