Ethan ne regrettait rien. Rien du tout. Bon, c'était plus facile à dire qu'à faire, assurément, mais il était chaque soir plus certain d'avoir trouvé la voie qu'il souhaitait suivre. Les preuves se succédaient à chaque représentation, tandis qu'il restait camouflé derrière les lourds rideaux de velours.
Le corset déchiré de Tanguy, deux semaines plus tôt, n'était plus qu'un évènement comme un autre, voire ridicule comparé à ce qui arrivait parfois dans l'arrière-scène du Manoir.
A sa ceinture, Ethan avait accroché de petites sacoches dans lesquelles il traînait tout son nécessaire, voguant d'artiste en artiste pour vérifier les tenues, les accroches, ou encore les coutures qui avaient souffert à l'habillage. Et tant, tant d'autres choses qui le faisaient courir dans tous les sens durant les interminables soirées du Manoir Pourpre.
Pourtant, il n'aurait échangé sa place avec personne.
— En scène !
Nerveux et prêt à gravir la dernière marche menant à la scène, Tanguy de Gauvet se tenait debout et frôlait les rideau du bout des doigts, comme s'il vérifiait le public. Haut perché sur ses immenses talons, il donnait l'impression que ses fines chevilles pouvaient se briser à tout instant. L'élégance de son personnage, Tanya, évinçait tout ce qu'Ethan avait pu imaginer avant de se rendre dans les coulisses. Il n'y avait pas que Tanguy, d'ailleurs. Un peu plus loin, Éric Beausoleil était penché aussi près que possible sur le miroir de sa coiffeuse, prodiguant à son visage les dernières touches de maquillage. Ses longs cheveux roux brillaient à cause des laques pailletées. Un corset étroit redessinait son corps, une multitude de petites pierres brillant sur les tissus. Il était éblouissant. Ce soir, les deux hommes se produisaient ensemble dans une nouvelle routine.
Ils étaient captivants.
Lorsque Beausoleil quitta enfin son poste de maquillage, Ethan retint presque son souffle. Il ne se lasserait jamais d'admirer le travail effectué, le visage entièrement travaillé à coup de pinceaux, les nuances qui le redessinaient en délicatesse et pourtant de façon suffisamment appuyée pour que ce soit visible loin de la scène, avec le jeu des lumières qui les agresserait. Avec ses longs cheveux blonds qui cascadaient le longs de ses épaules dénudées, Tanguy n'était pas en reste.
— J'ai les pieds en compote d'hier, gémit Beausoleil.
Sa voix grave brisa l'image et Ethan cligna des yeux tandis que le rire de Tanguy résonnait dans les coulisses.
— Dans cinq minutes, tu oublieras ta douleur, crois-moi.
— Tortionnaire.
— T'adores ça.
Ethan était parfaitement au courant que le danseur roux avait une relation avec l'un des videurs du Manoir, mais la proximité entre tous les artistes le rendait parfois dingue, et il était capable de voir des sous-entendus là où il n'y en avait pas la moindre parcelle. C'était un monde à part entière.
Et il avait la chance d'y participer.
Sur scène, la musique vrombissait, le chant s'élevait et leur revenait d'une curieuse façon. C'était quelque chose qui le rendait curieux, ça aussi. La scène. Le public qui vous dévisageait, dans l'attente. L'attente du spectacle, l'attente de vous. Comment était-ce, au juste ? Il savait que selon les artistes et leur spécialité, certaines parties du spectacle était un pur montage, notamment le chant. Tout le monde n'avait pas la voix de Tanguy. Tout le monde ne dansait pas comme Beausoleil. Tout le monde n'était pas capable d'aligner deux pas sur des échasses. Tout le monde n'avait pas un sex apeal comme Vladira, qui descendait justement de scène, le rideau se refermant sur sa grâcieuse silhouette. D'un mouvement fluide et anticipé, Aaron fit glisser une chaise le plus près possible du performer, qui s'y laissa tomber.
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Du fil à l'aiguille [Passion au Manoir Pourpre 3] [édité]
RomancePUBLICATION AMAZON : FÉVRIER 2023 (KINDLE/KU) PREMIERS CHAPITRES - DECOUVERTE EN LIGNE SUR WATTPAD *** COUVERTURE REALISEE PAR L'ARTISTE KILLJOY (Instagram : kill_joy_draws) *** Série : Passion au Manoir Pourpre #3 Résumé (non définitif) : Léonard...