Chapitre 4

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Postée sur un banc dans un parc non loin de mon domicile, j'entame le dernier chapitre d'un livre que je ne lâche plus depuis le début de cette mission, et ceci afin de passer le temps.

Aujourd'hui, c'est mon sixième jour d'observation et c'est fou comme en peu de temps, on arrive à apprendre tout un tas de choses sur une personne, en l'occurrence sur ma cible. Une cible que ma confié, ce qui est pour moi mon ange gardien, Azraël.

Malgré le monde qui commence tant bien que mal à se dissiper, j'arrive à garder de la distance entre ce type et moi. J'essaie autant que faire se peut de me tenir à l'écart afin de ne pas me faire prendre à mon propre jeu. Dieu seul sait ce qui pourrait me tomber sur le coin de la tête si je me fais surprendre aussi bêtement.

Car depuis que j'espionne cet homme brun, de plus d'un mètre quatre-vingts à l'allure d'un dandy moderne, j'ai remarqué qu'il avait un tempérament assez impulsif a contrario de sa timidité excessive qu'il tente de surmonter à son boulot en tant qu'ingénieur dans une petite entreprise bien quottée.

- Alors, qu'est-ce que tu en penses ? intervient Azraël dans ma tête, bien qu'étant non loin de moi à m'épier du haut de sa branche dénuée de feuillage.

- Az ! je m'écrie, surprise. Je t'ai déjà demandé de ne pas t'immiscer dans ma tête sans prévenir. Tu m'as fait une peur bleue !

Je reprends mon souffle tout en fixant ce foutu corbeau qui a les yeux rivés sur ma personne. Décidément, Azraël a le chiqué pour arriver à l'improviste et à chaque fois, il me surprend dans un moment où je suis plus que concentrée.

Ce dernier est justement en train de se moquer de moi avec ce satané rire diabolique que je lui connais que trop bien.

Un rire qui en ferait frémir plus d'un.

- Tu ne comptes pas répondre à ma question ? croasse-t-il dans ma tête.

- Non. Pas au milieu de tous ces gens. Tu ne te rends pas compte de ce qu'ils pourraient s'imaginer s'ils me voyaient parler toute seule.

- Il existe bon nombre de moyens technologiques assez discret pour communiquer, ma chère, ricane toujours et encore Azraël, je me trompe ?

- Tu as sans cesse réponse à tout.

- Au lieu de râler, tu aurais pu depuis longtemps répondre à ma question.

Je lui conte donc ce que j'ai appris. Son lieu de résidence qui ne m'a pas vraiment paru essentiel, ses habitudes qui ne sont finalement jamais les mêmes et son entourage qui est quasi nul si on oublie ses fréquentations de boulot.

- Naya, tu me déçois. En une semaine, tu n'as pas avancé dans cette enquête.

- Tu rigoles, j'espère ? Tu préfères que je me jette directement dans la gueule du loup ?

- Si cela est nécessaire...

- C'est de la folie ! je hurle, attirant par la même occasion les regards suspicieux des badauds.

- Il faut parfois prendre des risques pour arriver à ses fins.

- Ce n'est pas ce que tu disais quand tu m'as confié le cas de ce type.

- Erreur ! Je t'ai prévenu, pas défendu.

- C'est ce que je disais ! je bougonne, exaspérée. Tu as réponse à tout.

Azraël ne mesure pas dans quel pétrin il m'a mise. D'un autre côté, j'ai accepté tout ça et il a raison. Il va bien falloir que je romps cette litanie et que je me bouge un peu plus.

Il me semblait pourtant avoir pris connaissance de choses à ne surtout pas négliger, car c'est important de savoir que ce type ne fait pas grand-chose de sa vie, hormis la nuit. Certes, ne pas connaître son identité n'est pas fameux pour Azraël, mais ça prouve que ce gars est sur le qui-vive et qu'il fait attention au moindre petit détail de sa vie. Et pour moi, c'est intéressant de le savoir, mais à l'inverse, Az ne trouve pas cela très encourageant pour la réussite de ma mission.

Il reste un mystère. Et ce mystère, je dois le résoudre coûte que coûte.

- Très bien, je prends tes paroles au pied de la lettre. Je vais aller au front, mais promets moi une chose, Az.

- Mmh ?

- Promets-moi que si la situation tourne mal, tu m'aideras à me sortir de l'enfer dans lequel je me suis mise ? Sans oublier que c'est toi qui me l'a confié, bien sûr.

- Nous aviserons, Naya, rétorque l'ange d'un ton beaucoup trop neutre pour me rassurer.

Peu rassurée, je balaye rapidement l'angoisse qui se forme au creux de mon ventre et me lève, prête à changer la tournure de cette mission.

Ce type commence sévèrement à m'ennuyer. Attablé à la terrasse d'une brasserie, je m'avance d'un pas décidé vers un destin qui me semble bien trop flou pour s'y aventurer non sans crainte.

AZRAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant