L'un à l'autre

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Deux êtres se retrouvent dans une même pièce. Ils n'avaient aucune chance de se croiser, de se rencontrer, de faire connaissance, et pourtant maintenant ils sont inséparables. Nous sommes dimanche, cela fait plus de deux semaines qu'ils ont prévu de se voir. Aujourd'hui, c'est le grand jour, il sort enfin de sa tanière, lui qui est si peu sociable, si stressé et si terrifié à l'idée de manger avec les parents de sa copine.

Parce que oui, depuis peu, ils sont ensemble. Il avait essayé d'être mignon, le plus attentif possible, et il l'avait réussi puisque c'est dans sa nature. Il la tenait par la main, et il lui a simplement demandé si elle voulait sortir avec lui, ce à quoi elle a répondu « ouais, mais attendons plutôt demain parce que je ne retiens pas les jours impairs ». Ils étaient liés, par un petit fil qui ne cesse de grandir, et pour la première fois il vient manger chez elle pour rencontrer ses parents. Sur une échelle d'un à dix, son niveau d'anxiété est proche de six.

La voiture démarre, sa maison n'est qu'à vingt minutes de la sienne. Il se repasse en boucle mille scénarios dans la tête, il a l'appréhension de l'inconnu. Son cœur bat de plus en plus fort, il a hâte de la retrouver, mais il a peur de tout gâcher. Il ne sait pas vraiment pourquoi il stresse ni pourquoi ce dîner lui fait autant d'effet dans son corps, sans doute parce qu'il est attaché à elle. Elle est si spéciale, si gentille, si douce, si drôle, si charmante, si joyeuse, si tendre et parfois si rude, il est en train de tomber amoureux comme on tombe d'une falaise. Il n'a pas de parachute, seuls ses bras envoûtés par son odeur pourront le réceptionner une fois en bas. Là et seulement là, il sera arrivé. La voiture s'arrête en bas des grands escaliers de plâtre.

Il sort de la voiture, le cœur qui s'emballe et les mains qui tremblent. Il fait attention de ne pas abîmer les fleurs qu'il tient pour sa mère et la rose pour elle. Alors qu'il est sur le point de remonter dans le véhicule à cause de l'appréhension, une lueur le fait se retourner. Il la voit, étincelante, elle le regarde, elle l'attend. Ses peurs se chassent en un instant, le laissant avec des yeux d'enfant et une âme innocente.

Pour la retrouver, il grimpe les marches de plus en plus vite, jusqu'à se retrouver devant elle. Il découvre rapidement la gentillesse de ses parents et font connaissance en évacuant toute sa pression. À ce moment-là, il est déconnecté, son regard ne se tourne que vers elle, les secondes s'écoulent dans un ordre imprécis, sans plus aucune logique. C'est comme si la terre s'arrêtait de tourner, il visite sa maison, il observe toutes les guitares accrochées au mur, les livres dans les nombreuses bibliothèques et tous les petits détails qui rendent les gens heureux.

Elle ferme la porte derrière lui et l'embrasse pour lui dire bonjour. Il se laisse faire, d'habitude c'est lui qui vient avec ses bras autour de sa taille pour la rapprocher de lui et c'est aussi lui qui colle ses lèvres contre les siennes. Mais aujourd'hui c'est différent, elle vient sans rien demander, à l'improviste, et il aime ça.

Cette journée est la meilleure qu'il a passé de toute sa vie. Il n'oubliera jamais ce moment, quand il la serre dans ses bras, ils sont là l'un pour l'autre. Elle, elle préfère quand il prend les devants, quand il choisit à sa place, quand il sait ce qu'il a à faire et qu'il gère les évènements. Lui, c'est plutôt quelqu'un de poli, de sage, de réservé, de gentleman un peu trop poussé qui parfois donne l'impression d'être benêt, qui se laisse porter par la vie et qui est souple.

Elle veut quelqu'un de dur, de mignon, de sérieux mais de rigolo quand même, elle a de la chance. C'est toute sa nature, sauf qu'il faut qu'il s'ouvre lui aussi. Elle retient toutes les petites attentions, les cœurs avec les lacets des pantalons, les couchés de soleil ou encore les petits mots doux.

Tout ça, ce n'était pas son passe-temps à lui, mais elle lui avait fait découvrir, alors il avait appris à aimer. Son truc, c'était plus les arc-en-ciel, regarder les formes des nuages, ou encore la romance et la tendresse. Il n'aimait pas énoncer des appartenances telles que 'tu es à moi' parce que pour lui, elle était libre de faire ce qu'elle voulait et c'était quelque chose de déplacé. Pourtant, elle aime quand il lui dit ça, alors il s'adapte.

À présent, qu'il le veuille ou non, il est tombé dans sesbras comme elle est tombée dans les siens, et quoi qu'il fasse, il est à elle,et elle est à lui. L'amour les lie, doucement, sans se presser, ils tombentlentement amoureux. Mais une chose est sûre, ils sont l'un à l'autre.


Nouvelle réécrite et corrigée pour le recueil "Pour me comprendre" dispo sur Amazon en version papier / e-book

Pour me comprendre - Recueil de textes & de nouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant