Chapitre 7

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Les jours passent et se ressemblent un peu trop à mon goût, je m'ennuie terriblement. Je ne sais plus quoi faire pour m'occuper.

Ma dernière demande de formation m'a été une nouvelle fois refusée sous prétexte que le job en question est beaucoup trop flou en perspective d'avenir. Moi, je pense surtout que mon conseiller, comme le reste des personnes qui se cachent derrière leur bureau bien au chaud, à se tourner les pouces la plupart du temps, ne savent juste pas comment gérer mon cas. Quand c'est pour payer ou financer, il n'y a plus personne. C'est le monde à l'envers...

—Je te l'interdis formellement ! intervient Azraël alors que je fixe l'horizon qui s'assombrit petit à petit, autant que mon avenir.

— Ah oui ? Et comment comptes-tu t'y prendre ?

—Tu ne feras rien, Gaïa.

— Écoute-moi bien : j'en ai besoin ! Ça fait un an que j'attends ce moment, bon sang ! Tu me dois bien ça.

—Sa disparition n'arrangera pas grand-chose à ta situation.

— On fait de ma liberté un enfer ! Mon rêve tient entre les mains de ce type et il me bloque !

—Indirectement. Tu ne vas quand même pas t'en prendre à toute cette agence quand même !

— S'il le faut. Ça ferait un sacré nettoyage...

—Gaïa ! croasse-t-il violemment.

— Je me chargerai de son cas, Az. Que tu le veuilles ou non. J'en ai ma claque qu'on me dicte quoi faire de ma vie.

Sur ces mots, je plante l'oiseau et ferme ma fenêtre. J'ai le moral en berne ce soir. J'ai un grand besoin de vengeance, de défoulement, de quelque chose qui me libère l'esprit.

Une heure après, je suis déjà prête pour la nuit, je descends dans ma cave et y récupère l'attirail qui me semble nécessaire pour cette fois. J'ai une sacrée soif de vengeance ! Ceux que je vais croiser cette nuit seront les dommages collatérales de cette colère qui me hante depuis cette après-midi.

La porte grande ouverte, n'importe qui pourrait se croire dans une armurerie. Pour ma part, j'ai l'impression d'avoir des armes que même les plus aguerries pourraient en ignorer l'existence.

Un sac à dos dans la main, je le remplie sans réfléchir. Ces derniers temps, je prends quasiment les mêmes armes en mélangeant un peu de tout.

J'attrape un scramasaxe de type hachoir, un couteau bowie, une petite arme à feu non enregistrée, deux couteaux de bottes que je dissimule dans mes boots, ainsi qu'une corde à piano comme lacet étrangleur.

En y repensant, cette dernière m'a été d'une grande aide lors de mes premières missions. Depuis, je la garde toujours précieusement avec moi quand je sors.

J'admets ne pas réellement savoir où je vais traîner cette nuit, mais je ne compte pas rester à mon domicile et aller dormir. Pour moi, cette réalité a disparu. Je ne fais plus partie du même monde qu'auparavant. Je ne suis pas une intruse, mais je me sens plus différente que jamais.

Avant, je n'avais jamais vu de sang, de corps, de tortures sous mes yeux. À présent, je vois tout ceci dans mon quotidien. Je voulais travailler en tant qu'agent mortuaire. Azraël m'a donné une déviation à cet avenir qui ternissait au fil de mes études.

L'œil vif et l'esprit ouvert, je ressens le moindre mouvement, je sens la plus petite des odeurs. L'homme est un animal qui sait revenir à ses instincts primaires lorsqu'il commet des actes irréparables. De mon côté, je me sers du bon côté de mon instinct animal. Et Az m'a pas mal aidé sur ce sujet. L'ouïe, l'odorat, la vue, sont des facultés qui ont grandement évolué dans mon quotidien. Et j'en suis très fière.

En parlant de ça, une présence familière me suit à la trace depuis une bonne heure maintenant. Je sais que ce n'est autre que l'ange de la mort qui me piste, mais je n'en prends pas cas, car ce soir, je veux me mettre quelqu'un sous la dent.

— Hors de question, argue la voix grave de ce dernier.

— Je n'en ai que faire, Az.

— Nous avons un accord. Ne gâche pas tout à cause d'une simple pulsion.

— Ah oui ? Alors rappelle-toi que j'ai ma part moi aussi. Et que je compte bien me venger tôt ou tard. J'ai trop attendu et tu le sais très bien. Pourquoi tu ne veux pas m'aider ?

— Je t'aide, Gaïa. Je t'aide.

— C'est faux ! Tu m'éloignes de mon objectif. Et tu le sais très bien.

— Je ne veux pas que tu deviennes l'un de ces sanguinaires prêts à tout pour assouvir son esprit torturé.

— Pourtant, la définition de la vengeance, c'est bien ça. Je n'en peux plus, répété-je à bout de force et des larmes aux yeux.

— Promets-moi de m'écouter dans ce cas.

Surprise par sa demande et son peu de réticence, je le fixe, les yeux écarquillés face à ses paroles.

— Promets-le-moi, Gaïa.

— Az...

— Gaïa, gronde-t-il de nouveau les yeux plus luisant que jamais.

— Je te le jure, soupiré-je malgré moi, pourquoi tiens-tu tant à ...

— Parce que tu es importante. Plus que tu ne le penses. Et tu gâcherais un potentiel bel avenir.

Sur le moment, je ne comprends pas vraiment où il veut en venir, mais je sais que d'ici peu de temps, ce questionnement refera surface et me mettra face à une chose que jamais je n'aurais imaginée. Même au-delà de mon existence.

AZRAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant