Stiles rabattit les draps sur son corps avec une fatigue et une lassitude palpable. Il aurait pu se sentit honoré ou disons plus qu'heureux de la proposition de Derek. Le légendaire loup grognon l'invitait à dormir chez lui pour lui éviter de passer la nuit dehors ! C'était du jamais vu. Quelque chose qu'il avait toujours désiré. Même dans ses rêves les plus fous. Et pourtant, il n'éprouva aucune joie alors qu'il se trouvait dans le lit de la chambre d'amis, à l'étage du loft. A deux pièces de la chambre de Derek. Non, il ne se sentait pas particulièrement bien. C'était ça, d'avoir un cerveau hyperactif comme le sien. Il pensait sans arrêt, ne s'arrêtait que rarement de réfléchir. Les mêmes idées tournaient en boucle dans sa tête.
Stiles attrapa son téléphone, posé sur la table de nuit et retira le mode avion, qu'il avait enclenché à son départ de la maison. Quelques messages s'affichèrent. Trois de Stuart et deux de Thomas. Evidemment qu'ils s'étaient réveillés en pleine nuit. Evidemment qu'ils l'avaient entendu partir. Evidemment qu'ils le fliquaient. Ces deux idiots étaient capables d'aller le chercher dans la forêt. Mais ils ne le trouveraient pas. Parce que la proposition de Derek s'était faite là-bas, oralement. Ni Thomas, ni Stuart ne pouvaient savoir qu'il se trouvait au loft, dont ils ne connaissaient évidemment pas l'existence. Refusant de leur répondre quoi que ce soit et n'ayant de toute manière pas la motivation de le faire, Stiles leur lâcha un « vu » à chacun. Pas de jaloux. Pas de traitement de faveur. Aucun n'y avait droit. Ils le traitaient tous deux de la même manière, c'est-à-dire, mal. Et il les aimait, hein ? Oui, il les aimait, comme toujours. Jamais il ne s'abaisserait à le leur dire.
Il entendit du bruit. Derek montait les escaliers. Lorsqu'ils étaient arrivés au loft, le loup lui avait indiqué la chambre qu'il pouvait occuper et Stiles s'était empressé de se mettre au lit, histoire d'être tranquille et d'éviter de potentielles questions gênantes. Alors il avait laissé Derek dans la cuisine parce que celui-ci désirait se faire un thé avant de dormir. En temps normal, l'hyperactif l'aurait sans doute vanné sur cette « habitude de grand-mère qui ne va pas à un bel apollon tel que toi ». Voilà ce qu'il aurait dit. Mais nous étions en pleine nuit et il n'avait pas la tête à plaisanter.
Pour être honnête, la proposition de Derek l'avait surpris et il l'avait acceptée sans hésiter. Parce que c'était plus simple. Parce qu'hésiter aurait été mauvais. Le loup ne devait pas découvrir son secret, alors Stiles s'était dit qu'il fallait agir comme d'habitude. Et puis il avait un toit pour la nuit, pas besoin de rester dans la forêt pour éviter sa maison. Le ciel avait beau être magnifique, l'herbe fraîche ne remplaçait pas un bon lit. Et celui de la chambre d'amis était d'une qualité indéniable.
Mais même le meilleur lit du monde ne pourrait faire oublier à Stiles la douleur de l'amour familial non réciproque, l'amour face à une haine incompréhensible. Le vilain petit canard de la famille méritait-il d'être aimé au même niveau que les autres ? Lui-même n'en avait aucune idée. Alors, à la lueur des quelques rayons de la lune qui commençait sérieusement à descendre dans le ciel, il s'autorisa un instant de faiblesse.
Une petite larme.
Pleurer n'était pas dans ses habitudes, il trouvait ça bête. Bête parce qu'il ne voyait pas de véritable raison de pleurer. Pour lui, souffrir ainsi n'était pas vraiment une raison valable pour justifier un appel aux larmes. Simplement... Peut-être qu'il avait du mal à s'interdire de les aimer. Peut-être qu'il peinait à oublier qu'ils partageaient le même sang. Et puis il continuait de se demander pourquoi ils étaient revenus à Beacon Hills, eux qui ne juraient que par leur indépendance. Ils n'étaient pas du genre tordu, mais Stiles pouvait s'attendre à tout avec eux. Peut-être n'étaient-ils que de passage et Stuart avait-il eu envie d'emmerder l'hyperactif. C'était possible.
Et ça le tuait.
Se sentant plus seul que jamais, Stiles se recroquevilla sur lui-même, sous les draps, jusqu'à se retrouver en boule. Il serra l'oreiller contre lui et imagina qu'il s'agissait de Derek, parce que seule son image l'aidait à penser à autre chose.
Le lendemain, il ferait comme si de rien n'était.
