Partie de Rachel - Chapitre 13

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C'est le retour après trois mois de pause !!! Et avec un chapitre clé, lezgongue (si vous vous souvenez pas de tout ce qui est dit dans le carnet : c'est dans le chapitre 3 !!!).



Ce n'est que le soir qu'elle peut rejoindre Athéna à la bibliothèque. La Dame l'attendait : quand elle descend les escaliers, elle se précipite vers elle.

– J'ai tout lu, murmure-t-elle au milieu des marches, la tête levée vers elle, le regard orageux.

Leurs mains se saisissent d'elles-même.

– Comment vous sentez-vous ?

– Terrifiée et furieuse. Je pensais que... J'ai pensé tellement tellement longtemps que je n'étais pas normale et que toutes les autres Dames s'étaient conformées à leur rôle avec une facilité inouïe, et je vous rencontre vous, et maintenant il y a cette autre Dame qui ne le supportait pas. Toutes celles avec qui j'ai été en contact d'une manière ou d'une autre souffrent de leur statut. Combien d'autres témoignages sont tombés dans l'oubli. Combien d'autres femmes n'ont pas pu écrire leur douleur. Ils nous effacent sciemment, une à une, nous ne servons qu'à donner naissance et nous tombons dans l'oubli. Ils veulent que nous ignorons tout de nous même. Bien sûr qu'ils le veulent. Bien sûr qu'ils nous empêchent de savoir. Si nous savions nous voudrions tout détruire. Si nous savions tout ce qu'ils nous font, et tout ce qu'ils nous ont fait, et tout ce qu'ils nous feront. C'est par l'ignorance qu'ils peuvent perpétuer ce cycle de violence. Quand je mourrai je sombrerai dans l'oubli et la prochaine fille qui sera envoyée ici sans aucun souvenir se posera les mêmes questions que moi, et que vous, et que l'autre Rachel. Et elle ne trouvera aucune réponse. Et je ne pourrai pas l'aider, lui laisser quelque chose. Je ne pourrai même pas la protéger. Je hais les Rois.

Elle s'apprête à descendre, fait volte-face.

– Ils nous font croire que nous sommes faibles alors que nous sommes les plus puissantes.

Dans ses yeux quelque chose brille, comme si la pluie y avait éclaté.

– J'ai senti quelque chose la première fois que je suis entrée dans le sanctuaire. Je ne sais pas si c'était par simple émotion. Mais plus tard, mes blessures avaient guéri. Toutes. Ça vous est déjà arrivé ?

Elle dévisage Athéna, le souffle coupé. C'est la plus belle question qu'on lui ait jamais posée.

– Jamais. Jamais, c'est extraordinaire.Vous êtes sûre ?

– Certaine.

– Alors vous avez développé la même magie que Célia ?

– Je ne pense pas.

– Mais c'est surnaturel. C'est forcément ça.

– Je ne sens rien de plus. Il n'y a eu que cette guérison et rien d'autre. Peut-être est-ce tout ce qu'il reste de cette magie, peut-être que ce n'est plus possible. Peut-être qu'ils nous en ont tellement coupées que nous ne pouvons plus. Ils ont réussi à nous atrophier. À nous amputer de notre force. Ils ont réussi. Célia...

Sa voix sombre, puis revient :

– Célia était peut-être la dernière.

Athéna est au bord des larmes.

– Est-ce que ça vous ferait du bien de vous rendre sur sa tombe ?

– Elle a été enterrée ?

– Elle restait fille de Roi. Elle est enterrée avec eux.

– J'aimerais beaucoup. Mais pas tout de suite. Je ne peux pas.

Les ReinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant