Chapitre 3

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- Une manticore, lâcha Stiles.

- Une manticore ? Répéta Isaac.

- Une manticore, confirma l'hyperactif en hochant la tête.

Les paroles de l'hyperactif étaient sans appel : il était sûr de lui et nul pourrait le faire changer d'avis. L'expert des bestiaires, c'était bien lui et personne n'était en droit de le contredire. Lui seul avait passé des nuits et des nuits sur les différentes encyclopédies qu'il avait pu se procurer auprès de Derek, Deaton et moults émissaires d'autres meutes qui avaient collaboré avec plaisir avec ce jeune homme pour le moins particulier. Enfin, leur plaisir se situait dans son silence. Il avait un débit de paroles impressionnant, si bien qu'il valait mieux lui donner ce qu'il voulait pour être tranquille.

- Et... C'est quoi ton truc ? Demanda Scott, une grimace de scepticisme collée au visage.

- C'est une bestiole que t'as vraiment pas envie de croiser. Ah c'est méchant, très méchant, sacrément méchant.

- Mais encore ? S'enquit Derek.

- Très très très méchant, rajouta Stiles, une étincelle malicieuse dans le regard.

Une nuée de regard noir déferla sur lui et il soupira de découragement.

- Vous êtes pas funs, on peut pas rigoler avec vous. Enfin Der, t'es pardonné, tu n'as jamais été autre chose que grincheux, mais toi Scotty... Roooh ça va, j'ai compris... Pff, vraiment pas funs ces gens. Une manticore, c'est pas cool, c'est un peu une sorte de chimère, dans le sens où c'est un croisement de plusieurs choses. Au Moyen-Âge, on la représente avec un corps d'animal poilu, le plus souvent un lion, avec quatre pattes, des griffes, une grosse queue et... Non, pas celle à laquelle vous pensez, une vraie queue et... Mais merde, j'ai l'image en tête à cause de votre esprit tordu ! Donc je disais, une queue qui balance du... Oh, vous me faites chier, une excroissance en bas du dos, ça vous va ? Merde, pour une fois que j'étais innocent ! Une putain d'excroissance qui vous balance du poison en pleine face. Ah et puis ça a des ailes aussi. Ce truc, c'est littéralement le produit d'une orgie qui a mal tourné, surtout qu'en plus de ça, ça a un visage humain. Non non, ce n'est pas une blague, cette immondice existe. Et puis je vous dis pas les crocs ! Une vraie machine à tuer. Cette bestiole est rapide et le mieux, c'est de ne pas croiser son chemin.

La meute, qui composait l'assistance de Stiles dans son intégralité, le regardait d'un air ahuri. L'hyperactif était toujours aussi... Bavard et gardait cette capacité exceptionnelle de passer du coq à l'âne avec cette aisance qui lui était propre. Ses sous-entendus très entendus n'étaient pas non plus une nouveauté, mais ils surprenaient à chaque fois. On croirait Stiles coincé au premier abord, mais la réalité était toute autre. Il était ouvert. Très ouvert. Combien de fois avait-il tenté de gêner Derek en lui faisant son coup des « fausses avances » ? Il en avait fait des choses. Se précipiter dans ses bras et lui mordiller l'épaule en était une. Stiles ce souvenait de ce jour-là, où le loup l'avait littéralement envoyé valser contre un des murs du loft, prétextant un dégoût profond de tout ce qui empiétait dans son espace vital.

La drague. Ses fausses avances, une grosse blague. Quel meilleur moyen de cacher ses sentiments que de les exposer en plein jour sous forme de plaisanterie ? Puisque les loups avaient un odorat surdéveloppé, Stiles avait trouvé cette parade imparable qu'était la comédie réelle. Son crédo ? Plus c'est gros, plus ça passe. Si tout le monde avait l'habitude de le voir ainsi, personne n'irait se poser de question si un jour il faisait une erreur et montrait un peu trop ses sentiments. On les prendrait, comme tout le reste, pour une de ses blagues habituelles. Un loup avait un bon odorat, mais celui-ci pouvait se révéler profondément inutile si le loup en question voyait sa vigilance endormie par une habitude. Ainsi, Stiles n'avait aucun souci à se faire.

Not Good EnoughOù les histoires vivent. Découvrez maintenant