Chapitre 17

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La journée m'a semblé durer une éternité, j'ai tenté de m'occuper comme je le pouvais afin d'oublier cette impatience qui fume en moi, en vain.

À présent, il est bientôt l'heure, en attendant, je me concocte un petit repas rapidement, mais succulent pour mon palet.

Au menu du soir : pomme de terre sautée à la poêle et deux œufs sur le plat avec le jaune bien coulant.

Aussi liquide et épais que du sang...

Rassasiée et de meilleur humeur au vu de l'heure qui approche, je file dans ma chambre me préparer. Comme à l'accoutumé, j'enfile ma combinaison noire, moulante certes, mais utile pour les combats que je mène.

Le compte à rebours a commencé, j'en ai presque l'eau à la bouche rien que de penser aux tortures que je compte infliger à mes proies.

Perdu dans les méandres de mon esprit m'imaginant tout un tas de méfaits horrifiques, je me reprends consciente que je laisse place à la part obscure de mon être. Une part que je ne dois pas laisser prendre le dessus sur ma raison.

Cependant, j'ai l'intime conviction qu'un jour, je me laisserai prendre dans ce maelström d'émotions toutes plus enivrantes les unes des autres. Des émotions de jouissance face au sang, à la souffrance de mes cobayes, aux entailles que je me délecterai de dessiner sur ces corps criminels...

Ça y est, je suis encore parti bien loin ! Décidément, il faut vraiment que j'arrête de m'extasier rien qu'en pensant à la chasse.

Minuit ne tarde pas à pointer le bout de son nez, alors je me faufile dans les escaliers sombres de mon immeuble, essayant de faire le moins de bruit possible jusqu'à arriver dans le sous-sol où se trouvent les caves.

Toute la journée, jai eu le temps de cogiter, ma cervelle était en ébullition et m'a permis de crier à mon tour : "Eurêka ! ".

Sachant que d'ici quelques secondes, Azraël ne pourra pas s'empêcher de venir vérifier mon état et mes préparatifs, il ne s'attendra absolument pas à ce qui risque de lui tomber sur le coin de sa tête squeletique.

Quant à moi, je n'ai aucune gêne sur la proposition que je compte lui faire.

Me rapprochant de plus en plus de ma caves, la dernière tout au fond du sous-sol, je sens une présence familière et une odeur de souffre insoutenable.

Je le savais ! Il est déjà là à m'attendre.

Ce n'est donc pas une surprise lorsque j'ouvre la porte métallique de mon armurerie et qu'une imposante stature osseuse se tient face à moi lorsque la lumière s'allume.

- Tu patientes ici depuis longtemps ?

- Depuis que tu as inséré la clé de ton logement dans sa serrure.

- Bien.

- As-tu une idée derrière la tête, Naya ?

- Pourquoi cette question ? répliqué-je à la fois surprise et suspicieuse.

- J'ai entendu tes pensées se cogner fort les uns sur les autres avant même que tu n'arrives. Habituellement, tu es de nature concentrée, mais aussi hâtive quant la nuit tombe. Y a-t-il eu un changement entre temps ?

- Un changrment dans ma vie ? Non. Néanmoins, une remise en question, oui.

- Je t'écoute ?

Je n'ai jamais été aussi sûre de moi qu'à cet instant, alors je me lance sans même réfléchir à mes paroles.

Lui faisant face, je rive mes yeux à lui, droite et confiante.

- Puisque tu veux que je répare mon erreur, il va falloir que tu m'aides un peu plus que ça. Tu as conclu un pacte avec moi, n'est ce pas ? Alors n'ayant pas encore eu ma part, je souhaite que tu me confies le pouvoir nécessaire afin que je puisse effectuer ma mission.

- Et en quel honneur oses-tu exiger une telle chose ?

- En quel honneur, dis-tu ? Réponds-moi franchement, Azraël, pourquoi m'avoir donné à moi, une simple humaine, la mission de combattre un dieu comme Caîn ?

- Comment ?

Rien ne laisse transparaître sa surprise, mais je le sens rien qu'au son de sa voix qui bégaie légèrement, mais assez pour que je puisse m'en rendre compte. Je l'ai destabiliser et j'aime ça.

- Eh oui, Az. Je sais que ce Caîn n'est pas n'importe qui. Ça tombe sous le sens, non ? Je suis peut-être humaine, mais pas stupide ! Pourquoi toi, Azraël, l'ange de la mort, as-tu tant peur de l'impact des méfaits de ce type, mais que tes semblables craignent aussi les retombés ? Ton Caîn n'est pas qu'un banal criminel de ce bas monde. Non ! Il vient de Ton monde ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je ne peux pas arrêter un type aussi puissant et machiavélique que lui simplement avec la force humaine qui est la mienne. Il va falloir qu'on joue à égalité, Az, et pour cela, il me faut de l'aide. Une aide équitable à celui du type que je dois stopper et te remettre mort ou vif.

- Gaïa...

- Ne discute plus ! Si tu m'as demandé de m'occuper du cas de ce mec, c'est que personne d'autre ne peut s'en charger. Alors je ne ferais pas l'impasse sur ma demande. Elle est claire et simple. Je n'agirai que si je suis à armes égale avec lui.

- Bien, dans ce cas, il faut que je m'entretienne avec les autres dieux.

- Je n'attends plus que ça.

Sur le point de se volatiliser, l'ange se ravise et se retourne de nouveau face à moi, ancrant son crâne sans yeux sur moi.

- Si tu souhaite être aidée comme il se doit, je veux bien l'entendre, mais il va falloir que tu fasses une conssession.

- Si ça concerne la partie de mon contrat, alors j'en ferai l'impasse si nécessaire.

- Ce n'est pas de cela dont il s'agit. Ce n'est pas une demande, mais un ordre. Un ordre que tu dois impérativement suivre pour une fois, Gaïa.

Ça y est, il me rabâche encore mon comportement. Décidément, il n'arrive pas à passer à autre chose celui-ci !

- Dis-moi ?

- Ne sors pas ce soir.

- Pourtant, ça ne te gênait pas avant ma demande.

- Détrompe-toi, c'était justement l'objet de ma venue. Nous avons perdu la trace de Caîn, nous ne savons absolument pas où il se trouve depuis la nuit où tu as commis l'erreur de sortir seule sans ma compagnie. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé et ce qui a été dit entre vous, mais il s'est évanouie dans la nature.

- Tu sous-entends que c'est de ma faute ? ricanné-je, ahurie par ces révélations.

- Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, grogne-t-il, nous ne savons pas ce qu'il fait et compte potentiellement faire. C'est dangereux et je veux que tu le saches.

- Mais c'est idiot, Az ! Il ne loupe plus une occasion de pouvoir m'approcher la nuit. Je suis quasiment certaine qu'il viendra à ma rencontre si je sors, qu'importe où je me trouve, il saura où je suis.

- C'est un ordre. Un non ferme et définitive. Tu ne mesures pas l'ampleur de cette histoire.

- Alors raconte-moi ? Tu me donnes tout au compte-gouttes ! Comment veux-tu que je comprenne si je suis dans le néant le plus total ?

- Pas ce soir, mais nous allons avoir une discussion très bientôt, n'ai pas de doute là-dessus.

- Eh ben ! Tu as le chique pour faire durer le suspens. Enfin bon, comme je te l'ai déjà dit, je n'attends que ça.

- Patience alors et plus d'escapade nocturne.

Son ton ferme et menaçant ne m'incite pas à discuter davantage. Alors pour cette fois je laisse couler, car je ne veux pas mettre en péril ma demande qui finalement n'à pas eu l'air de lui poser problème.

- Et ne te fais pas de bile pour ton souhait. Je suis presque sûr qu'il sera accepter. Ce n'est qu'une question de temps.

Ces dernières paroles avant le bruissement de ses ailes ne fait qu'accroître mon impatience et mon excitation quant aux jours qui arrivent.

J'ai hâte de reprendre la partie là où elle s'est arrêtée avec Caîn et cette fois, accompagnée d'un nouveau jouet sur mesure.

AZRAËLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant