Chapitre 4

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Cette blague ne le fait par rire, et pour être honnête, je ne sais pas si je plaisantais ou non.

Il me reprend par le bras et me fait sortir de la voiture, je ne sais pas du tout où je suis, nous rentrons dans un grand immeuble que nous traversons en entier, nous sortons par une porte arrière et rentrons dans un autre immeuble derrière le premier ou une jeune fille habillée en infirmière nous ouvre une petite porte.

— Evan, comment vas-tu ?
— Bien merci, peux-tu l'ausculter pour moi s'il te plaît.
— Qu'est-ce que je ne ferai pas pour toi.

Je regarde Evan sans comprendre, il m'a emmené dans un hôpital clandestin pour me faire ausculter par une infirmière louche.
Nous parcourons plusieurs couloirs et enfin, nous rentrons dans ce qui ressemble réellement à un hôpital.

— Rentrez là, j'arrive tout de suite, tu peux te déshabiller ma belle.
— C'est une blague là ? Ou bien, tu m'as drogué dans la voiture et je plane totalement.
— Déshabille-toi.

Je pense un instant à partir, mais au vu de son acharnement pour me faire entrer ici, je reste immobile.

— Alors, qu'est-ce que nous avons là, plutôt jolie.

L'infirmière me regarde de haut en bas en souriant, elle aussi est plutôt jolie et à l'air surtout plus normal que celui pour qui elle ferai tout apparemment.

— Allez, déshabille toi, ce sera plus simple pour tout le monde, si Evan a décidé quelque chose, c'est un peu dur de le faire changer d'avis.
— J'ai remarqué.
— Tu veux qu'il sorte pour que tu puisses te déshabiller ?
— Il peut regarder.
— Hmm, elle a du répondant.

L'infirmière rigole et quitte la pièce.
Je retire mon pull et déboutonne ma chemise.
Evan me fixe. Je la retire et défais la tirette de ma jupe. Elle tombe à mes pieds. Je lève les yeux et il observe mon corps, ça ne me déstabilise pas, je ne suis pas de ce genre-là.
Je m'assieds sur le siège patient et je le regarde m'observer. Quand il s'arrête à mon entre-jambe, j'écarte doucement les cuisses.
Il lève enfin la tête et je le défie du regard. Il secoue la tête et toque à la porte. L'infirmière refait son entrée.

— Bien alors montre moi ça. Et ben on ne t'a pas ratée ma belle.

Evan se lève et vient observer mon dos, cette fois si ça me gêne un peu plus.

— On t'a uniquement frappé le dos ?
— Non, t'aurai une serviette humide ou quelque chose comme ça ?

Elle me tend un essuie mouillé et j'essuie le fond de teint de ma jambe.
Evan ne quitte pas l'hématome des yeux.

— Bien camouflé.
— Merci.
— Ce n'est pas joli à voir, je vais t'apporter une crème à mettre tous les jours, plusieurs fois, et des anti-inflammatoire et douleur, ton ventre n'est pas touché, pas de risque de côtes cassées ?
— Non, non, je protège toujours mon ventre, je ne me ferai pas avoir deux fois.

L'infirmière parait aussi horrifiée qu'amusée. J'ai l'impression qu'elle est habituée à ce genre de situation. Elle me tend tout un tas de tubes et de médicaments et griffonne sur un bout de papier à quelle fréquence prendre tout ça.

— Merci.
— Remercie-le plutôt.
— Ça, je n'y compte pas.

Elle rit et nous raccompagne jusqu'à la porte arrière.
Je suis Evan jusqu'à sa voiture en silence.

— Tu comptes me ramener chez moi maintenant ou bien, on passe par le gynécologue avant ?
— Où est-ce que tu vis ?

Je me tais et me rends compte qu'il faut que je lui dise que je vis dans son hôtel. Et merde. Je me lance.

— Pour l'instant chez toi.
— Chez moi ?
— Je suis dans une suite du Langham.
— Je ne t'y ai jamais vu.

Il n'a pas l'air plus surpris que ça et né réplique rien. Ouf. Pendant un instant, il ne dit rien et puis tout d'un coup, il lève la tête vers moi.

— Cet homme, c'est lui qui t'as fait ça ?
— Quel homme ?
— Il y a deux jours, j'étais au bar de l'hôtel.

Je baisse la tête et rougis. C'est probablement mon père qu'il a vu.

— Tu picolais à trois heures du matin dans le bar de ton hôtel ?
— C'était lui.

Quelques minutes passe.

— C'était mon père.
— Il est redescendu trente minutes après.
— Il m'a laissée pour morte devant l'ascenseur, je ne voulais pas le laisser voir ma mère.
— Donne-moi son nom.
— On s'est déjà occupé de ça avec ma mère, on a engagé la planète entière, pas la peine de jouer au chevalier servant.
— Son nom.
— Arrête ça.

Il sert les dents et ne dit plus rien tout le reste du trajet.
Arrivé à un feu rouge, je commence à me repérer et gigote sur mon siège pour regarder par les vitres tintées. Ma jambe frôle la sienne et une décharge parcourt mon dos, je sursaute et quand je lève ma tête vers lui, il me regarde drôlement.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me regardes toujours de cette façon ?

Il secoue la tête et un sourire malsain se dessine sur son visage.

— On est arrivé.

Délivrance, je sors difficilement de la voiture en me sachant observée et il m'emboîte le pas.

— Dans quelle suite es-tu ?
— Si tu crois que je vais te le dire.
— Je le saurai tôt ou tard.
— Et bien, ce sera tard.

Je file à toute allure vers la suite de Luis en espérant qu'il soit là. Je croise Benjamin dans le couloir tout chancelant.

— Bonjour Mademoiselle Lucie.
— Bonjour Benjamin, Luis est là ?

Il hoche la tête et rigole malgré lui comme un amoureux transi.

— Salut meuf, ça n'a pas l'air d'aller ? Qu'est-ce qui s'est passé avec Evan ?

Luis est la seule personne que je connaisse ici, et même si ça fait peu de temps que je le connais, je reste à l'aise à l'idée de tout lui raconter.
Quand j'arrête de parler, il me regarde totalement désemparé.

— C'est quoi cette ordure de connard.
— Oui, je sais enfin, je préférai ne pas en parler ça, je maîtrise le sujet... Mais qu'est-ce que tu penses de la réaction d'Evan ?
— Ben là, je ne sais pas trop, c'est dingue ce que tu me racontes, une chose est sûre, il ne vaut mieux pas que ça n'arrive pas aux oreilles de Karine.
— Elle est si terrible ?
— Elle est pas mal timbrée.
— Ils vont bien ensemble alors.

Luis rigole, mais son regard sur moi reste rempli de pitié.

— Tu ne veux pas aller prendre un verre ?
— Non, j'ai un rendez-vous désolé meuf et toi, tu devrais plutôt prendre tes médocs et récupérer.
— Ok, bon à demain alors salut.

GOLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant