Chapitre 20

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Des minutes et peut être même une bonne heure passe sans que je ne bouge, je commence à avoir sérieusement, mal aux fesses, mais mon corps reste figé dans cette position inconfortable, essayant de me rappeler à quel moment nous en sommes arrivés là. Je n'entends aucun bruit dans la chambre, je ne sais pas s'il est toujours là, à m'attendre. Je me remémore notre rencontre, totalement surréaliste et annonciatrice du reste de notre relation, plaqué contre une porte avec la tension qui monte entre nos deux corps. C'est une situation qui s'est répétée à plusieurs reprises finalement. Mais aujourd'hui je ne sais plus où on en est, on ne faisait que s'amuser avec ce je ne sais quoi de plus que je n'arrive pas à définir, aujourd'hui il en sait trop sur moi et sur mon père, il en sait même plus que ce que je ne sais moi-même et il s'en sert pour assouvir son éternel besoin de me contrôler. Je déteste ça, je n'arrive pas à passer au-dessus. Un traceur dans un téléphone, c'est un truc de psychopathe, un truc d'Evan. Un timide frappement à la porte me fait sursauter.

— Viens manger, il faut qu'on parle.

— Je n'ai rien à te dire.

Il marque un silence et rassemble sans nul doute tous ses efforts pour adoucir sa voix.

— S'il te plaît.

Je le déteste de me faire cet effet.

Je me lève difficilement, mes jambes sont toutes engourdies, ma main se pose sur la poignée et je déverrouille le verrou, la porte s'ouvre sans que je ne fasse aucun geste, c'est Evan qui l'a ouverte.

— Est-ce que tout va bien ?

Ses traits semblent légèrement tirés.

— On ne peut mieux.

Il fronce les sourcils, mais le sarcasme n'a pas l'air d'être sa tasse de thé.

— Veux-tu aller manger dehors ?

— Il est à peine seize heures Evan.

— Je n'ai qu'un appel à passer et on va manger où on veut.

— Je n'ai pas envie de sortir.

— Je peux appeler le room service.

— Tu vas nous faire une obsession pour la bouffe maintenant ? Tu n'en as pas déjà assez ?

Il me regarde, mais n'a pas l'air de comprendre, c'est le comble. Il ne demande pas plus d'explication et je n'ai pas envie d'en donner de toute façon.

— Que désires-tu manger ?

— Je n'en sais rien et je m'en fou Evan.

— Je vais demander un assortiment.

— Mais qu'est-ce que tu as à la fin ? C'est quoi ce cinéma ? On n'a pas besoin de manger maintenant, tu voulais parler, me voilà, parle, exprime-toi.

Il me regarde droit dans les yeux, mais je ne sais pas si son expression est triste ou simplement dénuée d'émotions humaines.

— Je sais que nous sommes dans cette situation par ma faute et je m'en excuse.

— Cette situation ? Mais quelle situation justement ?

Ses yeux ne quittent pas les miens, nous sommes debout l'un en face de l'autre à un mètre de distance pourtant, je crois sentir déjà la chaleur de son corps m'envahir et j'inspire profondément pour garder la tête sur les épaules.

— On était censé ne plus coucher ensemble, c'est raté, alors que se passe t'il maintenant, tu vas prévenir Karina par courrier recommandé et elle va m'envoyer une armada pour me faire quitter New York à tout jamais ?

GOLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant