Le bâtiment est trop rempli et la cacophonie trop présente pour que qui que ce soit ne remarque Lily. Elle est haletante, non pas parce qu'elle est en retard, mais parce qu'elle est anxieuse. Sa rencontre avec Léi lui a changé les idées un moment mais la peur et la colère on eue le temps de reprendre le contrôle. Elle maudit le malin génie ayant inventé les parents-enseignants et entre dans la classe.
L'atmosphère y est plus chaleureuse que du temps de l'ancienne professeure, il faut le reconnaitre. Harry Potter n'est pas une personne fasciné par l'étrange, dont la salle s'apparenterait à un cabinet de curiosité comme c'était le cas précédemment. On peut au moins lui accorder ça. Quand Lily entrait dans cette classe, avant, elle prenait soin de s'assoir toujours vers le milieu pour être sure de n'avoir aucun contact avec un quelconque animal ou organe plongé dans du formole. Elle n'était d'ailleurs pas la seule et suspectait que c'était une technique que la femme avait trouvé pour que les élèves cessent de s'agglutiner au fond de la classe. Il fallait admettre que ça marchait plutôt bien.
Désormais il ne reste plus rien des bocaux. Comme si ce n'était pas le même endroit. Et cela ne rassure pas Lily. Être une bizarrerie parmi les bizarreries c'est plus réconfortant que d'être toute seule. Et si son père découvre quoi que ce soit elle sait que c'est comme ça qu'elle va se sentir.
Il apparait alors, comme il a toujours été. Lui aussi est un peu stressé, ça se voit à la façon dont il bouge, mais personne à par Lily ne peut le savoir. D'abord il se perds dans ses mots et s'aide de ses notes. Puis, au fur et à mesure des minutes, voyant que rien de terrible ne s'est encore passé il s'autorise à être lui même. Il s'autorise un petit sourire à Lily, seulement ça, mais ne la traite ni comme une reine, ni comme une pariah. Juste une élève comme les autres.
Il demande à une Pouffsouffle de lui dire où iels se sont arrêtés dans le programme, même s'il le sait. Il dit quelque chose sur la mémorisation des prénoms, comme le font tout les professeurs. Il fait de son possible pour inclure celleux qui lèvent la main, cesse de crisper ses muscles et écrit le titre du nouveau chapitre au tableau. Il dit qu'il vont faire pas mal de pratique, que c'est comme ça qu'on apprends et qu'il est désolé pour les timides mais qu'il faudra se mettre en équipe.
Petit à petit, Lily se détend. Le fait que se soit son père est un peu perturbant mais c'est un bon prof. D'ailleurs les autres élèves ont l'air de bien l'aimer. Elle ressent un pic d'anticipation quand il leurs demande se présenter brièvement puis elle se rend compte que c'est peut être la meilleure chose qui pouvait lui arriver.
Quand un professeur se trompe sur son prénom ou ses pronoms, en général, les élèves corrigent rapidement d'un "c'est Lily, monsieur" ou "c'est Miss Potter, Madame". Lily elle-même n'ose pas reprendre qui que ce soit. Mais si c'est elle qui se présente en tant que garçon devant la classe et en utilisant son ancien prénom, personne ne la corrigera. Avec un peu de chance iels comprendront même que son père ne doit pas savoir.
Alors, quand son tour arrive, elle se lève et se présente à contre-coeur sous son prénom de naissance en essayant d'y mêler un sourire. Les autres risquent de croire qu'elle est redevenu un garçon et de ne plus jamais la prendre au sérieux.
Non, les autres s'en fichent. Elle se reproche d'être égocentrique et obsédée par sa transidentité en ce moment mais elle n'a pas le choix, tout le lui rappelle. Être une fille au lieu d'un garçon ne devait pas changer autant de chose à la façon dont elle est perçue pourtant on dirait qu'en fonction de si elle est l'un ou l'autre ça fait d'elle une personne différente. Celleux qui ne sont pas transgenres pensent que les autres s'en fichent, en fait, mais son identité de genre intéresse beaucoup dans le bon comme dans le mauvais sens. Elle sait déjà qu'elle devra répondre à des question à ce sujet au moins une fois cette semaine. Elle sait déjà qu'elle est redevenue un garçon dans les yeux de beaucoup en se présentant comme tel. Elle doit toujours se battre pour prouver qui elle est, alors nier son identité lui coute. En plus que de lui donner de la dysphorie. Elle a aussi le sentiment que c'est une insulte à tout les efforts qu'elle a fait pour être considérée comme une fille.
À la fois rassurée et amère, elle suit le rang qui sort des Défenses contre les Forces du Mal jusqu'aux serres de Botanique.
Deux heures de Botanique puis trente minutes de pause-déjeuner, une heure de métamorphose et deux heures de Soins au Créatures Magiques. Elle ne pourra pas avoir de temps pour elle avant un moment. La petite séance de larmes qu'elle s'est accordée ce matin sera son seul exutoire de la journée.
À peine le temps d'y penser qu'elle est déjà à la serre, petite forêt sous verre entretenue par le professeur Londubat.
Il laisse les plantes prendre possession du lieu au plus grand malheur de la directrice et au plus grand bonheur de Lily - même si ça ne remplacera jamais une vraie forêt. Elle n'a gardé cette matière que pour pouvoir admirer la nature envahir l'endroit. Et aussi parce qu'elle apprécie Neville Londubat. C'est un enseignant passionné par sa matière et bienveillant envers les autres ce qui rend sa discipline internante. Il a plusieurs mondes à faire découvrir et en parle assez bien pour qu'on ai envie de l'y suivre.
Le Noisetier de Sorcière de Lily a gagné quelque centimètres durant les vacances et commence à fleurir. Elle le regarde depuis la serre et prends des notes sur son évolution dans son grimoire.
Comme iels sont peu d'élèves en Botanique et que leurs niveau est assez bon, iels peuvent chacun∙es avoir leurs propre projets de plantation du moment que cela est compatible avec le climat. En dehors des cours théoriques, alors, tout∙es les apprenti∙es sont autorisé∙es à s'occuper de leurs plantes en tenant compte de leurs observations. Les élèves conservant cette matière ne manquant pas sérieux, Lily peut se détendre, à défaut de pouvoir fondre en larmes ou s'endormir - de détresse ou de soulagement, difficile à savoir.
« Alors, ce noisetier ? » s'informe Mr Londubat pendant qu'il fait le tour de la classe.
Lily hausse les épaules en continuant de dessiner le dit-noisetier. L'homme regarde le jeune arbre un instant en prenant des notes mentales pour lui-même. Il les partagera avec Lily en temps voulu, probablement après l'évaluation de ses compétences. Pour le moment il s'apprête à repartir mais s'arrête et prends une minute de plus :
« Je monte un groupe d'écomagie... pour aider l'écologie moldue avec nos moyens sorciers. Si jamais ça t'intéresse ou que tu veux en parler autour de toi n'hésite pas, il y a toutes les infos sur les affiches à l'entrée.
- Oh, d'accord, je vais y réfléchir.
- Et aussi, je me demandais si je devais toujours t'appeler Lily ? J'ai tiqué hier, quand Harry m'a parlé de ses fils.
- Oui, il ne sait pas. Je préfère qu'il ne l'apprenne pas. J'aimerai toujours qu'on m'appelle Lily, mais pas devant lui. Réponds rapidement l'adolescente en abandonnant toute consideration pour son noisetier.
- Très bien. Tu veux que je fasse passer le message aux autres professeurs ?
- Si ça ne vous dérange pas... » acquiesce Lily, soulagée.
Mr Londubat hoche la tête et reprends son mouvement pour continuer son tour des élèves.
Pour ne pas imaginer quelqu'un révéler son secret à son père, elle se focalise sur le groupe d'écomagie, puis dévie sur l'idée qu'elle n'a pas beaucoup d'ami∙es. À part Albus, Scorpius ou peut-être Hugo elle ne voit pas bien qui elle pourrait inviter.
Il y a bien cette fille croisée ce matin au toilettes, Léi, qui avait l'air triste. Voir d'autres personne lui permettrai peut-être de se distraire. Mais elle n'aime pas aller vers les autres.
Ce serait l'occasion de changer ça. lui murmure une voix dans sa conscience. Elle grimace. Se réponds qu'elle va y réfléchir.
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les apocalypses arrivent à tout les mondes
Random(Recueil) Il y a ce garçon qu'on prend pour une fille, cet autre qui hurle à la lune, celle qui ne veut pas tomber amoureuse ou cellui qui ne sait plus manger. Iels poussent des cris de révoltes mais personne ne les entends jamais.