Partie de Rachel - Chapitre 15

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Chapitre très court mais lezgongue.


Elles passent la journée entière à errer dans les collines désertes. Elles croisent quelques animaux sauvages, et pas un seul humain. Le ciel ne se découvre pas de toute la journée. Pourtant, il ne pleut pas non plus. Au fur et à mesure que leurs espoirs de trouver quelque chose s'amenuisent, l'atmosphère s'alourdit. Elles parlent moins. Il vaut mieux qu'elles restent sur leurs gardes.

Au coucher du soleil, elles grimpent au sommet d'une grande colline pour admirer la vue. Les chevaux peinent à y parvenir, épuisés par la longue journée, et elles doivent descendre de leur dos pour les mener tout en haut de la butte. Elles y arrivent essoufflées.

– C'est sublime, laisse échapper Athéna.

Le paysage la happe. Le soleil est fendu en deux par l'horizon. Sa lumière cuivrée se répand dans les hautes herbes, et chaque rayon les allume de reflets enflammés. C'est comme un paisible incendie qui se répand dans les collines. Tout est presque vide. Elles n'aperçoivent plus les châteaux derrière elle. Il n'y a aucun village à l'horizon. Seule une immense structure se dresse à leur gauche. Elles sont encore trop loin pour la discerner tout à fait – mais ce sont sûrement les remparts. La lumière teinte leur peau de lueurs orangées. Les yeux d'Athéna ont une couleur nouvelle, et toutes ses taches de rousseur flamboient, et ses boucles les plus longues volettent sur sa nuque. Elle paraît plus déterminée que jamais. Rachel, en voyant les remparts se dessiner de plus en plus hauts et glaciaux sur l'horizon, sent monter en elle une certaine appréhension. Elle n'a pas l'habitude, mais elle ignore tout à fait à quoi s'attendre.


Ce qu'elles prenaient pour une construction imposante, est en fait assez modeste. Ce sont moins des remparts qu'une vertigineuse mais fine palissade de béton. Elles arrivent d'abord près d'un mur totalement nu, et décident de continuer à pied pour ne pas fatiguer leurs montures. Elles longent le mur pendant une dizaine de minutes avant de trouver une porte. Elle est faite d'acier, haute de trois mètres et large de trois. Elle n'est pas gardée. Il n'y a aucun verrou. Athéna échange un regard avec Rachel. Elle s'avance prudemment, approche sa main de l'un des battants, et l'effleure. Quand elle constate que ce contact ne déclenche rien de dangereux, elle appuie plus fort. La porte ne bouge pas d'un centimètre. Rachel laisse échapper un rire nerveux. Il fallait au moins essayer. Elle rejoint Athéna et examine la porte. Elle remarque à côté une sorte de cadre, comportant douze touches – l'une inscrite d'une coche verte, une autre d'une croix rouge, et les dernières inscrites chacune d'un chiffre différent. Elles sont surmontées par un cadre encore plus petit, et pas en métal. Elle le désigne à Athéna :

– Vous pensez que c'est ce dont l'autre Rachel parle ?

La Dame fronce les sourcils.

– J'imagine. Je n'ai jamais vu ça avant.

Elle se sent dépassée. Elle pensait, vu l'ancienneté du carnet, qu'elle connaîtrait la technologie dont parlait Rachel. Cependant, ça lui est parfaitement inconnu. Elle appuie sur la touche portant le numéro quatre. Aussitôt, il s'inscrit sur l'écran, en traits scintillants.

– Qu'est-ce que vous avez fait ?

– Je ne sais pas ! On dirait... On dirait que ça fonctionne à l'électricité. Ça ne m'étonnerait pas. La lumière, on dirait celle au château des Piques.

Elle dévisage Athéna, surprise.

– L'électricité ?

– Vous ne savez pas ce que c'est ?

– J'ai lu que ça avait existé. Mais je ne l'ai pas vu en pratique, je ne savais pas que c'était possible aujourd'hui. Avant, ils la produisaient dans des usines immenses, nous n'avons pas ces moyens.

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