Résumé des chapitres précédents :
Les pères de Merlin, Gaspard et Nine vont déménager pour aller s'installer à Marrans en Charente-Maritime pendant les vacances de noël pour aller s'occuper de la famille de Gaspard qui est en difficulté. Le grand-père Anatole souffre d'Alzheimer et l'oncle Charles est dans le coma après un grave accident de voiture.
Merlin ne l'entend pas de cette oreille, ennuyé de perdre ses copains et sa vie.
***
Deux semaines que nous sommes arrivés dans la maison biscornue de mon grand-père ! On dirait que les architectes farfelus ont réalisé un assemblage de bric et de broc de tout ce qu'ils savaient faire.
Il y a six toits différents, dont un en forme de clocher, un autre écrasé et accolé au gros bloc principal. Trois tours différentes, dont une petite carrée, une ronde, et sur plusieurs hauteurs. La maison est en pleine campagne près de Marrans.
C'est là aussi que se trouvait l'entreprise de transports de mon oncle, avec les entrepôts de bétons et les camions alignés. Elle périclitait déjà avant le drame et l'accident va en sonner le glas. C'est ce que je comprends des messes basses qui s'arrêtent quand j'arrive.
Des inspecteurs de police, puis des inspecteurs du fisc sont venus chez nous et les enquêtes s'enchainent sur mon oncle, d'abord sur son accident et sur l'entreprise qui vient d'être mise en liquidation judiciaire. Mes pères sont débordés, ils croulent sous les démarches à faire ou passent du temps à l'hôpital pour s'occuper de mon oncle, qui est toujours dans le coma.
Mon grand-père a failli perdre la maison, car mon oncle n'avait pas payé les impôts locaux. Il souffre d'un début d'Alzheimer, avec des vertiges et s'il perd la mémoire, il se rend bien compte que nous chamboulons tout. Il gueule depuis sa chambre au rez-de-chaussée que nous faisons n'importe quoi, et bon sang ou est passé son épouse pour qu'elle vienne prendre sa tisane.
Le souci c'est que ma grand-mère est décédée depuis plus de vingt ans.
La maison n'a aucune clôture, et mes pères ont eu du boulot pour installer des grillages provisoires pour nos animaux, réparer les écuries, installer un poulailler.
Pour conclure, nous venons de découvrir que la toiture fuit, ce n'est pas la joie.
Je connais bien les lieux, mais c'est toute la différence entre y séjourner un week-end et y vivre.
Mes pères se sont installés dans leur chambre habituelle, celle de Gaspard enfant, qui donne sur le parc. D'habitude, pour les courtes visites, je dors dans la chambre voisine, mais pas cette fois ! Si je dois rester plus de deux jours, je veux choisir mon repère. J'ai retenu la plus éloignée, dans l'étrange tour ronde, sous les toits avec un énorme velux et même un mini balcon qui donne sur les toits de tuiles rouges.
Comme ce sont les fêtes de noël, j'ai été autorisé à aller voir mon oncle. Il est dans le coma depuis vingt jours et les médecins ne sont pas optimistes. Je lui ai lu quelques chapitres d'un roman. Il parait qu'il nous entend et lui parler le stimulerait et lui donnerait une chance de reprendre conscience. Je l'aimais bien et en même temps, il me saoulait à être homophobe. Il engueulait mes pères, leur disant qu'ils me dévergondaient.
Ce qui est faux, mes pères ont toujours prôné l'amour hétéros, bon, je ne les trouvais pas très convaincants dans leurs explications, mais ils y mettaient de la volonté.
Pour l'instant, aucune idée de ce qui m'attire et je ne suis jamais tombé amoureux. Il m'arrive de me masturber sur des photos de filles sexy, mais parfois je trouve des mecs pas mal. Est-ce que je regarde leurs muscles parce que j'aimerais être bâti comme eux ou parce qu'ils me plaisent ? Je commence à me poser pas mal de questions, sans avoir les réponses. Je ne trouve pas ça moche deux hommes ou deux femmes qui s'embrassent, même j'aime bien, par contre je déteste quand ce sont mes pères qui le font devant moi, c'est berk ! Difficile de les imaginer ayant une vie sexuelle, puisque ce sont mes vieux.
Il crève de chaud ! j'étouffe ici ! quand il y a du soleil comme aujourd'hui, on se croirait au printemps. Nous sommes en décembre merde ! Au moins à Sens, il fait froid, un temps normal et glacé. A Marrans, au choix, il pleut des trombes d'eau, du vent infernal ou du soleil.
Un des rares trucs cool ici, c'est la voiture sans permis de mon grand-père que je peux utiliser. Quand j'en ai ras le bol des cris de mon grand-père ou de voir mes pères galérer, je prends les chiens que je fais monter dans la voiture et je les emmène dans les forêts de pins.
Quand je rentre de ma balade aujourd'hui, il y a un nouveau problème. On les enchaine en ce moment, la machine à laver est tombé en panne.
Papa Nine a réclamé un séchante en plus d'une nouvelle machine à laver, il ne s'en sort pas avec l'humidité des lieux. Papa hésite car l'électricité n'est pas aux normes.
Pour nous aider avec grand-père Anatole, mes pères ont recruté Mariam, une aide-soignante qui vient l'aider pour faire sa toilette et s'habiller. Elle s'en occupe tous les matins, permettant à mes pères de partir à l'extérieur. Elle a la trentaine, elle est cool, d'origine ivoirienne et nous prépare des plats de son pays. J'ai fait remarquer à mes pères que puisque nous avons Mariam, en théorie, on n'a pas besoin d'être là et on pourrait rentrer à Sens.
Je m'arrête de parler, car Gaspard est de mauvaise humeur. Je le connais, il va me donner encore des corvées à faire. Il me fait aussi bosser mes cours de préparation au concours vétérinaire et me pose souvent des colles.
Au milieu de ce cirque, pour remettre la maison familiale d'aplomb, du déménagement galère, nous avons fêté noël. Nine est doué pour cuisiner et même mon grand-père se régale. Nous n'oublions pas que l'oncle Charles est toujours dans le coma à l'hôpital, mais l'ambiance est plus légère ce soir. Pépé semble étonnamment conscient et il bavarde avec nous, il ne lâche pas mon bras et me raconte des histoires sur notre famille. La maladie, chez lui, se manifeste surtout par la perte de la notion du temps et du lieu où il se trouve. Il panique s'il n'est pas dans sa chambre.
J'ai reçu de nombreux paquets et mon père me filme en train de les déballer me donnant l'impression d'être un « Dursley ». J'ai reçu un nouvel ordinateur puissant, destiné à compenser les six mois de galère dans ce trou perdu. J'ai eu des livres, du matériel de dessin et un coupon pour un stage de kitesurf. Mes pères n'ont pas lésiné pour que je me sente bien.
Cependant, difficile d'oublier que d'ici quelques jours, il va me falloir aller au lycée. J'aurais préféré ne pas y penser ce soir. J'ai tenté de vendre l'idée que je pourrai aller au bahut en voiturette, mon père a retorqué qu'ils en auraient besoin. Pas question que je la réquisitionne pour frimer.
Frimer n'importe quoi !
S'il flotte trop, je me promets de la récupérer. Cette voiturette est pour moi.
Un incident m'a fait comprendre combien papy avait besoin de nous. En mangeant des noix avec son fromage, il a fait une fausse route et heureusement papa a su faire les gestes pour le sauver. Quand il étouffait, j'ai pu voir la peur dans son regard et son envie de vivre.
Les vacances de noël s'écoulent trop rapidement, les animaux s'habituent aux lieux. Il ne reste que moi qui m'ennuie à mourir.
─ Demain il faut nettoyer le poulailler, rigole Gaspard quand je me plains.
J'ai célébré le passage de la nouvelle année avec mes pères et papy, c'est la loose. Mes copains m'ont invité et j'aurai pu aller à Sens quelques jours, cependant l'idée de revoir mes amis pour les quitter à nouveau, ce serait une torture. Mes pères ont insisté pour que j'y aille, j'ai fait la sourde oreille. Je n'ai pas rompu le contact, nous parlons en ligne et jouons ensemble et nous nous retrouverons cet été. Cela me fait mal de l'admettre, mais quand ils me racontent leurs histoires, j'ai déjà l'impression de ne plus faire partie de leurs vies.
Au moins ces mornes vacances m'ont permis d'aider mes pères et nous avons terminé d'aménager des abris corrects pour nos animaux. Les clôture en bois et en pierre ont plus d'allure que les grillages provisoires.
Qu'est ce que c'est nul ici !
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Merlin détective [ BL]
Ficção AdolescenteMerlin déménage au milieu de son année de terminale pour s'installer à La Rochelle, la ville natale de son père. Elevé par deux hommes, au milieu des animaux, il aime les couleurs et débarque comme un oiseau exotique dans un lycée trop calme ou les...