Tu viens chérir mon cœur de tous les atouts de ton charme et tu déposes devant moi un avenir certain plein de tendresse. C'est toi, dérisoire enchanteresse, qui vient prendre ma main pour m'emmener aux confins des voyages interdits. Tu brilles comme une pluie d'étoiles qui traverse le ciel et qui m'emporte au passage. Ton train s'est arrêté dans ma gare et a pris le temps d'ajouter un passager à son effectif pour repartir de plus belle. J'ai construit ma vie brique par brique sur les morceaux de terre que tu m'as offert, avec comme seul étendard ton visage. Il reflète la forte lueur du soleil qui scintille tel un diamant dans tes yeux. Épargne-moi le couché des fleurs et le gris de l'horizon, laisse-toi porter vers une destinée pleine de vie et d'envies. Tous tes désirs se retrouvent à la fin d'un long fil de frustration et peuvent éclore en plein jour sous le feu de notre amour. Une seule petite brise servirait à rallumer une flamme qui a trop bien dansé pendant les longues étreintes qu'opéraient nos corps sur la piste fleurie. Il ne tient qu'à la poudre de ta baguette d'ensorceler à nouveau nos nuits. Seul je m'endors avec une place vide sur un tissu froid qui manque de la chaleur de ton corps. L'été est passé si vite dès lors que nos âmes se sont rencontrées, il est de mon devoir de ne point t'abandonner.
Loin de toi, mon parterre est froid, mes journées sont fanées et mes nuits son fades. Tes doux parfums se mélangent aux obscures brumes de mon destin qui se noircit un peu plus chaque fois que tu éloignes ta main. Ma vision se trouble d'un filtre noir et blanc quand je vois ta silhouette se dessiner à l'horizon sans pouvoir te dire un mot. Mon cœur se blesse lorsque tu laisses derrière toi ton odeur qui traîne mes pas.
J'ai perdu ma raison de vivre, je t'ai perdue toi. Toutes les briques que nous avons construites sont tombées, mais elles sont toujours là. Les roses sont fanées mais elles restent à côté de moi. Il ne reste que ton ombre, pourtant j'ai l'impression que tu es toujours là. En dernier espoir, en ultime pensée, je me rassure en dessinant ton sourire éclatant dans ma mémoire à l'encre rouge.
Tu es la seule qui puisse combler mes peines et la seule encrée dans mes veines. C'est de ton écarlate aura que je puise mes mots et que je pèse mon langage pour attiser le feu de tes yeux. Je veux qu'il brille encore, je m'y abandonnerai cœur et âme pour pouvoir jouir une nouvelle fois de la splendeur de ton regard qui brille sous la lueur de notre amour. Même si mon combat est vain, même si la vie t'a choisi un autre destin différent du mien, je te laisserai toujours ma porte grande ouverte si par hasard ta curiosité vient poser sa patience devant ma porte. Ma déception m'emboitera le pas et je réapprendrai à vivre sans la chaleur de tes bras. Pourtant, je ne capitule pas. J'aimerais tellement te faire ressentir tout ce que tu me fais vivre, j'aimerais que la vie s'anime au plus profond de toi et que mes regards te fassent scintiller. Je veux qu'en tes yeux de porcelaine se reflètent ta joie de vivre et le bonheur que tu véhicules. Que mes larmes ne soient pas vaines, que le sel que je dépose sur les tissus de mon lit froid me servent à compenser le manque de toi. Ces mémoires sont une sorte d'ode à l'amour, une ode pour toi, de la plume de mon ancien moi. Je ne suis plus le même depuis que la porte a claqué et t'a portée ailleurs que là où se posent mes pas. Mon esprit n'est plus que moitié et je dois me reconstruire.
Tes briques me serviront à bâtir un avenir meilleur d'où je pourrai contempler les couchés de soleil, comme sur la butte ce soir-là. Le soir où nos corps montaient sur cette pierre et où nos regards caressaient l'horizon à la recherche du crépuscule. Le soir où seuls quelques barreaux protégeaient nos corps de la trépidante nature et où nos mots les plus forts ont vu le jour. De ces graines qui ont germés de nos terres battues, des noces de notre passion, aujourd'hui s'envolent dans les flux abrupts d'un mistral trop froid. Mon encre se figera dans son pot d'argile, ma plume retrouvera son volatile et pourra se libérer des peines que je lui inflige à chaque fois que je jette mes idées sur un bout de papier.
Tous mes mots qui touchent à ta peau resteront dans monesprit et ne sortiront plus de la cage de fer que j'ai bâti. À jamais enfermésà double-tour, mes émois seront poussière et mes armes se fendront sous terre,en espérant que la blancheur de mes rêves saura se passer de tes yeux.
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