Chapitre 21 - Le manoir abandonné // 2

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Après ces ébats passionnés qui m'ont amputée d'une partie de ma nuit, j'ai du mal à émerger. Quand je soulève une paupière, mon téléphone affiche midi passé. Je soupire et me retourne dans le lit. La place à côté de moi est vide mais empreinte de l'odeur de mon amant. Je profite de son absence pour humer les draps et me laisser tomber mollement dans les oreillers. J'ai le corps meurtri et l'impression d'être passée sous un camion. Mais, quand je repense à tout ce plaisir et cette compatibilité entre nous, je ne peux m'empêcher de sourire en me mordillant la lèvre.

Je finis par me lever et par remettre ma nuisette qui, dans la bataille, a glissé au sol. J'enfile un peignoir par-dessus et descends, au rez-de-chaussée, pieds nus. Je me demande vaguement si Eric sera contrarié que j'aie dormi autant, s'il n'avait pas des projets pour le week-end que j'aurais perturbé avec mon sommeil de plomb... 

En arrivant dans la cuisine, je découvre un spectaculaire bouquet de roses roses, de pivoines et de lys. Je le reconnais tout de suite, c'est le même que celui qu'Eric m'avait offert avant notre premier rendez-vous. La table est recouverte de pain, de fruits, de viennoiseries et de fromage. Eric s'affaire aux fourneaux et je le vois faire glisser une omelette dans une assiette. Il se retourne alors que je m'approche de l'énorme bouquet.

— C'est quoi tout ça ? demandé-je du bout des lèvres.

— C'est pour toi, déclare-t-il, visiblement de bonne humeur.

En une enjambée, il est à ma hauteur et dépose un chaste baiser sur mes lèvres.

— Omelette ?

Il brandit l'assiette sous mon nez et je pouffe. Ça me plait de le voir si détendu et je remarque qu'il parait beaucoup plus jeune.

— Eric ! m'exclamé-je. À quoi ça rime tout... ça !

Je désigne vaguement l'amoncellement de nourriture et les fleurs qui se trouvent sur la table. Son regard sombre et intense se pose sur moi et me fait frissonner.

— C'est pour te remercier pour... cette nuit.

Je sens mes joues s'empourprer en repensant à nos ébats fiévreux.

— C'est... c'est ridicule, balbutié-je, embarrassée. Tu ne vas pas m'offrir des fleurs à chaque fois qu'on fait l'amour...

— Peut-être pas. Mais ce matin, j'avais envie de te faire plaisir.

Il m'adresse un sourire en coin et je me laisse tomber sur l'une des chaises en osier. Eric me serre une tasse de café et j'y trempe immédiatement mes lèvres, tout en admirant le somptueux bouquet.

— Les fleuristes doivent t'adorer... constaté-je tout en reposant ma tasse.

— C'est vrai, rit-il en s'asseyant à côté de moi. Mais ma tante Agatha m'a bien éduqué, et elle m'a toujours répété que les femmes aimaient les fleurs.

Je considère le bouquet démesuré qui occupe la moitié de la table.

— C'est un peu cliché, mais c'est vrai, avoué-je.

Je ponctue ces paroles en attrapant un croissant que je trempe dans mon café. À côté de moi, Eric me dévore du regard. J'ai l'impression qu'il épie le moindre de mes faits et gestes.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demandé-je en souriant.

— Pour rien, fait-il, énigmatique. Prends ton temps pour déjeuner, j'ai prévu quelque chose pour cette après-midi.

— Quoi ?

— Il y a une chose que je voudrais te montrer.

— Ah...

À toi, corps et âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant