21. Nymphéas et Orage (3/5)🦉

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Avec le temps le banquet de la Grande Salle devient moins impressionnant. Ou peut-être est-ce parce que cette abondance de nourriture sonne comme un genre de perversion pour Léi. Elle n'aime pas la surcharge, encore moins quand il s'agit de nourriture. On dit que c'était pire du temps où la Ministre de la Magie n'avait pas encore aboli l'esclavage des elfes de maison.

Elle pousse la nourriture de la pointe de sa fourchette, incapable de manger pour le moment.

Une douleur migre de son crane à tout son corps. Elle aurait voulu rester au lit. Le contrôle de métamorphose est la seule chose qui a réussi à l'en faire sortir mais elle est incapable de se souvenir de la quatrième formule. Elle sait qu'il vaut mieux ne jamais rater un cours - surtout pas une évaluation - car les leçons filent aussi vite que des trains, à Poudlard, mais elle est épuisée.

« Ça alors, c'est dingue ! s'exclame Athéna Gifford dont on ne voit que les boucles blondes derrière l'énorme journal déplié devant elle.

- Et c'est le cas de le dire ! complète Esmée Randle en ajustant ses lunettes et en se penchant à son tour sur l'article.

- Qu'est-ce qui se passe ? demande Léi, curieuse de pouvoir délaisser ses révisions mentales.

- La prisonnière la plus vieille d'Azkaban s'est échappée de la prison.

- Je croyais que personne à part Sirius Black ne s'était jamais échappé de cette prison ? Intervient un troisième Serdaigle quelque places plus loin.

- C'est moins difficile depuis que le traitement des prisonniers a été adoucit. précise Athéna en relevant la tête du journal.

- On l'appelle la folle aux chats. »

Léi s'éloigne de la conversation. Elle n'a pas envie d'entendre quoi que ce soit sur la santé mentale ni de la part d'Esmée ni de la part de quelqu'un∙e d'autre. Et elle sait que c'est ce qui va arriver. Elle n'en a pas la force ce matin. Ni jamais. Quand elle prend le temps d'expliquer que le mot "fou" ne veut rien dire et ne peut être utilisé avec justesse que par les dit-"fous" c'est comme si elle parlait à un mur. Iels n'écoutent pas et le lendemain iels ont tout oublié.

Elle attrape son sac et se lève d'un même mouvement sans murmurer le moindre adieu, ce n'est pas comme si qui que ce soit allait s'en rendre compte. Elle ne rêve que de ses draps mais elle troque la paix du dortoir contre la paix des toilettes des filles. Celles occupé surtout par les cinquième année car elles avoisinent toutes leurs salles. Personne n'irait à cette heure là. Ça fera office de refuge. Si elle retourne à son lit elle risque de se recoucher.

Elle attrape l'escalier juste à temps, cours jusqu'aux toilettes et savoure le calme de la salle. À Poudlard aucun endroit n'est jamais tranquille. Or, Léi a besoin de tranquillité au minimum une fois par jour. Ses camarades de dortoir n'étant pas le calme incarné elle a aménagé des techniques pour les fuir de temps en temps.

Elle ouvre le robinet, ferme les yeux et se concentre sur le bruit de l'eau pour ne plus penser. Ces derniers temps, quand elle déambule dans sa tête, elle finit toujours par s'y piéger. Comme si elle courait dans un endroit peuplé de démons qu'elle essaierait de ne pas heurter. Perdu d'avance.

La musique lui manque, l'écoulement du robinet n'est pas à la hauteur. Elle finit par l'éteindre, presque avec rage.

Elle ne veut pas penser à ce foutu contrôle de métamorphose mais elle doit y penser car elle ne doit pas oublier les formules. Ni oublier d'y aller. Elle n'ose même pas admettre pour elle même qu'elle a très envie d'oublier d'y aller.

Elle jette un oeil à sa montre. Trente minutes avant le début du cours. En général elle est déjà devant la salle à cette heure-ci, mais cette fois elle se dit qu'elle peut bien rester encore quinze minute. Juste quinze minutes.

C'est terrible d'être dans une magnifique école de magie et de souhaiter être ailleurs. Très loin. Voir nul-part. Où qu'elle aille le contrôle sera toujours là. Et pas juste le contrôle mais aussi la pression, le besoin de faire ses preuves, le vide et l'inconnu de l'avenir... Alors-

Une porte grince. On devine que la personne qui ouvre fait de son possible pour ne pas faire de bruit en laissant craquer le metal qui soude le battant au mur. Ça ne marche pas.

Léi se retourne pour découvrir sa partenaire de refuge.

Une jeune fille rousse apparait derrière la porte entrebâillé, les yeux encore rouges de larmes et un gros sweat-shirt recouvrant son uniforme. Malgré ça Léi n'a aucun mal à comprendre qu'il s'agit d'une Gryffondor. Il est amusant de voir qu'au fil du temps on apprend à determiner ça sur les gens juste en captant ce quelque chose dans leurs allure.

« Désolée. Je ne voulais pas que tu saches que j'étais là mais je devais sortir, tu sais... j'allais être en retard. » explique la rousse avec un demi sourire, comme si elle n'avait pas pleurer.

Sa voix est très grave et elle est très grande, si bien que Léi se demande si ce n'est pas un garçon qui se tient devant elle.

« Pas de problème. »

Comme aucunes des deux ne pars ni ne parle, la rousse finit par briser le silence.

« Tu vas bien, Léi ?

- Comment tu connais mon nom ?

- On est dans la même classe dans un certain nombre de cours. » rigole l'autre.

Léi hausse les épaules. Elle n'est pas très douée en prénom et elle ne se souviens pas avoir déjà vu cette fille avant.

« Tu as l'évaluation de métamorphose, toi aussi ? demande-t-elle alors, à tout hasard.

- Non, moi, j'ai cours avec mon père. »

Et sur ces mots la rousse se rince les mains, éclaire la pièce d'un autre sourire et se hâte vers la sortie.

Léi reste paralysée et comprends trop tard. Il n'y a pas de nombreux professeurs qui ont encore l'âge d'avoir des enfants étudiant∙es, à Poudlard. Cette jeune fille ne peut être l'enfant que d'une seule personne. Mais Harry Potter n'a pas de fille. 

les apocalypses arrivent à tout les mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant