GOLD

Chapitre 25

Après avoir repris mon souffle, je me tourne enfin vers lui, il est allongé les yeux fixés sur le plafond. Ses traits sont tirés et sa respiration est profonde.

— Alors, je dois quitter le pays ?

— Elle n’était pas venue pour toi.

— Tu ne lui as rien dit ?

— Elle sait que nous avons passé ce séjour ensemble.

— Et qu’est-ce qu’elle a dit ?

— Nous avions d’autres choses plus importantes à régler.

— Comme quoi ?

— Rien qui ne te concerne.

Soudain cette impression de n’être bonne qu’à baiser me saute à la gorge alors que je hoche la tête résignée.

Je me dirige vers la salle de bain le laissant seul dans le lit.

— Nous rentrons ce soir.

Je me retourne sur le seuil de la porte.

— Ai-je le choix ?

— Non.

— C’est bien ce qu’il me semblait.

— Quand nous quitterons l’avion, nous ne nous adresserons plus la parole. Toi et Luis, vous aller être affecté à une autre classe.

Sa voie est dure, mais son visage semble se tordre en une grimace indéchiffrable.

— Pourquoi tu fais ça Evan ?

Il secoue la tête en guise de réponse. Pourquoi tu acceptes ça ?

— Je n’ai pas le choix.

— On a toujours le choix.

Je pars prendre une douche, j’enfile un string et un top et ma colère se transforme en tristesse, tout ça va bientôt prendre fin. Je me rapproche du lit où il est assis désormais sur le bord. Maintenant, en face de lui, nous nous plongeons mutuellement dans les yeux de l’autre. Sa tête se pose sur mon ventre alors que mes bras entourent ses épaules.

— Tu peux décider de tout plaquer et de partir.

Sa respiration est de plus en plus forte alors que je sens sa tête se secouer contre mon ventre.

— Evan ?

Dans un geste brusque, je suis basculée vers l’arrière alors qu’il se lève.

— Non Lucie, je n’ai pas le choix, tu ne comprends rien, tu n’es pas dans ma vie, tu ne sais pas ce que tout ça peut engendrer. Ça nous met en danger tous les deux. Ça te met en danger.

— Je comprendrais mieux si tu voulais bien m’expliquer.

— Non, je dois te protéger.

— Mais pourquoi ?

— Laisse-moi ne t’approche pas de moi ça va mal tourner.

Il fait de grandes enjambées à travers toute la chambre et ses épaules se soulèvent à chaque respiration.

— Nous nous recroiserons toujours.

— Nous n’y sommes pas forcés.

— J’habite dans ton hôtel.

— Je peux accélérer la construction de votre maison.

— Non. Nous sommes dans le même lycée.

— Je m’arrangerai pour que nos chemins ne se rencontrent plus.

Ma colère fait trembler ma bouche, je l’observe alors qu’il s’est arrêté et fixe le sol sans bouger. Je m’approche de lui et il lève la tête les yeux écarquillés et rouges.