Comme d'habitude.Le retour à la maison serait simplement... Difficile.
xxx
Stiles ne montra sa petite frimousse qu'aux alentours de dix heures du matin. Autant dire que les cours passaient au second plan et que son père avait déjà été contacté par l'administration du lycée. Connaissant ses occupations avec la meute, Noah l'avait sans doute couvert et rien que pour cela, il était le meilleur des pères. En descendant les escaliers, il songea à ce qu'il pourrait lui préparer pour le midi. Il lui arrivait régulièrement de lui apporter son repas au poste, histoire de l'empêcher de se nourrir n'importe comment. De temps à autres, il le laissait se faire plaisir, dans l'idée de ne pas lui rendre la vie trop pénible, mais il s'imposait quand il le fallait et surtout quand il voyait que son paternel déconnait.
Stiles débarqua dans la cuisine d'un pas lent et hésitant. Son air endormi ne passa pas inaperçu : en le voyant, Derek manqua d'esquisser un rictus. En tout cas, les traits de son visage se détendirent graduellement. L'hyperactif le salua d'un geste vague de la main et se frotta les yeux.
- Bien dormi ? Lui demanda Derek.
La nuit avait été courte pour lui, comme pour les autres. Et s'il avait perçu quelques petites choses la veille, il n'en parla pas. L'odeur de Stiles était pour l'instant vide de toute négativité, il valait mieux attendre. L'hyperactif hocha paresseusement la tête et s'installa, sans gêne, à table. Il faisait toujours ça, lorsqu'il dormait au loft, et les autres membres de la meute avaient tendance à faire de même. Mais Derek n'arrivait toujours pas à savoir si Stiles faisait cela parce qu'il était réellement à l'aise ou si c'était pour se donner un genre. En fait, l'adolescent était du genre complexe et avait tendance à le faire se questionner. Il avait des comportements et des attitudes qui parfois se contredisaient. Si l'on ajoutait à cela son amertume de l'autre jour et de l'air triste qu'il lui avait surpris la veille dans la forêt... Ainsi que le piquant plus que révélateur de son odeur lorsqu'il était monté se coucher quelques minutes après lui... Il était clair que certaines choses clochaient et que l'hyperactif était un mystère à lui tout seul. Un casse-tête dont la nature ne le regardait pas, mais... Derek cachait un tempérament curieux. Alors forcément, il avait bien envie de découvrir de quoi il en retournait.
Stiles hocha simplement la tête. De toute évidence, il n'avait pas envie de parler, ce qui était pour le moins inhabituel. La plupart du temps, l'hyperactif l'inondait de paroles. Il lui arrivait de rester muet, mais c'était plutôt rare. Il vérifia rapidement son odeur et fronça légèrement les sourcils alors qu'il s'activait à préparer les œufs brouillés. Tant qu'à avoir un invité, autant faire les choses bien. Puis, la nuit avait été courte, il fallait donc rendre le réveil un peu plus agréable, pour l'un et pour l'autre. Stiles avait de la chance : malgré la fatigue, Derek était dans ses bons jours.
Des vibrations se firent entendre, une fois. Puis deux. Trois. Six. Neuf. Derek se retourna une seconde vers l'hyperactif, qu'il vit et entendit soupirer alors qu'il recevait tout un tas de notifications.
- Ton père ?
Stiles secoua la tête de dépit.
- J'aurais préféré, répondit-il évasivement.
Derek fronça les sourcils et se retourna pour surveiller la cuisson de ses œufs, qu'il tourna et retourna. Néanmoins, il perçut un changement dans son odeur. Stiles était en train de s'énerver sans toutefois le montrer le moins du monde.
- Je vais mettre tout de suite les choses au clair, marmonna-t-il dans sa barbe plus qu'inexistante.
Derek ne sut absolument pas de quoi il parlait, mais il ne posa aucune question. Il saurait, tôt ou tard. Il suffisait d'être patient. Si Stiles lui laissait entendre ce genre de choses, il finirait bien par s'ouvrir un jour ou l'autre.
- Mais ils me cassent les couilles ! S'exclama l'hyperactif. Eh, je vais les...
Il ne termina pas sa phrase, mais Derek l'entendit tapoter furieusement sur son portable. Son odeur était d'un coup devenue très parlante, comme si un seul message avait suffi à lui faire perdre patience. Soudain, l'hyperactif se leva et sortit de la cuisine. Récupéra ses affaires rapidement. Partit sans un au revoir. Perturbé par cet accès de colère aussi soudain qu'inhabituel, Derek ne le retint pas.
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Not Good Enough
FanfictionLorsque les deux frères de Stiles reviennent à Beacon Hills, celui-ci peine à garder sa joie de vivre. Leur relation est chaotique et chacun passe son temps à rabaisser les autres. Ces triplés que tout opposent vont devoir se rapprocher et participe...