Mᴏɴ Sᴀᴜᴠᴇᴜʀ | 𝗘𝗡𝗛𝗬𝗣𝗘𝗡

Chapitre 15

⇣ Byeol-Eun٭

Parler me faisait du bien. Je ne prononçais pas de grandes phrases enrichies en vocabulaire, mais je faisais un effort pour lui. Lui qui m'avait dévoilé beaucoup de point de sa personne. 

L'après-midi était passé à la fois vite, mais aussi lentement. Ce phénomène était étrange, mais le temps se déroulait, comme à son habitude. J'aurais aimé que le temps s'arrête, rien qu'un peu. Mais il allait bien trop vite, il courait après lui-même.

Heeseung partit préparer à manger. Je le suivis, sans aucune motivation apparente. Et je lui dis que je n'avais pas faim. Je m'étais forcée à manger ce midi, et j'étais à la limite de vomir après ma course jusque dans ma chambre. Mais je n'avais rien laissé paraître, et j'avais fait comme si tout allait bien.

Je vis dans son regard naturellement joyeux qu'il n'était pas très serein. Mais il respecta mon choix, je lui en étais reconnaissante sans pour autant le lui montrer. Je restai quand même à ses côté pour ne pas le laisser seul. Je voulais également me cacher à moi-même le fait que je ne me sentais pas bien lorsque j'étais seule...

Je m'assis dans le canapé, les yeux fixés dans le vide. Un poids vint me faire tanguer à droite. Je tournai la tête et vis la seule personne qui pouvait se joindre à moi. Il avait apporté avec lui une bonne odeur qui me faisait saliver avant ce soir fatidique. À cet instant, le pot de nouilles qu'il tenait dans sa main me dégoûtait plus qu'autre chose.

Il me lança un sourire avant d'allumer la télévision et de lancer une de ses probables séries. J'observais les scènes avec une semi attention en jetant des coups d'œil réguliers à mon hôte. Il portait toute son attention sur cette série tout en mangeant ses nouilles qu'il finit rapidement. 

Ce feuilleton était varié en scènes, en contenant de plusieurs sortes. Il passait des éclats de rire aux sanglots à une vitesse que je ne croyais pas possible. Il était apparemment plutôt sensible. Mais il tomba rapidement dans les bras de Morphée qui ne voulait pas de moi.

J'éteignis la télé et me retrouva plongée dans le noir total, sans rien à faire. Je n'avais même plus de téléphone pour pouvoir m'occuper. Je décidai de laisser le temps passer...longtemps...sans bouger. Peut-être était-il tard ? Je n'en savais strictement rien. Cette obscurité me fit simplement penser à la noirceur avec laquelle cette nuit maudite m'avait arraché Jungwon des bras. 

Rien que penser à lui me faisait pleurer. Je pleurai en silence pour ne pas réveiller Heeseung, même si c'était une tâche compliquée. J'étais seule, et plus seule que jamais. Je ne méritais pas le sang qui coulait dans mes veines, je n'avais pas réussi à sauver mon copain... 

Je me levai, doucement, silencieusement. Je m'en allai dans la cuisine à pas de loup. Je cherchai dans chaque tiroir, chaque placard. Je trouvai mon bonheur dans le tiroir des couverts. Je sortis l'arme du crime, avec un sourire malsain ancré sur mon visage. Ma seule source de bonheur résidait dans mon chemin pour rejoindre mon bien aimé. Je n'avais que cette unique solution.

La pointe bien aiguisée d'un couteau rentra dans ma chair. Mon bras souffrait fortement, mais cette douleur se transformait en un plaisir intense au fur et à mesure de l'entaille que je m'infligeais. Mais sous une pression qui augmentait la taille de cette ouverture sur mon muscle, un silence bien trop étrange venait m'étouffer de part et d'autre, m'obligeant à accélérer la vitesse de ce bout de métal tranchant ma seule source de vie à l'intérieur de mon être. 

— Qu'est-ce tu fais ?