Chapitre 6

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22h 45 

Le train s'arrêtait lentement, signifiant que nous étions de retour à Tokyo. 

Tout le monde se levait, tandis que je prenais mon temps. 

Alors que je passais dans l'allée pour sortir je voyais Karma encore assis, les yeux fermer et une jambe repliée appuyée sur la table. 

Je passais ma main devant son visage et n'obtint aucune réaction. 

"Il dort ?" pensais-je. 

Je le secouais alors doucement, cherchant à le réveiller. Aucun mouvement ne se fit percevoir, me poussant à mettre un peu plus de force et à l'appeler tout bas. 

Pressée de sortir, je posais ma main froide sur sa nuque, le faisant sursauter. 

-"Enfin, j'étais prête à commander un cercueil. Aller debout." Soupirais-je 

Je me décalais pour libérer l'espace de sortie, et l'attendis. Lorsqu'il fut levé, je me dirigeais vers l'extérieur. 

-"Et voila les deux derniers." Exclama M. Koro. "Qu'est-ce qui vous a prit autant de temps ?

-"Karma, s'est endor-" Commençais-je avant d'être coupé par le concerné.

-"Je l'ai embêté dans l'allée, rien d'anormal." Sa voix était plus forte que la mienne.

-"Oh, je vois. Tant pis..." Pleura notre professeur.

Il faisait nuit noire, je ne vois pas trois mètres plus loin que le bout de mon nez. Ce qui était encore plus dérangeant était que le train que je prenais pour rentrer chez moi depuis le centre ville de Tokyo ne passait plus à cette heure tardive. Mon paternel dormait et il était hors de question que je demande à M. Koro de me déposer chez moi.

J'allais donc devoir rentrer à pieds, seule, à presque 23h.

Je saluais Hayami et Chiba de la main en sortant de la gare. Je m'engouffrais dans le noir de la ville lorsque mon poignet fut vivement saisit. Ce geste brusque m'arracha un léger cri de surprise et de peur. 

-"Omamori ?" Demanda une voix familière qui me fit ouvrir les yeux l'un après l'autre.

Mon regard se posait sur Karma, sa main enroulait mon poignet tandis que mon rythme cardiaque se calmait petit à petit.

-"Je te raccompagne." Ordonna-t-il, en fronçant les sourcils.

-"Hé ? Non. Je n'habite pas à côté, je ne veux pas que tu me raccompagnes." Fis-je fermement.

-"Je ne te demandais pas ton avis. Je ne vais pas te laisser rentrer seule en plein milieu de la nuit. Il pourrait t'arriver n'importe quoi."

-"Karma. Je ne veux pas que TU me raccompagnes. C'est ce détail que tu n'assimiles pas. Ce n'est pas parce qu'on discute quelques fois au collège qu'on est amis ou proche." Mes paroles semblèrent lui faire un choque.

Ses yeux étaient écarquillés et son sourire habituel était tombé en une fraction de seconde. Sa prise sur mon poignet se fit plus forte et sa mâchoire se contracta. 

-"Omamori. Tu as deux choix, soit je te raccompagne jusque devant chez toi, soit tu viens chez moi. A toi de voir, mais je ne te laisse pas seule la nuit. Hors de question." Il était énervé, ça se voyait à mille mile. 

Et je me détestais de m'être pliée à son ordre. 

 Dans un silence de mort, nous marchions côte à côte. Je n'osais pas parler absorbée par mes pensées qui m'insultaient de l'avoir écouté sans même résister, mais c'était plus fort que moi. Karma avait ses mains dans ses poches, ses muscles s'étaient détendus depuis peu, et son regard était braqué devant lui. 

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