Fuite

136 8 1
                                    

Alexandre

Nous chevauchâmes sans relâche jusqu'à ce que nos montures soient épuisées. Damien décida qu'il était plus prudent de les abandonner et de continuer à pied. Les chevaux royaux étaient trop reconnaissables avec leurs selleries et leur fers dorés. J'abandonnai également les rares bijoux que je portai toujours et nous passâmes les vêtements discrets qu'Héléna avait préparé pour nous dans les sacoches d'une des selles. Des vivres nous y attendaient également mais nous ne nous arrêtâmes pas pour manger. Les gardes semblaient avoir abandonné la poursuite mais nous ne pouvions pas prendre le risque. Je rassemblai le maximum de choses dans deux sacs avant d'en mettre un sur mon dos et de tendre l'autre à Damien. Nous ne perdîmes pas plus de temps et je suivis mon amant au cœur de la forêt. Notre meilleure chance était de nous éloigner le plus possible du château et des sentiers qui y menaient.

Le soir était tombé depuis longtemps lorsque nous décidâmes qu'il était temps de faire une pause. Nous ne pouvions pas faire de feu pour nous réchauffer au risque de se faire repérer. Heureusement, Héléna avait prévu ce problème et les vivres consistaient principalement en de la viande et des fruits séchés que nous n'avions pas besoin de cuire. Je m'assis contre un arbre en soupirant, épuisé par les événements récents et me massai la cheville en grimaçant. Le sang avait séché mais je risquai une infection si je ne soignais pas les coupures. J'allais m'en occuper lorsque je vis Damien s'agenouiller devant moi et prendre délicatement ma cheville entre ses mains. Je l'observai presque avec fascination tandis qu'il rinçait abondamment la blessure avec de l'eau claire. Il enroula ensuite mon pied dans des bandages avant de me remettre ma chaussure. Lorsqu'il prit mes poignets avec la même douceur et inspecta les marques que les liens avaient laissé, mon souffle se coupa. J'avais l'impression qu'il ne m'avait pas touché depuis une éternité. Voyant que les liens n'avaient fait qu'irriter ma peau mais que je n'avais pas de coupure, Damien laissa retomber mes mains et vint enfouir sa tête dans mon cou en m'enlaçant. Je me laissai aller à cette étreinte bienvenue. Nous n'avions pas pu prendre le temps de nous retrouver vraiment depuis notre fuite. Je me rendis compte que je tremblais lorsque Damien commença à me murmurer des paroles tendres et apaisantes. Aucun de nous ne bougea avant un long moment, savourant ce que nous avions été si proches de perdre. Puis, Damien se mit derrière moi et ramena mon dos contre son torse pour la nuit. Sans feu, nous avions besoin de la chaleur de l'autre pour nous réchauffer et je n'aurais de toute façon pas été capable de m'éloigner de lui.

- Qu'allons nous faire maintenant ? murmurai-je contre son cou tout en jouant avec nos doigts enlacés.

- Je n'en sais rien... Peut-être qu'on pourrait essayer de trouver le village qu'Ethan et Philippe voulaient rejoindre ? Ce sera loin de la vie de prince que tu as connu mais...

- Ça m'est égal, tant que je suis avec toi.

- Alors nous chercherons ce village et lorsque nous le trouverons nous y construirons une maison rien que pour nous. Tu pourras enfin faire tout ce que tu voudras et j'apprendrais aux enfants du village à lire et à écrire. Et lorsque que nous serons bien installé, je t'épouserais. Qu'est-ce que tu en dis ?

- C'est une demande officielle ?

- Non, lorsque je te demanderais vraiment en mariage ce sera bien plus romantique, c'est promis.

- Alors j'en dis que j'ai hâte de voir ça.

Je me blotti un peu plus confortablement contre Damien et il referma ses bras autour de moi. Je me sentais bien malgré l'inconfort de notre situation et je me mis à somnoler contre lui.

- Dors mon amour, me murmura-t-il. Je vais monter la garde en premier.

Je ne me fis pas prier et m'endormis rapidement, bercé par le rythme régulier de son cœur et son souffle chaud dans mon cou.

Le prince d'Andoria (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant