Ezra

Chapitre 23

C'est encore une de ses journées ou je ne veux pas me lever, la force semble m'avoir quittée et ma motivation l'a suivie également. C'est toujours dur pour moi les week end car mon corps veut récupérer toute la souffrance morale de la semaine, mais c'est sans compter sur Ezra qui ouvre mes volets me faisant grommeler dès le matin.

-La journée est belle aujourd'hui, nous devrons sortir.
-Pas envie...
-Je t'ai laissé jusqu'à 10 heures pour te reposer, un peu d'air frais te ferait du bien.
-Tu dis ça tous les week end, je le prends chaque jour en sortant déjà la semaine !
-Mais ce n'est pas pareil, ton petit déjeuner est prêt je t'attends pour une promenade matinale.

Je continue de marmoner et lui lance un coussin qu'il rattrape facilement, le remettant en place avant de quitter la chambre. Je l'aime mais qu'est ce qu'il me fait chier le week end. Je finis par me lever tout de même, la lumière m'empêchant de me coucher de nouveau puis le rejoint à table pour manger. Il me laisse le temps de me préparer et de lui faire enfiler une veste et une paire de lunettes de soleil, depuis notre agression je ne le laisse plus sortir sans que sa vraie nature soit cachée. Nous passons ensuite le pas de la porte et commençons notre promenade.

Chaque week-end il m'amène jusqu'au parc habituel, je le soupçonne de vouloir y aller et de se servir de moi comme excuse mais je ne peux rien dire, il me répondra qu'il n'est qu'une machine sans sentiment.

Nous arrivons après quelques minutes au kiosque habituel et je m'assois sur un des bancs proches tandis qu'il lit une nouvelle fois les pancartes sur les animaux disparus. Il les connaît par cœur mais continue de les lire comme si c'était la première fois. J'observe les alentours un moment avant de reporter mon regard sur lui. Sa tête se tourne soudain vers un buisson sans que je sache la raison.

-Qu'est ce qui y'a ?

Il ne me répond pas et s'y dirige, je le suis avec prudence me demandant ce qu'il était en train de faire. C'est en entendant des miaulements et une boule de poile noire que j'ai compris. Ezra prend le chaton dans ses mains qui semblait mal en point.

-Il a une patte cassée, des puces et du coryza.
-Le pauvre...merde il faut faire quelque chose...

Je réfléchis un peu paniqué, je pourrais essayer le vétérinaire mais je n'ai vraiment pas les moyens de lui payer le moindre soin, mes parents ne m'ont pas versé un sous depuis ma dispute avec Liam, ma bourse est passée dans les courses et le loyer. Mais je ne peux pas laisser ce pauvre petit chat comme ça...

-Prends le on le ramène à la maison, je dois au moins avoir de quoi le nourrir...il sera mieux que dehors. Tu peux voir si il est pucé ?
-J'ai déjà vérifié, il n'a rien et vu son âge jeune c'est sûrement une portée récente qui à été abandonnée par leur mère ou leur propriétaire.

Je soupire de colère et de tristesse, comment c'est encore possible de nos jours...
Nous finissons par faire demi tour, le jeune chaton toujours dans ses mains. Une fois rentré, je m'empresse de trouver quelque chose pour le faire boire et le nourrir, je trouve une boîte de thon et quelques tranches de jambon et lui en sert dans une petite assiette accompagné d'un bol d'eau. Pendant ce temps, Ezra s'occupe de lui faire prendre un bain, il sera sûrement plus délicat que moi au vu de la patte cassée.

Ne voyant rien à cause de ses yeux larmoyant, nous l'aidons à se nourrir, je n'y connais rien en chat mais j'espère que rien de ce que je lui donne n'aggravera son cas.

-Tu...tu crois que ça va aller ? C'est bon pour les chats ca ?
-Elle a plus d'un mois alors elle n'a plus besoin de lait maternisé, ca fera l'affaire.
-Elle ? C'est une femelle ?
-Oui.

Je hoche la tête et vient caresser la jeune chatte en la regardant manger. La pauvre n'a que la peau sur les os.

-Je peux pas la laisser comme ça...mais...je ne pense pas avoir les moyens de la garder...Surtout qu'il lui faut des soins.
-Je suis désolé de ne pouvoir rien faire pour l'argent...

Je le regarde et sourit légèrement.

-Tu fais déjà beaucoup Ezra je t'assure, j'aurais juste aimé que quelqu'un m'achète un dessin ne serait-ce qu'une fois, ca aurait peut être pu payer au moins ses médicaments...

Je continue les caresses et mon sourire s'élargit en l'entendant ronronner. Ça me fend le cœur de ne pouvoir rien faire pour elle...

-Tu penses qu'on peut faire quoi avec ce qu'on a ici..?
-Je peux bricoler une atèle avec ce qu'on a dans ta pharmacie, mais je ne peux rien faire de plus. J'ai enlevé ses puces, elle devrait être plus à l'aise.
-D'accord on va faire ça, je dois avoir une couverture chauffante je vais la brancher et la mettre dessus.

Nous commençons notre installation pour la nouvelle colocataire temporaire puis une fois celle-ci plus détendue, elle s'endort sur la couverture. Je la regarde dormir, même avec son pelage abîmé elle a un charme, à l'époque on disait que les chats noirs portaient malheur. Ca lui rajoute encore plus de valeur je trouve, en espérant que cette rumeur soit fausse.

-Que penses-tu faire ?
Me demande Ezra, la voix plus basse.
-J'en sais rien...j'ai déjà pas les moyens pour moi même alors un chaton...je peux essayer les réseaux pour voir qui pourrait la récupérer, sinon il faudra que j'appelle la spa ou une association...mais déjà qu'elle est dans un piteux état j'aurais l'impression de l'abandonner si elle finit en cage.
-Même si c'est pour se faire adopter ?
-Ba elle est blessée, même si les chatons partent plus vite que les adultes le fait qu'elle ne soit pas en forme ca leur fait peur.

Il reste silencieux et nous restons immobile, j'ai un peu l'impression de me retrouver aussi inutile que lors de notre agression.