Lorsque Stiles gara sa voiture aux abords de la forêt ce matin-là, il n'était pas tranquille. Deux jours qu'il n'était pas rentré chez lui et à vrai dire, ça se sentait un peu. Il s'était débrouillé niveau odeur, se lavant dans les vestiaires du lycée, mais pour le reste... Eh bien il avait fait la connerie de partir sans affaires de rechange, ce qui fait qu'il avait été obligé d'acheter des sous-vêtements dans un petit magasin et une nouvelle boîte d'Adderall. Pour les cours, il avait de quoi faire dans son casier. Mais sinon, ses vêtements restaient les mêmes.
Depuis qu'il avait eu cette discussion étrange avec ses frères, discussion qui lui avaient rappelé certains démons, Stiles n'avait plus mis le pied chez lui, s'y sentant incapable. Dès qu'il imaginait sa maison, une bouffée d'angoisse l'envahissait et il devenait incapable de réfléchir. Il y avait des secrets qu'il voulait garder, notamment ceux sur le monde surnaturel, dont ses frères ne devaient pas se douter de l'existence.
Si Stiles avait prévenu son père qu'il allait passer quelques jours chez Scott, la réalité était toute autre. A vrai dire, il dormait dans sa voiture et autant dire que si c'était difficile de base, il n'avait pas son oreiller fétiche en sa possession, ce qui rendait ses nuits encore plus chaotiques qu'elles ne l'étaient déjà. Mais il avait une certaine fierté et avait décidé de ne pas aller le chercher, au risque de croiser l'un ou l'autre de ses frères, ou bien les deux. Oui, en soi, il fuyait. Il fuyait pour ne pas craquer.
Ce matin, les cours avaient été annulés à cause d'une réunion rassemblant une grande majorité de professeurs. Ainsi, Scott en avait profité pour organiser une espèce de rassemblement de la meute avec, peut-être, une battue de la forêt dans la foulée. Stiles était paré : sa batte de baseball ne quittait pas sa Jeep. On ne sait jamais ce qui peut nous tomber dessus et l'hyperactif connaissait mieux cet adage que quiconque de par ce qu'il vivait au quotidien.
Maintenant, il se prit à espérer que personne ne fasse de remarques sur sa tenue... Qui était la même depuis deux jours. Disons que cela aurait pu être anodin s'il n'était pas du genre à se changer tous les jours, par souci d'originalité et de spontanéité. Stiles détestait la routine, adorait accorder ses vêtements selon ses humeurs. Là, sa chemise rouge vif à carreaux faisait tache : il l'aurait bien échangée pour sa version grise. Parce qu'il n'était pas d'humeur extrêmement joyeuse.
Se parant d'un air qu'il voulut désinvolte, Stiles sortit de sa Jeep et commença à faire le vide dans sa tête. Il avait dix bonnes minutes de marche avant d'arriver au lieu de rendez-vous exact. De quoi lui laisser assez de temps pour mettre au point un masque de qualité. Tout le long du chemin, il s'efforça d'oublier sa vie actuelle, le poids mort que représentaient ses frères qui continuaient de temps à autres de lui envoyer des messages. Ils voulaient savoir pourquoi il ne rentrait pas, où il dormait, s'il avait conscience de mentir à leur père. Si Stiles avait été naïf, il aurait pris tout cela pour de l'inquiétude. Mais il n'était pas dupe. On le surveillait, parce qu'on le voyait comme un gamin. Et Stuart voulait l'emmerder mais ça, c'était autre chose. Le petit génie avait toujours eu une dent contre lui, à croire qu'il était né pour le détester. Le cas de Thomas était un peu plus compliqué. Pour être honnête, il n'arrivait pas à le cerner et pourtant, il s'agissait de l'un de ses talents. Stiles n'avait pas son pareil à ce niveau-là, et il n'était pas rare qu'il prévienne ses amis quand ceux-ci parlaient à de nouvelles personnes qu'ils jugeaient un peu louches, ou bien... A des anciennes connaissances. Il ne se trompait jamais. Mais concernant Thomas... Il avait réellement du mal, tant celui-ci lui envoyait des signaux contradictoires. Un vrai paradoxe à lui tout seul. Lui voulait-il du bien ? Sincèrement ? A plusieurs reprises, il avait essayé de tempérer Stuart et non Stiles. Forcément, l'hyperactif avait du mal à se positionner. Une chose était certaine, il ne pourrait jamais faire disparaître cette douleur immuable, liée à cette impression étrange d'être de trop dans cette famille. Celui qui apportait les problèmes. Celui qui agissait mal, qui ne faisait pas ce qu'il fallait. Celui qui n'était pas comme tout le monde.

VOUS LISEZ
Not Good Enough
FanfictionLorsque les deux frères de Stiles reviennent à Beacon Hills, celui-ci peine à garder sa joie de vivre. Leur relation est chaotique et chacun passe son temps à rabaisser les autres. Ces triplés que tout opposent vont devoir se rapprocher et participe...