Chapitre 18 : Sur la route.

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*PDV Emma*

- De Judith : 'Ahah, toujours ce même humour qui m'invite à penser que tu vas réellement bien. Je suis bien contente d'apprendre que tout se passe bien, apparemment. À très vite ma jolie et n'hésite pas à m'écrire, tu me manques... :( '

En me frottant les yeux, claquée, j'ouvris le message de ma meilleure amie, qui était en réalité la réponse à mon message de hier soir. J'admis une réaction "J'adore" à son message, en me laissant retomber sur les draps, avec une certaine envie de retourner dormir.

Mon corps avait subi un sacré choc hier soir, après tout l'alcool que j'avais avalé durant cette soirée qui me paraissait très lointaine jusqu'à présent.

Durant plusieurs semaines, je n'avais pas échangé un seul mot avec mon père. Comme un fantôme qui nous hante durant des années, qui disparait enfin avant de revenir comme une douce petite fleur innocente et gentille dans votre vie.

Sauf que lui, était tout sauf une douce petite fleur innocente et gentille.

Il en était l'entière opposé.

Il était ce cauchemar qui perturbe notre nuit de sommeil.
Il était cette tâche d'encre sur votre vêtement qui ne partait pas.
Il était ce nuage noir et sombre qui recouvrait l'entièreté du ciel bleu et lumineux.

Il était la noirceur, l'aspect sombre de la vie.
L'enfer, le diable.

Et aussi, mon père.

Cet échange m'avait bouleversée sur le moment, comme prise dans un ouragan et n'arrivant pas à m'en détacher. Il avait énoncé d'horribles choses me concernant, sans aucun remord ni regret, comme s'il pensait sincèrement tout ce qu'il disait, comme si ses propos ne détenaient aucune gravité.

Il m'avait parlé avec une légèreté si présente, que je n'arrivais même plus à m'accrocher à l'idée que tout ceci était vrai.

Je voulais croire au cauchemar, je voulais me réveiller, des gouttes de sueurs sur le visage, une respiration saccadée ainsi que des mains moites.

Je le voulais fortement. Mais à tout l'opposé de ça, il m'avait décroché de la réalité. Il m'avait projetée dans une dimension parallèle, une bulle où plus personne n'existait autour de moi, à part moi.

J'avais ignoré toute parole de Megan, tout regard de Marcus, toute attention de Flavio. J'étais seulement concentrée sur mes faits et gestes pas tout à fait nets. J'avais même laissé de côté mes propres pensées, comme si elles n'avaient plus aucune valeur.

Il ne restait que lui dans ma tête. Lui, et ses paroles meurtrières.

Voilà longtemps qu'il aurait du se débarrasser de toi.

Ses paroles m'avaient tranché la gorge, à tel point que je me rappelais la peine que j'avais à reprendre un rythme respiratoire régulier.

Mon père était mon pire cauchemar. Et il l'avait toujours été. Cette énième soirée en était la preuve.

Etait-il sous l'effet de l'alcool ? De la colère ? De l'esprit de vengeance ? De l'inquiétude pour son cartel ? De la déception qu'il ressentait à mon égard ? Ou était-il tout simplement ravi de me balancer ses mots, aussi dur qu'une arme blanche, à travers un téléphone ?

Mes questions n'avaient aucune importance maintenant. Je réalisais, au fil de mes réflexions, que j'avais définitivement perdu ma dernière famille. Ma famille originelle.

Je n'avais plus que Judith à mes côtés, c'était celle qui me montrait le plus d'amour et de quiétude envers moi. Judith, était comme ma grande sœur. Protectrice, exemplaire, soigneuse, drôle, pénible, collante, adorable, généreuse, aimable.

Son RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant