La tête baissée je regardais par la fenêtre du train. Karma était derrière moi adossé contre un siège.
Une secousse me fit perdre l'équilibre. Karma posa sa main sur mon ventre pour me retenir. Sa main appuya sur mes hématomes, laissant passer un petit cris de douleur.
Il l'entendit et me fit pivoter vers lui.
-"Comme ça, je ne te ferais aucun mal."
Le train s'arrêta, et Karma me tira par la main à l'extérieur. Sur le quai, je me recroquevillais sur moi-même, à cause de la douleur.
Il me regarda de moi, avant de s'abaisser à ma hauteur. Il approcha sa main avant de murmurer : "Je peux ?"
J'acquiesçais lentement. Je ne me doutais vraiment pas de son geste.
Je sentis ses bras envelopper mon corps tremblant. Un de ses bras se posa derrière mon dos et l'autre sous mes genoux. Il me souleva du sol, en empoignant mon sac.
Mon visage tourna rouge, et ma prise sur son bras se fit plus forte. Je nichais ma tête dans son épaule pour me cacher du regard des passants.
Karma bougea son bras, et un tintillement me fit comprendre qu'il sortait ses clefs. Il déverrouilla la porte et la poussa d'un coups de pieds. Il entra et me posa sur le bord d'un lit.
Je le regardais incrédule. Je le vis sourire et retirer sa veste.
-"Je pensais pas que ça allait aller si vite entre nous." Fis-je sarcastiquement.
Karma leva les yeux au ciel avant de retirer sa veste et remonter ses manches.
-"Suis-moi, je vais m'occuper de ça." Il se retourna vers son armoire et sortit un haut.
-"T'occuper de quoi ?" Il pointa mon buste du doigt, me faisant baisser le regard et voir que ma blessure s'était ouverte et qu'une tache rouge ornait à présent ma chemise blanche.
-"Merde."Jurais-je en enleva mon gilet et mes chaussures.
Je me levais à mon tour en ignorant ma plaie béante. Mes pieds entrèrent en contact avec le carrelage froid, provoquant un frisson le long de mes bras. Karma ria à ma réaction me faisant lever les yeux au ciel, tout en le suivant dans la salle de bain.
Il glissa ses bras sur ma taille et me posa sur le bord du lavabo. Il ouvrit un placard et sortit une trousse de secours.
Pendant qu'il sortait il allait avoir besoin, je déboutonnais ma chemise. Je la plia et la posa à côté de mes cuisses. Le haut de ma poitrine était maintenant visible, et pourtant, je ne me sentais pas en danger.
Karma me regarda dans les yeux comme pour me demander mon accord.
Je lui accordais et il fit descendre son regard sur ma plaie. Il essuya le sang qui avait coulé sur mon ventre me faisant légèrement rire.
Mon rire le fit sourire, et mon regard devint bien plus doux.
L'ambiance doux se transforma en oppressante lorsque Karma s'accroupit face à moi. Sa tête en face de mon bassin, et les yeux levés vers mes yeux.
-"C'est jouissif de te voir à genoux face à moi."
-"Je me soumettrais autant de fois qu'il faudra pour te voir sourire comme ça."
Mon souffle se coupa face à ses mots.
Ses mains froides se posèrent sur ma peau me faisant sursauter. Il s'esclaffa en jetant la tête en arrière. Il se calma et termina de poser un morceau scotch médicinal.
Karma se releva, et me lança le haut qu'il avait pris précédemment dans son armoire à la tête.
Il sortit de la pièce me laissant enfiler le T-shirt noir, son haut m'arrivait à la naissance des cuisses. J'en profita pour enlever ma jupe sous laquelle se trouvait un short, noir également.
Lorsque je sortis de la salle de bain je rejoignis la chambre dans laquelle il m'avait posée quand nous sommes arrivée.
Karma était entrain de se changer devant son armoire. Il ne portait qu'un pantalon. Sa tête se tourna vers moi et ses lèvres s'étirèrent en un sourire malicieux. Son regard détailla tout mon corps avant de venir se planter dans mes pupilles.
