Clair-obscur - TOME 2.

Chapitre 12 : Nora.

Lundi 29 avril 1985.

Point de vue de Caitlin.

Deux semaines viennent de s'écouler, je me suis déjà adaptée à ma nouvelle vie et j'essaie de voir le bon côté des choses et d'oublier Billy, même si je crois que je n'y arriverai jamais. Cependant, durant ces deux dernières semaines, je me suis rendu compte de quelque chose.
On s'est énormément rapprochée avec Nora, j'ai appris à la connaître et elle est merveilleuse. Elle est toujours là pour moi et je me pose beaucoup de questions sur ce que je ressens pour elle. C'est plus fort que de l'amitié, mais je n'ai jamais ressenti ce genre de choses pour une fille et cela me fait très peur.
On finit les cours à 13h aujourd'hui, et avec Nora on a prévu d'aller faire un pique-nique dans le parc à côté de chez moi, on a été faire quelques courses ensemble et on s'est ensuite rendu à ce fameux parc.

— « Heureusement qu'il fait beau aujourd'hui. Me dit-elle.
— Tu m'étonnes ! On n'aurait pas pu faire ça sous la pluie.
— Comment tu te sens ?
— Tu m'as déjà posé la question trois fois aujourd'hui.
— Je sais, mais je m'inquiète. Je veux que tu te sentes bien.
— Ça va Nora, ne t'inquiète pas. Et j'en ai marre de parler de moi, parle moi de toi, qu'est-ce que je ne sais pas sur toi ?
— Oh... Bah pleins de trucs.
— Tu ne m'as jamais parlé de ta famille ?
— Parce que je ne les considère pas comme ça.
— Pourquoi ?
— Ils me détestent... Ma naissance n'était pas voulue, ma mère est tombée enceinte par accident et d'après eux, je leur ai apporté que des problèmes. Ils me pourrissent la vie et ils veulent juste que je me casse de la maison, s'ils pouvaient, ils me mettraient dehors.
— Oh Nora... Mais pourquoi tu ne m'en a pas parlé ?
— Je déteste me plaindre, y'a tellement pire que moi.
— Tu as le droit de te plaindre, surtout avec moi, tu sais très bien que je ne te jugerais jamais.
— Je me sens un peu mieux depuis que je t'ai rencontré, c'est pour ça que je veux toujours qu'on se voie, ça m'évite d'être chez-moi...
— Décidément...
— Quoi ?
— Non c'est juste que... Je n'attire que ce genre de personne. Billy... Il avait aussi des problèmes avec son père et il passait son temps chez-moi pour éviter d'être avec lui.
— Tu es notre sauveuse alors.
— Pas vraiment... Mais je suis désolé que tu vives tout ça et tu es la bienvenue chez-moi quand tu veux.
— Je peux... Te prendre dans mes bras ?
— Oui, bien sûr ! »

Elle s'est approchée de moi et elle m'a serré contre elle. Je crois que c'est la première fois que je me sentais aussi bien depuis que j'ai déménagé.
Quand je me suis retirée de son étreinte, on s'est retrouvées à quelques centimètres l'une de l'autre et sans que je ne comprenne quoi que ce soit, elle m'a embrassé. Je ne m'y attendais tellement pas que je me suis tout de suite reculée.

— « Oh pardon ! Je suis désolé, je croyais que... Me disait-elle, gênée.
— Non, ce n'est pas ça le problème. Tu... Me plaît beaucoup Nora, je ne savais pas que je pouvais ressentir ce genre de chose pour une fille avant que je te rencontre, je découvre ça et c'est bizarre pour moi, tu vois...
— Mais y'a un mais ?
— Oui.
— Ton ex ?
— Justement... Je ne le considère pas comme mon ex.
— Vous n'êtes plus ensemble donc techniquement, c'est ton ex. Mais je comprends.
— Je suis désolé, c'est compliqué. Tu me plaît énormément, mais je l'aime toujours, c'est trop récent et je ne peux pas l'oublier comme ça. On a vécu quelque chose de fort.
— Je comprends, mais... Tu ne veux pas me laisser une chance ? Peut-être que j'arriverais à te le faire oublier. S'il te plaît.
— Nora, si ça ne marche pas, je ne veux pas te faire de mal... Je ne veux pas que tu me détestes.
— Tu sais quoi ? Je suis prête à prendre le risque pour toi. Je sais très bien à quoi m'attendre, je n'ai rien à perdre et tout à gagné. Mais est-ce que toi tu veux prendre ce risque ?
— Je veux bien essayer, mais vraiment je ne veux pas que tu souffres à cause de moi.
— T'inquiètes pas, je t'ai dit que j'étais prête à prendre ce risque alors, peu importe ce qu'il se passe, je ne t'en voudrais jamais.
— Tu es vraiment sûre ?
— Oui, je n'ai jamais ressenti autant de bonheur alors je vais me battre pour toi. Je crois que... Je t'aime.
— Nora...
— Je sais, c'est encore trop tôt pour toi, prends ton temps.
— Merci d'être aussi compréhensive.
— Est-ce que je peux... T'embrasser encore ?
— Avec plaisir. »