Chapitre 16

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Dans ma vie d'avant, j'étais une misérable fille, faible et dépourvu de méfiance. Je me sentais exploitée de toute part, sans réel moyen de défense ni d'offensive.

Autour de moi, les gens se croyaient tout permis face à ma discrétion, à ma timidité excessive et à ma gentillesse. Et ceci que ce soit des inconnues comme de ma famille.

Je n'en ai jamais voulu à cette dernière, car je leur ai toujours trouvé des excuses. Encore aujourd'hui, j'ai ce syndrome de culpabilité alors que je ne devrais plus l'avoir. Ma famille est tout pour moi, mais elle a aussi été pour beaucoup en me brisant de part et autre. Les critiques, les insultes, je me sentais sans cesse rabaissée, jamais mise en avant au contraire de mon frère et de ma sœur. Pour eux, je pouvais être la cause de tout, même de la fin du monde, ça n'aurait rien changé.

Je n'étais rien et je me sentais nulle. Du moins c'est le sentiment que j'ai toujours ressenti. Même les garçons se payaient de ma tête. Ils me faisaient miroiter à leur bon vouloir sans que je ne sache ce qu'ils voulaient réellement. Des relations stables et sérieuses ? Je n'en ai jamais vraiment connu. J'y ai cru bien sûr, mais tout ne reposait pas qu'entre mes mains. J'ai été à de multiples reprises la marionnette des hommes alors qu'à chaque fois, moi, j'idéalisais la relation. Tout ceci n'était que duperie et naïveté et cela se retournait sur ma santé. Je doutais de plus en plus de moi, je perdais le peu de confiance que j'avais. Je ne savais plus quoi faire, quoi dire pour plaire aux gens. Je finissais toujours déçue, quoi que je fasse. Parfois même, je me demandais à quoi cela me servait de vivre. J'ai plusieurs fois essayer d'attenter à ma propre vie, mais ça ne marchait jamais.

À croire que personne ne voulait de moi, même pas l'au-delà, ni même l'Enfer...

Je n'ai jamais eu l'impression de recevoir de l'amour. Je le cherchais, j'en donnais aussi, mais je ne sais pas ce que c'est qu'être aimée. Je souhaite connaître la définition de ce mot encore aujourd'hui, mais je n'y crois plus énormément car je commence à croire que je n'en aurais jamais le droit, que toute ma vie, je ne connaîtrais que le néant, l'hypocrisie et le rejet.

J'en ai bien peur...

J'ai donc deux vies. La deuxième a débuté lorsque j'ai croisé la route d'Azraël. Je ne regrette en rien ma vie passée, parfois même elle me manque. Ce qui est drôle en y pensant, comment avoir la nostalgie d'une vie aussi misérable que celle dont je menais ?

Même si j'en garderais toujours des séquelles aussi bien psychologique que physique, je veux que cette vie antérieure puisse s'effacer de ma mémoire aussi vite que possible.

Il suffit d'un nouveau souffle qu'on vous accorde et je ne remercierai jamais assez Az pour ça. Ce second souffle est une seconde vie et je la vis aussi passionnément que je le peux chaque jour.

Aujourd'hui, je ne veux en aucun cas perdre cette chance. Je dois donc tout faire pour rattraper mon erreur et stupide en plus.

- Vas-y, Gaïa, trouve une idée !

Comment faire pour panser ces plaies que j'ai moi-même ouvertes ?

Je n'arrive déjà pas à gérer ma vie personnelle alors...

Un sourire goguenard prend place sur mon visage gracile quand l'idée m'apparaît enfin ! Une illumination qui peut me sauver de ce guêpier où j'ai moi-même mit les pieds.

- Ne m'avait-il pas proposé de partager de nouveau un verre avec lui ?

C'est la seule chose qui me vient en tête. Comment approcher ce type sans réveiller de gros doute ?

Après tout, en matière de mensonge et de manipulation, j'en connais maintenant un rayon avec tous ces hommes qui se sont amusés avec moi. Il y a au moins du bon à en retirer dans ce mauvais parcours qu'est le mien.

Pour cela, il faut que j'attende patiemment la nuit prochaine. S'il a pris l'habitude de me suivre à chacun de mes déplacements nocturnes, alors je suis certaine de le croiser de nouveau dans quelques heures. C'est alors que je lui proposerai implicitement cet échange. J'espère donc qu'il tombera dans le panneau comme moi, j'ai plusieurs fois chuté.

Dans tous les cas, je prie pour que cela fonctionne, car je n'ai pas le choix et ni même l'idée du siècle pour l'appâter autrement que par cette méthode un peu idiote, mais néanmoins banale.

Peut-être n'y verra-t-il que du feu. C'est en tout cas ce que je souhaite, sinon je suis dans de sales draps.

Rien que d'imaginer la scène qui pourrait se dérouler cette nuit me remonte le moral et la chasseresse que je suis devenu n'attends plus que le piège se referme sur sa proie.

Ce n'est plus qu'une question d'heure à présent et j'ai hâte !

AZRAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant