Chapitre 28

16 6 0
                                    

Depuis mon prix récent j'enchaine mon travail personnel avec les commandes, les cours et le projet de bande dessinée avec une équipe professionnelle. C'est dur à suivre mais au moins ça évite à mon cerveau de trop penser. Vu que Hélio est désormais dans sa nouvelle école en internat, je n'ai plus trop de nouvelles, le portable étant pratiquement interdit.

Depuis que j'ai gagné, Neven m'a contacté via les réseaux, pour me féliciter. A partir de ce message nous nous parlons un peu plus souvent mais rien de grandiose. Finalement il me ressemble, loin de l'idée que je me faisais de lui.

L'odeur qui se dégage de la cuisine me fait relèver la tête de mon bureau pour observer Ezra en train de cuisiner. Grâce à l'argent que j'ai pu avoir je peux acheter de meilleurs produits et je n'ai jamais aussi bien mangé. Il est un vrai livre de recettes ambulant. Je me redresse, caressant la tête de Hope en passant puis le rejoint pour m'asseoir à table.

-Qu'a tu préparé de bon cette fois mon petit chef personnel ?
-Risotto calamar et chorizo.
-Je suis gâté.

Il reste souriant et me sert mon plat.

-Tu en es où de ton projet ?
-Ca avance doucement, on travaille surtout sur le scénario avant de commencer réellement la création.

Il hoche la tête et demande à la télé de s'allumer pour la regarder tout en mangeant. Je zappe quelques chaînes puis pose mon regard sur Ezra qui rangeait la cuisine.

-Tu sais que j'ai de la chance de t'avoir ?
-C'est plutôt moi qui ai de la chance.
-Ah bon ? Pourtant je ne fais rien pour toi...

Il redresse la tête vers la télé et en un clignement d'œil il lance une chaîne d'information, plusieurs boutiques de androïdes ont été dévalisées, brisées, certains maltraitent même leur propre robot. A croire que ça réveille des pulsions chez certains.

-Bordel..l'être humain me dégoûte.
-Et encore, certains pensent que nous sommes voué à leur plaisir sexuel également, comme je l'ai dit, j'ai aussi de la chance de t'avoir toi.

Mon regard croise le sien, échangeant un sourire.

-Je te ferais jamais de mal, et si c'est le cas un jour je t'autorise à riposter.
-Mes fonctions m'interdisent de faire du mal à un être vivant.
-Le contraire m'aurait étonné.

Je continue mon repas tout en regardant les informations puis je change de chaîne lorsque les images me soulèvent trop le cœur. Et dire que si quelqu'un détruisait Ezra, ca ne serait puni que de deux ans à peine, n'étant considéré que comme un "bien". Une fois mon dîner avalé je retourne travailler, ne voulant pas abandonner et profitant de ma motivation et ma détermination.

Quelques heures passent et la sonnerie de mon portable retentit. Je regarde par curiosité, croyant que c'était peut être enfin un de mes géniteurs qui se décident à me féliciter pour mon prix, mais non. C'est un message de Ella. Celà fait des mois que nous ne nous sommes pas parlé, et je me souviens encore de la dernière fois que je l'ai vu, dans ce restaurant avec le groupe. Elle m'explique qu'elle n'est plus en contact avec celui-ci, s'excusant même de son comportement. Je suis assez surpris mais je ne peux m'empêcher de me méfier encore une fois. Je réponds vaguement par un remerciement mais elle semble vouloir savoir ce que je deviens.

Je lui explique dans les grandes lignes et elle me félicite, bizarrement je crois qu'elle est sincère et ne semble pas vouloir renouer notre amitié. Ça devait juste être un vrai message d'excuse ne voulant pas s'imposer. Ça me fait tout de même plaisir mais je dois quand même garder mes positions, je ne veux pas retomber dans mes anciens travers alors que je viens tout juste d'aller mieux. Même si elle semble avoir changé c'est triste mais je ne veux pas prendre de risques.

Ayant mon portable en main je regarde tout de même mes messages, espérant encore que quelqu'un de la famille se soit décidé à me complimenter pour le concours mais rien, ils ont pourtant vu mon message mais ca doit leur faire ni chaud ni froid. Apparemment la réussite ne doit marcher que quand ça ne touche pas au domaine artistique. Mais je dois arrêter de vouloir leur avis sur ma vie. Maintenant je vais mieux, je dois en profiter et vivre comme je l'entends. Je lâche donc mon écran et reprend mon travail. Je sursaute lorsque un poids vient soudain sauter sur mes cuisses, la petite boule de poils noire semble vouloir dormir sur celles-ci. Ne voulant pas la déranger je la laisse faire tout en continuant mon travail.

Pour le scénario de ma bande dessinée, j'utilise des passages de notre vie avec Ezra, mettant également en scène notre agression. Que les gens comprennent enfin, même si je doute que mon histoire touche des gens tels qu'eux. Mais ça ne coute rien d'essayer. Le fait de replonger dans cette scène me serre le cœur mais je me dois de la mettre. C'est important.

Lorsque je redresse la tête sur mon horloge, il est déjà vingt heures. Je baisse le regard sur Hope qui restait endormie profondément. Sa patte étant complètement guérie, elle a enfin pris ses aises chez nous. C'est vrai que c'est un coût en plus mais au final je ne regrette pas de l'avoir adopté, au moins je suis sûr qu'elle ne finira pas battue ou noyée. Car oui nous avons évolué dans le temps mais les violences sur les animaux n'ont jamais cessées.

-Tu veux manger ?

Je tourne la tête vers Ezra et soupire faiblement.

-Je ne veux pas la réveiller...
-Je peux apporter une assiette.
-D'accord mais ne te prends pas la tête, à la limite un sandwich suffira.

Il hoche la tête puis en quelques minutes il revient avec ce que j'avais demandé, attiré par l'odeur Hope se réveille quand même et se met à grimper sur mon torse en miaulant, regardant le jambon entre deux tranches de pain qui semble bien appétissant. Je ris un moment et cède en lui donnant un bout, Ezra me regarde faire.

-Je sais je devrais pas, mais bon regarde la...comment résister avec ses yeux.
-Je comprends.

Il me sourit doucement et regarde les dessins que j'avais affichés sur mon mur, la plupart représente Hope et lui, car ce sont mes modèles préférés et de loin. Parfois l'ancien visage de Ezra me manque, mais au final je me suis bien habitué à ses tâches de rousseurs qui rendent son physique moins...parfait, même si celles ci ne sont pas un défaut loin de là, ça le rend juste un peu...humain.

EzraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant