: ̗̀➛ 𔘓 soupir de la rose (;𝙘𝙮𝙣𝙤𝙣𝙖𝙧𝙞) EN PAUSE

la colère d'un père

[ 🌸 ]

La colère était le sentiment le plus dangereux qui soit.

La colère entraîne la vengeance. Le deuil entraîne la vengeance. L'amour entraîne la vengeance.

Au final, il n'y avait plus aucune autre solution, pas vrai ?

- Tighnari.

Le botaniste fut tiré de ses pensées sombres et vengeresses par une voix familière. Son dernier patient, Kaveh. Le blond avait suffisamment récupéré pour venir les aider dans leur mission, malgré les nombreuses réticences d'Al Haitam qui ne voulait pas le mettre en danger. Cela avait à la fois touché et vexé l'architecte qui lui avait crié qu'il n'avait besoin ni de rien ni de personne et encore moins de lui... Avant de se faire couper par les lèvres de son colocataire sur les siennes. Dégouté, Tighnari préférait ne pas savoir ce qui s'était passé ensuite.

- Qu'est-ce qu'il se passe, Kaveh ? En manque d'Al Haitam, c'est ça ?
- À cran parce que Cyno est parti voir Nilou et Dehya, pas vrai ?

Un sourire sarcastique vint étirer les lèvres du fennec. Touché.

- Dis donc, mais c'est que tu commences à me connaître, toi.
- Je commence surtout à maîtriser le langage Tighnari.
- Ça veut dire quoi, ça ? répliqua sèchement ce dernier. Il songea avec douleur que si elle avait été là, Collei aurait sans doute répondu en riant que c'était à cause de son mauvais caractère et de ses remarques qu'on avait donné un nom spécial à ce type de réponses acerbes. Il se pinça l'arête du nez. Quand est-ce que tout irait mieux ? Quand est-ce que tout ce qui l'entourait arrêterait de lui faire penser à sa défunte élève ? Ne pas avoir été là lors de ses derniers instants, ne pas avoir entendu ses dernières paroles le pesait lourdement. Mais la seule chose qui le réconfortait, c'est qu'il savait qu'elle avait été heureuse ici.

Kaveh parut comprendre qu'il était perdu dans ses pensées et ne répondit rien, attendant une réaction qui tarda à venir.

- Excuse-moi, souffla le jeune homme avec une certaine lassitude. C'est juste que je...
- Je ne t'en veux pas, Tighnari. Personne ne t'en veut.

Sa gorge se noua et brusquement, il sentit le besoin urgent d'être seul.

- Tu-
- Oui, j'avais des trucs à faire de toute façon, je m'en vais de ce pas.

Et il disparut sans demander son reste. Finalement, Kaveh finissait par le comprendre, de plus en plus. Ils s'étaient ainsi indéniablement rapprochés. Tighnari souffla tristement, posant sa tête dans les paumes de ses mains. Il était en colère. Où était donc Cyno ? Que faisait-il loin de lui aussi longtemps ? Était -il avec Nilou à cet instant précis ? La jalousie lui étreigna le cœur. Il voulait Cyno, ici et maintenant. Pour lui tout seul.

C'est en se faisant la remarque qu'il se rendit compte de son attitude. Depuis quand était-il comme ça, à vouloir s'accaparer Cyno qui n'était en aucun cas un objet ? Le général, en plus libre comme l'air, n'appartenait à personne. Depuis quand son absence pesait si lourd dans son coeur ? Pourquoi pleurait-il autant, inconsolable, et seul son copain réussissait à le calmer ? Comment pouvait-il autant dépendre de quelqu'un ? Ce n'était pas lui. Il devenait fou. Il était terrifié. Paralysé par la peur. Et s'il se retrouvait tout seul ?

Il s'effondra dans un cri plaintif. On aurait dit un animal. Il se mit les mains sur la tête, assis par terre, recroquevillé sur lui-même dans l'obscurité de la pièce, pleurant à chaudes larmes. Collei. Elle n'était plus là. Cyno. Il allait partir. Lui. Il serait seul, pour toujours. Il allait mourir dans la solitude. Plus personne ne serait là à la fin. Il se mit à haïr la mort pour lui avoir pris sa fille de coeur, et pour le laisser abandonné. Il ressentit une crainte sans fin en s'imaginant seul dans l'obscurité. Collei. Avait-elle peur au moment du jugement dernier ? Et Cyno ? Cette fille était-elle si gentille, belle et intéressante ? Pensait-il à elle autant qu'il pensait à lui ? Riait-il avec elle ? Tighnari poussa un gémissement de douleur et se mit à trembler de tout son être. La vue trouble, les muscles gélifiés, les larmes qui dévalaient à torrent, il était méconnaissable. Il était fatigué. Seul. Brusquement sa respiration devient saccadée, et l'air eut de plus en plus de mal à parvenir jusqu'à ses poumons. L'angoisse qui l'envahissait était si grande qu'elle finit par lui couper le souffle. Il voyait des étoiles. L'espoir avait disparu, le laissant nez à nez avec la terreur. Il se sentit faiblir et sa tête heurta le sol, avant qu'il ne succombe à ses démons.