média : moi (parce que je suis polyvalent et que je rentabilise mes trucs d'art plastiques)
Je dois synthétiser des années de troubles alimentaires en quelques mots. 4000 mots, mais c'est pas suffisant. C'est tellement peu de choses en comparaison de tout ce qui traverse notre cerveau pendant notre maladie. C'est pas exhaustif (si vous voulez quelque chose de plus complet, je vous conseille le compte parlonstca sur instagram ou les vidéos de Et si c'était faux sur youtube, ce sont les rares sources qui parle bien de tca sans virer dans l'idéalisation.) En ce qui me concerne, j'en ai déjà bien trop (mal) parlé avant. Je veux offrir ce que j'espère être une autre vision de l'anorexie. La montrer sous son vrai jour et pas comme on l'imagine : une maladie mortelle et gravissime dans laquelle il ne faut jamais essayer de plonger et pas une réponse à la détresse. Pas un idéal.
tw : anorexie, boulimie, santé mentale, grossophobie
« On ne t'as pas beaucoup entendu. Tu veux partager ton vécu avec nous ?
Super. Tout le monde me fixe. Je jette un coup d'oeil au cercle de chaises en plastique, en particulier celle où ma psychologue est installée. Je ne sais pas pourquoi j'ai payé cette thérapie de groupe, je suis clairement pas du genre à déballer ma vie devant une salle d'inconnu∙es.
- Bah oui, qu'est-ce que tu en penses ? fait mine de s'intéresser Lola.
Elle m'a dans son viseur depuis que je l'ai rabrouée une fois où elle parlait du poids et des troubles alimentaires. Parce que Lola, c'est une de ces rares anorexiques qui a le corps qui nous inspire. Je la déteste. Elle, me déteste parce que j'ai justement le corps que les anorexiques veulent fuir.
- Tu veux savoir, ce que je pense ? je finis pas céder. Je pense que t'es qu'une connasse de pourrie gâtée, qui a besoin de se sentir aimée mais qui n'a rien à offrir d'intéressant d'autre qu'une maladie mentale. Alors, tu te dis que tu serais une bonne héroïne de film, avec tes cigarettes qui vont te moisir les poumons, ton cerveau que tu tords dans tout les sens pour qu'il ai l'air malade... Ou bien ton corps de squelette dont tu taillades et tords les entrailles dans tout les sens pour qu'il soit autre chose que magnifique !
Parce que tu es chanceuse. Tu es riche, tu es blanche, tu as des parents qui s'aiment et qui t'aiment et tu es putain de magnifique, mais c'est pas assez, t'es comme les autres et tu veux ce que t'as pas, alors tu veux être triste.
Alors t'arrive ici, tu joues les putains de rebelles en te disant que ça te fait mouiller cette d'expérience d'être la reine des taré∙es ! Tu te dis que ça va être vraiment bon d'être dans une thérapie de groupe, tu t'appropries l'endroit, wow. Mais tu comprends pas que si on est là c'est pour guérir, par pour que des ados en manque de sensation fortes se branlent sur nos vie.
Tu comprends pas qu'être malade c'est pas cool, tendance, beau. Tu comprends pas... Tu comprends rien ! Tu comprends pas un quart de l'enfer que c'est de vivre avec cette putain de maladie ! Tu fais semblant !
On est pas juste des sac d'os, des gens qui mangent ou pas ou des d'obèses. On a des trous dans l'estomac, des cheveux et des dents qui tombent, on a vu nos ami∙es crever, on fait des crises d'angoisses et des malaises tout les jours et on cherche un moyen de nous sortir de ce putain de cauchemar, alors que toi tu cherches juste à y entrer. »
J'ai crié ces mots comme j'ai jamais crié. Fait la grimace la plus tordue possible pour cracher mes insultes encore plus fort. Je veux juste lui faire du mal, la détruire avec des phrases cinglantes, la tuer si possible. Je veux qu'après avoir avoué tout le bordel que je refoule depuis que je la connais, son coeur se brise d'une façon irréparable et qu'elle ne puisse plus jamais vivre sans mes insultes qui cognent dans sa tête.
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les apocalypses arrivent à tout les mondes
De Todo(Recueil) Il y a ce garçon qu'on prend pour une fille, cet autre qui hurle à la lune, celle qui ne veut pas tomber amoureuse ou cellui qui ne sait plus manger. Iels poussent des cris de révoltes mais personne ne les entends jamais.