Thomas détestait les appels téléphoniques, exceptés ceux qu'il partageait avec Newt. Même après plusieurs années de relation, il peinait à comprendre comment son petit-ami était parvenu à réaliser ce miracle chez lui, à lui faire apprécier l'idée de parler au travers d'un combiné. Son truc, c'était les relations humaines, le face à face, le visu. Sans être quelqu'un de très sociable, il s'agissait toutefois d'une chose qu'il maîtrisait.
Mais les appels avec Newt avaient ce petit quelque chose de spécial qui lui faisaient accepter ce qu'il considérait depuis longtemps comme l'inacceptable.
- Je t'aime, enfoiré, finit-il par lâcher.
Des dizaines minutes qu'ils parlaient, un peu plus et ils atteindraient l'heure. Ils avaient souvent fait plus mais pour cet appel-ci, Thomas ressentait le besoin de se retrouver rapidement seul avec lui-même.
- Moi aussi, mon idiot, lui répondit Newt d'un ton clairement rieur.
Et Thomas sentit comme un vide l'envahir lorsque l'ultime tonalité retentit, celle qui signifiait la fin de l'appel. Le léger sourire qui avait pris place sur son visage sempiternellement dur s'évanouit et son regard déjà fort sombre donna l'impression d'être noir. Le jeune homme n'était pas en colère outre mesure : juste confus. Perdu entre ses souvenirs, ce qu'il pensait, ce qu'il croyait être juste... Ce Stiles plus qu'étrange qu'il découvrait, ses fréquentations douteuses... Et cette façon que Stuart et lui avaient eu de le traiter. Thomas aurait déjà pu y songer seul mais, comme toujours, il ne voyait jamais rien et Newt se retrouvait à devoir essayer de lui ouvrir les yeux. Ce qui était drôle, c'est que son petit-ami ne connaissait pas Stiles tant que ça. Au cours de ces dernières années, ils avaient dû se voir une fois, peut-être deux. La raison ? Le hasard. De mémoire, leurs courts échanges avaient été cordiaux, presque... Normaux. Alors, c'était d'autant plus surprenant de voir à quel point Newt arrivait aisément à cerner le problème, son origine, sa solution. Pas que cela soit sorcier, mais... Thomas se sentait vraiment bête de n'y avoir pas songé. Après, la réflexion, ce n'était pas son fort : il avait tendance à foncer avant de penser. Il avait saisi les informations que lui avaient fournies Stuart, sauté aux conclusions... Sans même discuter de tout cela avec le principal intéressé de cette histoire.
Quoiqu'à bien y penser, Stiles ne s'était pas non plus montré très coopératif et il était clair que tous deux devraient faire des efforts pour avoir un semblant... De discussion. Quelle qu'en soit l'issue, elle se devait d'avoir lieu. Cette situation n'était pas saine pour leur fratrie et... Mentir à leur père commençait sérieusement à peser sur le cœur de Thomas. En bref, cette histoire devait se terminer – son issue se devait d'être positive. Thomas était prêt à y mettre les moyens, même... A piétiner cette espèce d'ego mal placé qui avait participé au fait de choisir un camp – contre Stiles, en l'occurrence – plutôt que d'œuvrer pour faire en sorte qu'ils s'unissent tous les trois. Qu'ils vivent et agissent comme des frères, les triplés qu'ils étaient.
A force de se poser et de réfléchir, Thomas poussa un profond soupir. Finalement, il commençait à comprendre le comportement de Stiles, cette manière qu'il avait de... Tout faire pour éviter le dialogue. Sa froideur, sa distance... Elles commençaient doucement à avoir du sens, aux yeux de son double. Pourquoi ? Parce qu'il pensait en essayant de se mettre à sa place et même si cela paraissait être une évidence, c'était effectivement ce qu'il aurait dû faire depuis longtemps.
Car Stuart et lui s'étaient toujours montrés plus ou moins invivables avec lui. Quoi de plus simple ? Stiles était différent et particulièrement... Chiant. Il n'avait jamais été complètement comme eux. Il parlait sans arrêt, faisait mille et une bêtise en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il allait toujours à mille à l'heure... Le laisser sans surveillance, c'était prendre le risque qu'il fasse n'importe quoi. Et des conneries, il en avait fait des belles. Thomas se souvenait fort bien de la fois où il avait manqué de faire brûler la maison parce qu'il trouvait sympa l'idée de faire un chemin de coussins partant de la cheminée – ouverte – jusqu'au canapé. Par chance, Noah était arrivé si vite qu'il avait pu casser la chaîne et étouffé le feu qui avait commencé à gagner le premier coussin.
Ce genre de choses arrivait souvent, pour ne pas dire tout le temps, si bien que Stuart et Thomas, bien plus calmes, avaient peu à peu commencé à développer une forme d'aversion à son égard. Stiles était purement et simplement intenable. Il n'aimait pas non plus les mêmes choses qu'eux et à la mort de leur mère, les choses avaient empiré.
Jusqu'à subitement se calmer à leur départ, quelques années plus tard. Ce qui avait changé chez lui pour provoquer ce changement plus que brutal – mais pas moins bénéfique – de comportement, Thomas n'en avait aucune idée. Le fait est que Stiles était différent et en même temps, pas vraiment. Le truc, c'est que l'on ne pouvait pas continuer de lui cracher dessus comme cela : cela ne ferait que nuire davantage à la famille qu'ils étaient censés former. Tout n'était pas perdu et Thomas restait persuadé qu'il pouvait y avoir du mieux.
A condition que tout le monde mette de l'eau dans son vin et même si l'avouer lui coûtait... Ce n'était pas à Stiles de faire le premier pas. Newt avait raison sur toute la ligne. Si l'hyperactif de la fratrie était effectivement différent, ce n'était pas lui qui avait cherché la misère en premier – il n'avait fait que répondre, agir comme ses frères. Pas étonnant qu'il ne soit pas ouvert à la discussion et qu'il cherche à les fuir en permanence.
Et Thomas se rendit compte de sa profonde stupidité. De celle de Stuart, aussi. Il en voulut vaguement à Stiles tout de même, par habitude sans doute. Il était clair qu'ils ne pouvaient pas continuer comme ça, à le mettre de côté pour un prétexte aussi bidon qu'une impression et une question de normes on ne peut plus subjective. N'était-il pas temps de grandir et que leurs relations suivent le même chemin que cette réflexion ? Enfin, Thomas se trouvait véritablement bête de ne pas avoir pensé à tout cela plus tôt ou, du moins... D'avoir désiré ne pas y songer. Car tout ça, c'était peut-être du déni. Pas qu'il se dédouane – c'était même l'inverse. Mais il était véritablement possible qu'il ait jugé plus simple de continuer à agir comme il le faisait toujours.
Avec Stuart. Contre Stiles.
Pour celui qui s'était toujours imaginé mature, c'était un peu dur à avaler, mais il le fallait.
Thomas sortit enfin de sa chambre et descendit. Il avait besoin de... Boire quelque chose, de prendre l'air. Pour la boisson, de l'eau. Pour l'air... Un tour du quartier de son enfance lui ferait sans doute du bien. Un peu de mal aussi, peut-être, parce que c'était là qu'ils avaient grandi, tous les trois, aimés par deux parents extraordinaires. Un père prêt à tous les sacrifices pour rendre ses enfants heureux et une mère... Si lumineuse que les étoiles l'avaient précocement rappelée à elles.
Après qu'il eut avalé un grand verre d'eau, Thomas se dirigea vers la porte d'entrée, qui s'ouvrit sur son paternel. Il avait l'air fatigué, usé par la vie, comme toujours... Mais aussi détendu, heureux.
Et soudain, Thomas en oublia son besoin de prendre l'air. Ainsi, il ne s'étonna pas du fait que Noah rentre aussi tôt alors qu'il avait l'habitude de rester au poste jusque tard dans la nuit. Non, une autre idée venait de prendre le pas sur toutes les autres, de s'imposer à lui comme une évidence.
- Papa, on peut discuter ?
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Not Good Enough
Fiksi PenggemarLorsque les deux frères de Stiles reviennent à Beacon Hills, celui-ci peine à garder sa joie de vivre. Leur relation est chaotique et chacun passe son temps à rabaisser les autres. Ces triplés que tout opposent vont devoir se rapprocher et participe...