Je lui fis un clin d'œil et sortis le laissant terminer de se changer.
Je marchais tranquillement, découvrant un peu sa maison. La porte d'entrée donnait directement sur le salon. Un grand canapé en cuir marron foncé résidait dans le sens de l'entrée face à un écran géant accroché au mur, une table basse en bois avec un plateau en verre était installée devant le canapé. Un grand escalier, montait au milieu de la pièce, son bois massif attirait l'œil, il était majestueux et sculpté.
Derrière l'escalier et sous le couloir sur lequel il menait, se trouvait la cuisine. Habillée d'un grand îlot central, sous lequel des tabourets hauts étaient rangés. Les meubles de cuisines étaient tous noirs, le plan de travail était en marbre beige et les poignées étaient dorées. Deux baies vitrées donnaient sur le jardin qui offrait une magnifique vue sur le parc adjacent à la rue. Un petit escalier résidait aussi à côté du salon ouvert, qui donnait accès à la chambre de Karma, la salle de bains et une chambre.
Alors que je m'apprêtais à monter le grand escalier, la voix de Karma se fit entendre.
-"Je te déconseille de monter. C'est les appartements de mes parents, même moi je n'ai pas le trop le droit de monter."
Je descendis les trois marches que j'avais monté et posais mon regard sur Karma qui portait maintenant un jogging noir et un t-shirt bordeaux.
-"Tes parents rentrent à quelle heure ?" Demandais-je, en le rejoignant tandis que son corps se crispait.
-"Ils ne rentrent pas."
Son regard tomba sur mes cuisses où de nombreux hématomes résidaient. Ses pupilles exprimait à la fois de la tristesse, de la déception et de la rage.
Ses bras étaient collés à l'îlot de la cuisine. Un seul petit mètre nous séparait. Karma attrapa ma main et m'attira à lui. Il posa ses mains au dessus de mes hanches et me posa sur l'îlot avant de se positionner entre mes jambes.
-"Omamori. Tu veux bien m'expliquer ?" J'écarquillais les yeux. "Pourquoi ton père était devant le collège entrain de crier et que le proviseur l'a empêchée de t'approcher ? Pourquoi tu as autant des blessures ? Tu es battue, n'est-ce pas ? Je veux juste comprendre. S'il te plait, je veux t'aider." Ses yeux étaient plantés dans les miens, mes larmes montaient.
-"Mon paternel n'est pas méchant." Ses sourcils se froncèrent. "Il est juste malade. Il est bipolaire. Peu après ma naissance, ma mère est décédée trop affaiblie par l'accouchement. Mon père était dévasté. Il a développé un trouble dissociatif de l'identité et a fait une dépression. Il n'a pas soigné depuis. Ses personnalités sont totalement opposées. L'une me considère comme l'être le précieux du monde et l'autre comme une immondice de ce monde." Les larmes dévalaient silencieusement sur mes joues. "Il m'aime. Mais je ne sais jamais quand."
Karma passa ses bras autour de moi et m'attira vers lui. Il me serra dans ses bras, déclenchant des sanglots incontrôlables.
-"Si tu attends que les autres t'aime pour t'aimer, tu attendras longtemps."
Sa phrase déverrouilla une serrure. C'était comme si je me réveillais d'un long sommeil. Que je sortais d'une prison de glace. J'entourais son cou de mes bras et nichais ma tête de la creux de sa nuque.
-"J'ai tellement peur de lui. Et ça me tue petit à petit." Pleurais-je, le souffle saccadé.
Je resserrais ma prise autour de lui. Je me sentais en sécurité, dans ses bras. Il me tenait comme si j'étais l'être le plus précieux du monde.
-"Je ne te lâcherais pas Omamori. Repose toi sur moi."
Mes sens s'engourdirent petit à petit. Je n'arrivais plus à l'entendre. Mon corps devint lourd et mes paupières se fermèrent d'elles-même.
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Méphistophélique
Hayran Kurgu"Never trust a survivor until you find out what they did to stay alive"