Chapitre 10

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 La sénatrice Organa avait beau prétendre autrement, l'absence des deux hommes de sa vie la perturbait énormément. Mais elle avait l'habitude de prendre sur elle. Elle l'avait toujours fait. Que cela lui soit bénéfique ou non, c'était tout simplement trop profondément ancré en elle pour songer à agir autrement, ne serait-ce qu'un instant. Son travail lui accaparait l'esprit, mais ce n'était parfois pas suffisant. Les retombées de l'apparition de l'Aube Rouge avaient enlisé le Sénat dans des démarches et débats sans fin, plus inutiles les uns que les autres. Dans cette optique, elle avait choisi de limiter sa présence à la Grande Rotonde. D'une part, parce que cela n'avait presque plus de sens à l'heure actuelle. Mais c'était également l'occasion de rester aux côtés de sa nièce. Avec l'absence d'une mère, Alana avait toujours pu compter sur la présence de Leia, en toute circonstance. Et depuis quelques jours, la jeune femme avait terriblement besoin de cette présence.

— Déjà debout ? s'étonna Leia.

— Pas moyen de trouver le sommeil, répondit simplement Alana. J'ai préféré venir ici.

La jeune femme se trouvait debout, face à la baie vitrée donnant sur la cour de la propriété Organa. Le soleil commençant à peine de se lever, elle se retourna vers sa tante.

— Je t'ai réveillé ? Je pensais avoir été assez discrète...

 — Ne t'en fait pas, moi aussi j'ai du mal à bien dormir, seule dans mon lit.

 — Je vois, comprit la jeune femme, repensant à la situation de sa tante. Je me demande comment tu tiens le coup...

 — On ne s'y habitue pas, même après tant d'années. Mais on arrive à mieux le gérer. C'est plutôt pour toi que je me fais du souci, ma petite.

 — J'essaie encore de digérer tout ça. Je préférais encore quand ma tante poussait pour essayer de me caser...

 La jeune femme lâcha cette allusion sans arrière pensée, sans vraiment savoir pourquoi. Tout simplement pour faire référence à une période où elle n'avait pas vécu ce traumatisme récent... Leia avait donc été démasquée. Non pas qu'elle avait élaboré le plus indéchiffrable des stratagèmes...

 — Tu as fini par le deviner...

 — Je l'avais compris le jour même.

 — J'essayais de bien faire. Tu sais...

 — Laisse, ce n'est rien tante Leia, fit sincèrement Alana. Je ne cherchais pas à te reprocher quoique ce soit...

 Un moment de silence passa. La baie vitrée était entre-ouverte, ce qui permettait de sentir une légère brise matinale rafraichissante, accompagnée de petits bruits venant des animaux passant dans la cour, menant tranquillement leur vie. C'était la première fois depuis qu'Alana était partie de New Alderaan qu'elle retrouvait une telle sensation, celle d'être loin de l'agitation de la ville. Mais ce n'était qu'éphémère. Ces sensations étaient vite balayées par des préoccupations plus concrètes. Celles qui l'empêchaient de trouver un sommeil réparateur. Les Jedi étaient en mesure de se passer de sommeil, la méditation pendant une heure ou deux par jour pouvant s'y substituer. Mais puiser dans la Force dans ce but ne remplacerai jamais le vrai sommeil. Cela faisait trois jours qu'Alana ne le trouvait plus. Depuis ce fameux jour.


*****


 Il s'agissait du lendemain de la visite de Crail au domaine Organa. Après une matinée plutôt calme, où les salutations de l'agent avec la jeune Jedi avaient été le moment le plus gênant, ils avaient été appelés pour une intervention somme toute classique. Ils n'avaient pas encore reçu leur affectation, et Crail n'était pas du genre à se tourner les pouces, ni détourner son attention lors d'un signalement pour violences conjugales. C'était également un bon moyen de passer à autre chose, car il voyait bien que la jeune femme avait l'esprit préoccupé en sa présence. Sauf qu'une fois sur place, ils étaient loin de s'imaginer tomber sur pareil carnage. Ils étaient les premiers arrivés sur place, l'appel avait été passé par des voisins qui avaient entendus de nombreux cris. Ils s'étaient précipités dans l'appartement, et ce fut une scène terrible à laquelle ils durent assister. L'appartement était assez spacieux, et était certainement très accueillant. Mais ce n'était clairement plus le cas. Des trainées de sang jonchaient le sol, d'autres projections sur les murs. Plusieurs personnes au sol. Un ithorien plutôt grand au teint grisâtre, et deux twi'lek de l'autre côté de la pièce. Le premier réflexe de la jeune femme avait été de se précipiter à leur secours. Elle s'arrêta brusquement, voyant que la twi'lek qu'elle voulait aider avait ses membres inférieurs séparés de son corps. Elle se figea, et sursauta quand elle entendit une voix crier.

Épisode 7 - Un Retour AttenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant