Lorsqu'il se se réveilla, Irwin avait les visages de Karel, Pjotr et Angela penchés sur lui. Le décor d'une grotte troglodyte l'entourait.
— J'ai mordi contien de bemps ? bégaya-t-il.
— On dit j'ai mordu, pas j'ai mordi, répondit Karel. Tu as dormi pendant près de trois mois et M. Tampon est mort.
— OK, fit Irwin, et pour de vrai ?
— Pendant un an et..., commença Angela.
— Ça va faire deux jours et trois nuits, coupa Pjotr.
Irwin se leva et rejoignit M. Leno Tampiar.
— Où sommes-nous ? J'ai tenté de nous envoyer à Ga mais..., commença-t-il. Il y a forcément une raison. Où sommes-nous ? répéta-t-il.
— Au sud-est de la chaîne de T'étala. Trinke, Taslim et Poseide sont à quelques jours d'ici, mais Ga est un peu plus loin, répondit M. Tampiar.
— C'est là-bas qu'on va ? À Ga ? demanda Irwin.
— Je pensais plutôt aller chez le Clan de l'Eau, j'ai un ami qui y habite, expliqua M. Tampiar.
— Oh, fit Irwin, déçu.
Un bref silence s'installa.
— On... on part quand ?
M. Tampiar sourit.
— Maintenant.
*
Après quelques jours de marche, ils arrivèrent aux portes de Poseide.
— On n'entre pas à Poseide comme dans une auberge, fit M. Tampiar. Il faut passer deux « test ».
La première chose visible était une ville médiévale. Les deuxièmes étaient : les écuries aux chevaux, la résidence des soldats et un tunnel. Les troisièmes choses étaient les barrières de bois couvertes d'inscriptions. Irwin s'approcha pour mieux les lire :N'écrivez pas sur les murs, ce que, naturellement, je fais !
Ne surtout pas donner à manger aux soldats !
Ville interdite aux taurijah
Ne pas profaner les tombes
Les ennemis ne sont pas les bienvenus (logique)
Attention aux branches d'arbres basses !
Je monte la garde
Pas de belliqueux dans notre cité
1 million d'habitants
— Irwin, fit Karel, on te parle, si ça t'intéresse.
— Suivez-moi, ordonna un soldat.
Irwin baissa la tête et pénétra dans le tunnel. Des torches éclairaient les murs gravés de traces d'ongles et l'on entendait le son des sources d'eau qui s'écoulaient. Le sentier en terre battue en disait long sur l'endroit ; le sol avait été foulé de nombreuses fois, l'odeur de pierre ancienne, de terre fraîche et de bois était dominante, mais sans toutefois être désagréable.
Soudain, ils arrivèrent à une croisée des chemins. À l'embranchement, un petit homme au ventre rebondi, vêtu d'une tunique beige, ainsi qu'un autre au front dégarni, petit et maigre, arborant les mêmes vêtements, se tenaient là, l'un l'air enjoué, l'autre ennuyé.
— Mon nom est Bjärk, fit l'homme au ventre plantureux.
(La soupe est bonne à la maison, glissa Karel à Irwin.)
— Leno Tampiar, enchanté.
— Depuis combien de temps ne vous êtes vous pas lavés ? demanda d'un air inquisiteur l'homme fluet, les narines agitées d'un frisson.
(Non mais de quoi j'me mêle ?! s'exclama Karel.)
— ..., chuchota, embarrassé, M. Tampiar.
(C'est vrai, n'empêche, ça fait combien de temps ? fit Karel.)
— Je vois ça, fit l'homme qui ressemblait à un moine.
— Au bain, s'exclama joyeusement Bjärk.
(Dis tout de suite que je pue ! Je veux pas, je veux pas, veux pas, veux pas, VEUX PAS !)
Karel avait dit le dernier veux pas à haute et intelligible voix.— Ça suffit, fit durement Bjärk. Soit vous allez dans cette crénom de nom de fichue baignoire, soit on vous fiche dehors.
— Quoi ? Mais ça fait trois-cents qu'on est dans cette bouse de tunnel ! dit Karel.
— Alors, déjà, petit imbécile de service, tu vas la fermer, te calmer et arrêter d'être vulgaire si tu veux pas que j'te fracasse ta p'tite figure de limace.
— C'est l'hôpital qui s'fout d'la ..., marmotta Karel.
Après s'être lavés, ils sentaient... Je ne sais même pas ce qu'il sentaient ! Ils émanaient un arôme extraordinaire : si vous ne faisiez pas attention, vous ne sentiez rien de particulier, mais dès que vous vous y intéressiez un peu plus, une délicieuse senteur venait caresser vos narines.
Bref, après s'être lavés, ils continuèrent leur chemin plein est. Il y eut un deuxième contrôle, pour les armes, qui se fit sans interruptions.
Puis ils arrivèrent en ville. Les rues étaient étroites, les maisons étaient en colombages, et les écriteaux indiquaient un certain Castel Rovanion à l'est.
— Non, mais, on a remonté le temps, ou quoi ? grogna Karel, toujours bougon.
Pjotr sourit mais ne fit pas remarquer que les rues étaient beaucoup trop propres pour qu'ils soient au Moyen-Âge.
— Bon, fit Leno, nous avons une destination, on ferait bien d'y aller.
Ils parcoururent les rues, passant devant des commerçant, des échoppes, des auberges, des tavernes, des points d'eau, des thermes...
Ils s'arrêtèrent devant une maison qui se serait bien écroulée si elle ne s'était pas trouvée entre deux propriétés de bourgeoisie.
Leno Tampiar saisit le heurtoir — en forme de... était-ce bien une tête réduite ? — et frappa à la porte, qui s'agita sur ses gonds.
Un homme ouvrit la porte. Il n'avait qu'une jambe, se retenait à une unique béquille de bois, arborait un superbe médaillon bien astiqué, portait des vêtements en lambeaux, des piercing ou anneaux d'or étaient piqués sur sa narine, sa lèvre, ses oreilles, son arcade sourcilière, sous son œil et ses cheveux s'échappaient de son catogan, encadrant un visage émacié à la peau cuivrée, dont le menton était recouverte d'une barbe naissante.
Quand il leva sa main pour serrer celle de Leno Tampiar, elle apparut aux yeux d'Irwin comme étant dure, ferme et travailleuse.
— Leno, cela fait si longtemps..., fit-il d'une voix rauque, cassée, rocailleuse, grave et douce. Depuis que tu as quitté...
— Ce fut une erreur, Doni, coupa M. Tampiar. Et c'est pour moi un plaisir de se revoir enfin, après tant d'années.
Les larmes aux yeux, ils se serrèrent la main et se firent une accolade.
— Oooh, un palindrome, fit Pjotr, les yeux tournés vers le ciel.
Irwin leva la tête et lut le nom de la propriété :
AUBERGE DE GREBUA
VOUS LISEZ
🌹𝙡𝙖 𝙡𝙪𝙚𝙪𝙧 𝙙𝙚𝙨 𝙮𝙚𝙪𝙭 𝙙𝙚 𝙘𝙤𝙧𝙣𝙖𝙡𝙞𝙣𝙚
ParanormalLe Livre de Leno - Tome 1 - La lueur des yeux de cornaline /!\TERMINÉ/!\ Un collégien de onze ans va se retrouver piégé dans un monde parallèle avec ses amis. ***** Irwin Illif est un élève d'une très grande banalité. Il adore un livre, 𝑬𝒍𝒂𝒕𝒉�...