Chapitre 17 - La malédiction des Beauchamp // 2

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J'ai envie d'en savoir plus, mais je ne veux pas avoir l'air indiscrète. Audrey nous suit et étale les couverts sur la table.

— De quoi vous parliez ? claironne-t-elle en déposant un baiser espiègle sur la joue de son mari.

— Je disais justement à Eric que le cabinet médical qui se trouve dans son quartier serait ravi de recruter un nouveau psychiatre, et qu'il suffirait d'un mot de sa part pour qu'ils embauchent Sophia, annonce Sébastien.

— Et je lui répondais que Sophia n'aimerait certainement pas que j'intervienne dans sa carrière de cette façon, réplique son frère, presque avec amusement.

— Merci, Eric.

Je ne peux résister à l'envie de lui prendre la main sous la table tandis qu'il m'adresse un regard chaleureux. Son contact m'a manqué pendant le déjeuner et je commence à avoir hâte que nous soyons à nouveau seuls.

— Sophia, où travailles-tu exactement ? me demande Tristan derrière ses verres rectangulaires.

— En fait, je vais bientôt commencer mon dernier semestre au CSM.

— Le CSM ? questionne Véronique, tout en servant la salade de fruits.

— Oui, c'est un Centre de Santé Mentale, en périphérie de Paris, précisé-je.

— C'est un hôpital psychiatrique, donc ? conclut Audrey.

— Tout à fait.

Sous la table, je sens la main d'Eric se crisper sur la mienne.

— Tu... vas travailler dans un hôpital psychiatrique ? s'étrangle-t-il à côté de moi.

Il me dévisage ouvertement. Je lui jette un regard appuyé sans comprendre sa réaction.

— Ce qui est logique, pour un psychiatre...

— Quand comptais-tu me le dire ? me coupe-t-il.

— Je te l'ai dit hier soir.

— Certainement pas !

Son ton monte d'un cran. Il se maitrise mais je vois qu'il peine à contenir sa colère. La conversation est en train de tourner au règlement de compte et tous les yeux sont braqués sur nous. Eric s'en aperçoit car quand il reprend la parole, il s'est un peu radouci.

— Dis-moi que tu as de quoi te protéger, s'il y a un problème...

Je déglutis avec difficulté. Je cherche mes mots, consciente que tout le monde nous écoute.

— Et bien, il y a des boutons d'alarmes sous les bureaux... commencé-je nerveusement. Et les infirmiers ont des bips sur eux...

Le regard qu'Eric me lance est dubitatif.

— Mais toi, tu n'en as pas ? grince-t-il.

— Non.

Il retire sa main de la mienne et la passe sur son visage en soufflant.

— Et ces bips, ça appelle qui, demande-t-il prestement. Des vigiles ?

— Non, des... des infirmières...

Ma voix n'est plus qu'un petit filet. Je vois qu'Eric a du mal à conserver son masque de décontraction. Je sens que son côté surprotecteur n'accepte pas le concept de l'hôpital psychiatrique.

— Des infirmières ? répète-t-il, sceptique.

— Et des infirmiers. S'il y en a.

— Et c'est le personnel soignant qui gère ces fous dangereux ? dit-il en me scrutant, incrédule.

À toi, corps et âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant