Chapitre 26 : LE DELTA ET LE MAGE

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Marzel éperonna son cheval et ils purent arriver rapidement dans la Forêt. Elle avala une quantité considérable de l'eau du Fiken, sortit sa tête de la rivière et respira une grande bouffée d'air frais.

Un homme de haute stature, solide et bien bâti se tenait face à elle. Il arborait l'armure d'argent serrée de lacets rouges et agrémentée de crânes d'or de l'armée de Sian. Ses cheveux étaient d'un roux presque rouge, ses yeux étaient noirs et perçants, son nez était cassé et sa peau, d'habitude relativement pâle était maintenant hâlée par les journées passées au soleil.

— Soska ! s'écria-t-elle.

— Bonjour, Marzel, répondit-il, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

Ils avaient fait connaissance lorsqu'elle et Flamel étaient venus à Sian afin de réclamer l'aide du peuple de la Forêt.

— Quel bon vent t'amène ? demanda Soska.

— Je pourrais te retourner la question, répondit Marzel en souriant.

— Oh, je patrouillait simplement. Alors ?

Marzel désigna du menton la blessure de Flamel.

— Sardionite, expliqua-t-elle. Je l'emmène voir le Mage d'Améthyste.

— Ooh ! Le Delta est un très joli coin. Mais je vais hélas devoir te laisser.

Marzel opina du chef et le suivit des yeux lorsqu'il disparut derrière les arbres.

Le soir, quand elle arriva à destination, elle comprit que « le Delta est un très joli coin » était un euphémisme, et que, même ce qu'elle venait de comprendre en était un.

Les eaux du Delta semblaient faîtes dans un cristal liquide éblouissant. Le soleil se reflétait légèrement par endroits, si bien qu'une myriade de petites formes blanches apportaient leur lumière sur cette gigantesque clairière. L'eau variait d'une couleur lavande à de l'indigo, ou du bleu pastel, comme une sorte de labradorite creuse dans laquelle s'écoulerait de l'eau. Lorsque Marzel se déchaussa et entreprit de traverser le cours d'eau à gué, elle ressentit la tiédeur du Delta d'une étrange façon. L'eau ne lui semblait pas vraiment liquide et pourtant l'était. Des poissons d'argent s'approchaient sans crainte d'elle et contournaient tranquillement ses chevilles.

Après avoir traversé le cours d'eau en traînant Flamel derrière elle, Marzel se laissa guider par ses pas et parvint à un ravissant petit cottage. Elle poussa le portail en bois flotté et pénétra dans la propriété. L'herbe était d'un vert époustouflant et elle aperçut un petit potager fort bien entretenu, ainsi qu'un cerisier, un pommier, un fraisier et un framboisier. Marzel emprunta l'ailée de cailloux blancs jusqu'à la porte, saisit un heurtait de bronze en forme de griffon et frappa trois coups : toc toc toc.

La porte s'ouvrit d'elle-même et Marzel entra dans le cottage. Elle ne s'en était pas encore aperçu jusqu'alors mais les murs étaient parfaitement circulaires, ce qui faisait que les meubles devaient s'adapter à cette forme. Elle installa Flamel dans un fauteuil puis regarda mieux autour d'elle.

Dans un coin, elle put voir dans un évier de pierre une éponge qui faisait la vaisselle toute seule. Dans la cheminée, un feu couleur de bleuet craquait joyeusement, envoyant des étincelles un peu partout. Sur un minuscule feu de camp, une soupe de maïs bouillonnait à l'intérieur d'une marmite tout aussi minuscule, ou ne tenaient que un ou deux bols de liquide. Marzel allait continuer à détailler la pièce quand une voix l'interrompit :

— Bonjour, Marzel.

L'interpellée se retourna, porta sa main à sa taille pour saisir sa flamberge et frémit en voyant que l'inconnu qui lui avait parlé jouait avec en la lançant dans les airs.

🌹𝙡𝙖 𝙡𝙪𝙚𝙪𝙧 𝙙𝙚𝙨 𝙮𝙚𝙪𝙭 𝙙𝙚 𝙘𝙤𝙧𝙣𝙖𝙡𝙞𝙣𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant