Maria, partie 02

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J'avais gardé le message de Maria. Cette sublime photo de son sein lourd offert à mon regard gourmand. Je lui avais envoyé un sms laissé sans réponse depuis plusieurs jours. Hors de question de surenchérir avec de nouveaux messages ou une photo de ma propre nudité, j'aurais tôt fait de passer pour un affamé de bas niveau, et vu sa manière de jouer avec moi, elle n'attendait peut-être que ça. Je ne savais pas trop à quel jeu elle comptait jouer avec moi, mais j'étais étrangement attiré par ce comportement erratique. Maria était imprévisible, certains oseraient dire instable. Les jours passaient sans qu'elle ne daigne me répondre, alors je suis passé à autre chose.

Et puis un soir, comme ça, j'ai reçu un message de Maria sur Blaze.

— Ça va ?

De quoi ? Elle ne me répond pas depuis un mois, pour finalement venir tailler le bout de gras en apparaissant comme un cheveu sur la soupe. Mais que me veut cette fille ?!

— Ça va... dis donc, ça fait longtemps...

La belle m'explique qu'elle délaisse un peu Blaze, non pas parce qu'elle a trouvé quelqu'un, mais il lui arrive d'en avoir marre de sa routine 2.0 et de mettre sa vie numérique en pause pour une durée indéterminée.

— Tu m'avais laissé sur une note particulièrement sucrée en plus... ai-je lâché, cherchant à revenir au sujet qui m'intéressait ce soir-là : pourquoi me teaser de la sorte ?

— Ah oui c'est vrai... ça t'a plu ??

Et comment que ça m'a plu. Mais ça elle le savait, alors j'ai préféré ne pas trop en dire ; après m'avoir mis au placard pendant un mois, c'était dorénavant à elle de passer à l'offensive.

Maria me demanda si j'avais quelqu'un dans ma vie en ce moment, lorsque je lui ai répondu que je n'avais rien de sérieux, juste des flirts d'une nuit, elle me lança « Oh comme moi lol ! »

Elle me partagea des captures d'écran des conversations qu'elle entretenait avec ses trois bords du moment. En lisant les monologues maladroits de Julien, Axel et Thomas, je me demandais si Maria leur partageait également notre fil de discussion. En y réfléchissant je me demande si elle ne jouait pas à l'appel d'offre en dévoilant ces conversations privées. Je n'ai jamais été dans un esprit de compétition, et je ne suis pas de nature jalouse ; mais si ça l'excite de se sentir convoitée par plusieurs hommes en même temps, qui suis-je pour juger ? Et puis malgré le temps passé sans avoir eu de nouvelle d'elle, je n'oubliais pas l'effet qu'avait Maria sur moi.

Comme je ne cédais pas à la crise de jalousie attendue, Maria m'envoya une nouvelle capture où elle partageait à l'un de ses prétendants une photo particulièrement explicite de ses fesses rondes prises depuis un grand miroir. Manière détournée de me l'envoyer également.

— Wow, la chance...

— De quoi ?

— D'avoir droit à ce genre de photo ! Ça donne envie.

— Lol t'es bête.

À ce rythme on aurait pu continuer pendant deux ans encore. J'avais un mal fou à la cerner. C'est comme si deux Maria cohabitaient dans le même corps. D'un côté une femme extrêmement sexuelle, et de l'autre une adolescente qui cache sa timidité par des sursauts de maladresse.

Perdant patience face à cette discussion schizophrène, j'ai proposé à Maria de se voir le week-end-même histoire de parler de vive voix autour d'un café. En général je n'attaque pas aussi directement, mais un refus de sa part aurait été une porte de sortie toute trouvée pour ne plus perdre mon temps avec un fantasme insaisissable.

Mais contre toute attente, elle accepta.

J'ai passé les jours suivants à me dire qu'elle ne viendrait sûrement pas à notre rendez-vous, d'autant qu'elle se fit d'un coup bien plus discrète sur Blaze.

Mais elle vint au rendez-vous. Avec une demi-heure de retard certes, mais faut bien se faire désirer non ?

Elle avait une jolie veste crème couvrant un débardeur noir qui ne pouvait dissimuler cette imposante poitrine. Elle s'avança vers moi avec des grands yeux brillants et une moue timide : adorable. C'est là que j'ai compris toute la beauté de Maria. Elle était d'une beauté précieuse, qui ne se dévoile qu'au croisement de regards. J'avais du mal à la quitter des yeux alors qu'on s'installait à l'intérieur du café pour commander.

Elle était auxiliaire de puériculture, et même si je ne savais pas en quoi consistait vraiment ce métier, je savais qu'elle bossait avec des enfants et qu'elle s'y sentait à sa place. Elle était fille unique et vivait avec une mère célibataire qui pesait sur elle telle une ombre menaçante.

Maria avait un énorme manque de confiance en elle, dépendante d'une mère qui lui en voulait injustement pour ses propres erreurs. Elle avait fini par se convaincre qu'elle était effectivement immature, alors elle gardait le silence, sa meilleure carapace face à cet environnement toxique.

Le visage sexuel de Maria ne se dévoilait que lorsqu'elle s'autorisait à lâcher prise ; soit parce qu'elle avait passé une bonne journée, ou au contraire lorsqu'elle se sentait étouffer et qu'elle avait besoin d'envoyer chier ce monde agressif.

Je me suis immédiatement pris d'une affection sincère pour Maria à partir du moment où elle m'a laissé entrevoir son âme tiraillée. Nous avons discuté jusqu'au coucher du soleil, sans flirt plus avancé qu'un toucher de main ou une bise sur la joue pour ponctuer un rire communicatif.

Je l'ai accompagnée jusqu'à son métro, aucun de nous deux ne voulait partir. Elle commença à manipuler mon manteau, frotter ses plis, retirer les poils accrochés, sa poitrine frottant mon torse à mesure qu'elle s'amusait. Les signaux étaient assez lumineux pour un idiot comme moi.

On s'est embrassé pour la première fois.

Ma main s'est posée instinctivement sur sa chute de rein, sa poitrine s'est écrasée sur mon torse tandis qu'elle saisissait le col de ma veste pour me garder prisonnier de ses baisers. Sa bouche pulpeuse, fruit de mes fantasmes des mois passés, était douce et fraiche contre la mienne.

J'avais envie de l'embrasser langoureusement, recouvrir son cou de baisers, tout en malaxant cette poitrine dont le décolleté faisait exploser mon imagination luxurieuse. Mais on ne se lance pas dans les préliminaires devant une bouche de métro bondée, surtout quand Robert Doisneau n'est pas là pour immortaliser l'instant.

Alors je l'ai regardée prendre l'escalator, déjà impatient de notre prochain rendez-vous. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un vrai rencart à l'ancienne, qu'on n'avait pas pris le temps de s'approcher. On ne prend plus le temps, c'est dommage.

Le soir venu je ne me suis pas connecté sur Blaze, j'aurais eu l'impression de briser la magie de ce rendez-vous. Je suis resté éloigné du net, et j'ai lancé une série avec assez d'épisodes pour m'endormir devant. Au générique de l'épisode 2, j'ai reçu un message. Le temps que je récupère mon téléphone, j'en avais reçu un autre, et encore un autre !

Maria m'envoyait une rafale de photos. Visiblement elle était sortie aussi frustrée que moi de notre rendez-vous. Un selfie de la belle glissant sa langue experte sur ses lèvres charnues ; une prise de vue depuis le miroir de sa chambre pour mettre en avant la rondeur parfaite de ses fesses à travers sa nuisette noire légèrement transparente ; et un selfie excessivement provoquant de la belle tirant cette longue langue rose sur un téton dur parfaitement dessiné.

La simple vision de ces quelques photos suffit à m'exciter, et à provoquer une érection que mon boxer ne pouvait camoufler. Je pris une photo du boxer déformé par mon sexe, puis une autre de mon gland sortant légèrement du tissu, puis une dernière de mon miroir à travers duquel on me voyait allongé sur mon lit, le sexe totalement sorti et reposant dans le creux de ma main. J'envoyais la première photo, puis attendais la réaction de ma belle... Et ainsi de suite.

— Je termine plus tôt demain si tu veux qu'on se voit ;) a-t-elle conclu.

LE JOURNAL DE MAXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant