Chapitre 10 : Coaching, last day.

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*PDV Carlos*

Elle se redressa à son tour sur le matelas, prise au piège par ma question brusque. Elle s'y attendait, c'était sûr. Elle savait que je ne tiendrai pas longtemps dans ce déni. Le désir et l'envie de tout savoir me dévorait intérieurement depuis tout à l'heure.

Elle n'osait même plus me regarder, elle nageait dans le vide en fixant les draps. Je l'avais perdue. Elle semblait réfléchir à ce qu'elle dirait sans trop en dire non plus. Elle voulait choisir ses mots avec précaution et c'était tout le contraire de ce que je voulais. Je voulais qu'elle s'explique, qu'elle m'explique tout sans trier ses mots.

"Je... J'ai fait un cauchemar hier soir car j'appréhendais l'entrainement d'aujourd'hui. Mon père a déjà utilisé beaucoup d'armes chez lui à de multiples reprises chez moi et..."

J'essayais de paraître le moins intimidant possible pour ne pas la brusquer.

"C'était pas, c'était pas pour s'entraîner... il tuait des personnes chez moi quand j'étais encore jeune." Dit-elle en jouant avec ses doigts.

J'analysais tout ce qu'elle me disait avec attention pour ne pas manquer un seul détail.

"Il les invitait chez lui, il m'ordonnait de m'enfermer dans ma chambre sans ouvrir jusqu'à ce qu'il revienne. J'entendais des coups de feux et lorsqu'il revenait, il me laissait penser que j'hallucinais. Il voulait me faire passer pour une folle." Affirma-elle en prenant plus d'assurance.

"Jusqu'au jour où j'ai vu, le sang par terre, sa chemine ensanglantée et que j'ai compris. J'ai compris pourquoi il me cachait et qu'il ne me disait rien. Il voulait pas que je sache qu'il était un meurtrier."

Elle reprenait son souffle avant de poursuivre. Je la voyais jouer avec ses ongles sûrement mangée par le stress et l'anxiété qu'elle éprouvait.

"Ma maman était toujours absente quand ça arrivait. Elle ne l'a jamais su. Mon père m'obligeait à tenir le secret ou je serai punie. Lorsque j'ai découvert la vérité, notre relation a dégénéré.

Elle jeta un rapide coup d'œil pour voir si j'écoutais toujours. J'étais absorbé dans ce qu'elle racontait, je ne la lâchai point du regard.

"Je continue ?" Demanda-elle hésitante.

"Si tu te sens alors oui." M'empressai-je de dire.

"Ma maman décéda peu de temps après. Mon père l'avait engouffré dans ses problèmes d'alcool et ça s'est mal fini."

Elle marqua une pause et moi aussi. Elle venait de m'avouer quelque chose qui lui pesait énormément. Elle respirait en remémorant cette période qui a dû s'avérer affreuse.

"Je suis désolé." Dis-je timidement.

Elle sourit doucement, reconnaissante mais je voyais bien que ça ne changerait rien à ce qu'elle a vécue. Ça ne changerait rien à la peine immense qu'elle avait ressenti et qu'elle ressentait encore. Elle avait perdu un être qui lui était très chère, un être qui n'aurait jamais dû partir de sitôt.

"Du coup, j'ai été sous la totale responsabilité de mon père. À partir de là ont commencé beaucoup de choses et dedans, se trouvaient beaucoup d'armes, de menaces et..."

Elle leva la tête vers moi, perdue avant de conclure.

"Et voilà." Dit-elle avec un petit sourire attristé.

C'était donc ça. Cette partie de sa vie qui l'avait rongée et encore aujourd'hui. Les armes avaient fait appel à des souvenirs qu'elle tentaient tant bien que mal d'enfouir au fin fond de son esprit. 

Son RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant