Partie de Rachel - Chapitre 10

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[TW description de blessures physiques] [TW mention de torture]



Cette Bataille pourrait tout faire basculer. Si son plan ne se déroule pas comme prévu, si elle manque de chance, elle perdra l'appui des soldats. Elle serait vite évincée alors. Elle ne peut laisser cela se produire – pour elle, pour Athéna. Elle cache son appréhension du mieux qu'elle peut. Sa couronne lui manque un peu, l'impression de puissance qui l'habitait quand elle la portait surtout. Elle s'y fera.

Athéna est montée derrière elle pour la rencontre les Rois. Comme avant, Carl a insisté pour venir à sa place, défendant le fait qu'elle paraîtrait plus crédible aux yeux des souverains si elle se présentait avec un homme. Elle a refusé. Parce qu'elle n'apprécie pas sa présence, et parce qu'Athéna a envie de voir César. Elle évite de le dire mais Rachel le sent. Elles ont toutes les deux étrangement hâte de retrouver le Roi. De le voir enchaîné contusionné annihilé. Ce n'est pas encore la vengeance dont elles rêvent, mais ça s'en approchera.


César se tient prostré aux pieds du Roi de Pique. Rachel ignore si elle est horrifiée ou réjouie – sûrement les deux. Le visage de César, même tuméfié, ne peut lui rappeler que de mauvais souvenirs. Il reste immobile, la tête baissée. Rachel le scrute. Il porte des vêtements en lambeaux, il est écorché et brûlé de partout. Même ses grosses et hideuses mains sont rougies et tordues. Il n'émane plus de lui l'aura terrorisante qui la pétrifiait. Il n'a gardé aucune trace de la force qu'il avait, de la peur qu'il inspirait. Il n'est plus rien. Et elle est tout. Elle retient un sourire. Tout ce qu'il lui a fait subir depuis ses treize ans il ne pourrait plus le lui faire maintenant. C'est si rassurant, si apaisant. Elle est puissante et lui non. Elle a attendu toute sa vie ce moment. Un jour viendra où il sera à terre à cause d'elle, et blessé à cause d'elle, et où elle lui rendra ce qu'il lui a infligé. Mais ce matin, ça lui suffit amplement. Elle croise par inadvertance le regard d'Athéna, qui l'observait. Elles échangent un imperceptible sourire. Elles ont un peu gagné.


En regardant Athéna partir au combat elle a un pincement au cœur. Elle salue la Dame, qui s'éloigne le long des rails. Elle espère que les Cœurs n'auront pas eu l'idée d'envoyer quelqu'un d'autre que Hector. Elle a besoin de lui à ses côtés. Elle commence à imaginer les pires tournures que pourraient prendre les choses, et c'est seulement le cri du tambour qui, en achevant le combat, disperse ses pensées étouffantes. Elle patiente, pendant de longues minutes, scrutant l'horizon. Son corps entier est occupé à guetter, elle en oublie de respirer. Lorsqu'elle voit apparaître quatre petites silhouettes au détour d'une ruine, son cœur bondit dans sa poitrine. Elle reconnaîtrait celle de Hector entre mille. Ils sont là. Ils sont tous là. Ils approchent lentement, elle se met à courir vers eux. Elle a trop attendu déjà. Hector lui ouvre ses bras. Elle le serre contre elle avec force. Il lui rend faiblement son étreinte.

– Je suis tellement heureux d'être de retour, murmure-t-il.

– Bienvenue chez vous.

Il s'écarte d'elle, et elle peut le regarder. Il est blessé – mais rien qu'elle ne pourra soigner. Il a l'air épuisé surtout. Elle lui sourit, et se tourne vers Athéna. La Dame les regarde avec douceur. Rachel n'hésite qu'une seule seconde avant de prendre ses mains dans les siennes.

– Merci. Merci infiniment.

Athéna bégaie qu'elle n'a fait que suivre ses instructions. Elles échangent un regard confus et amusé à la fois. Rachel fait un pas en arrière pour admirer cette vision digne d'un rêve : Hector de retour, Athéna près d'elle, et pas un Roi à l'horizon.

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