Préparatifs

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Alexandre

J'étouffais dans ma tenue trop serrée et la couronne sur ma tête semblait peser une tonne. La surprise organisée par Damien avait été une bouffée d'air frais dans ma semaine trop chargée. Malheureusement, le ballet des serviteurs avait recommencé dès le lendemain. Ce matin avait été pire que tout. La princesse Héléna devait arriver dans la journée et j'avais été réveillé en trombe par une armée de couturières qui venaient faire les dernières retouches sur mon habit de cérémonie. C'était mon père qui avait choisi la tenue. Le col crème remontait jusqu'à mon menton et m'obligeait à tenir la tête droite. Le costume était rigide et ne permettait aucun mouvement. J'avais l'impression d'être un pantin de bois prisonnier d'un tissu crème – comme mon col – qui ne me mettait pas tout en valeur. J'avais eu l'occasion de m'apercevoir dans un miroir ce matin et j'avais cru voir un fantôme. La couleur trop pâle donnait l'impression que ma peau était verdâtre et que j'allais vomir d'un instant à l'autre – ce qui n'était pas forcément éloigné de la vérité. Mes cheveux, d'ordinaire rebelles, avaient été tirés en arrières par de la cire et étaient maintenus fermement par le cercle d'or qui me servait de couronne.

Damien avait du se cacher derrière les rideaux d'une de mes fenêtres tellement il riait tout à l'heure. Quel idiot... Lui, il était chanceux avec sa belle tunique sombre qui mettait en valeur ses yeux azur. Il avait accepté que je lui fasse – entre deux retouches – deux petites tresses élégantes que j'avais fixées au milieu de sa tête et cela lui allait à ravir. Si moi j'étais ridicule, lui étais absolument magnifique, comme toujours. Je me forçai cependant à ne pas m'attarder sur lui. Mon père se trouvait juste à côté de mon trône et je retins un frémissement à l'idée qu'il puisse entendre mes pensées.

Trois coups retentirent. L'annonceur avait frappé de son bâton sur le sol, faisant taire l'assemblée. Mon père se leva et je l'imitai tant bien que mal, engoncé dans mon costume. Les grandes portes de la salle du trône s'ouvrirent et dévoilèrent les nouveaux venus.

La cour de la princesse Héléna était impressionnante. Les troubadours entrèrent en premier, jouant une musique entraînante – probablement l'hymne du royaume d'Alderas. Puis, vinrent les chevaliers en armure, leurs épées émoussées soigneusement rangées dans leurs étuis. Ce n'étaient que des lames d'apparat, tout comme celles de nos propres chevaliers ou mon épée. Seules les gardes rapprochées de la princesse, du roi et la mienne possédaient actuellement de vraies armes. Il paraîtrait que c'était une question de protocole. Je trouvais ça ridicule. Je faisais confiance à Damien mais je savais me battre et j'aurais aimé pouvoir me défendre seul en cas de problème. J'aurais aimé pouvoir le protéger aussi, sans doute... Bref, peu importe.

La cour d'Alderas continua de défiler et je la vis enfin. Objectivement, la princesse Héléna était une femme magnifique. Sa longue robe bleue fluide mettait en valeur ses formes généreuses et ses longs cheveux blonds qui tombaient en cascade. Simplement décorés par quelques fleurs de la couleur de sa robe, ils lui donnaient l'air d'un ange. Son diadème, un ouvrage d'argent fin et délicat, faisait ressortir ses yeux élégamment maquillés. Je sentis mon cœur se serrer. La jeune fille était tout ce dont un homme pouvait rêver. Elle était belle, souriante et gracieuse. Je m'étais dis que lorsque je rencontrerais une fille comme ça, je ne pourrais que tomber sous le charme, comme tous les autres. Ce ne fut pas le cas. J'eu beau la trouver très jolie, je ne ressentis pas l'envie de poser mes mains sur elle ou de l'embrasser. Pas comme... Mon regard se tourna malgré moi vers Damien. Lui, il me plaisait. Lui, j'avais envie de le caresser, de me blottir contre lui, de l'embrasser... C'était magnétique. Depuis que je l'avais rencontré, je me trouvais irrémédiablement attiré vers lui.

Ces derniers jours n'avaient rien arrangé. J'avais l'impression que je n'étais moi-même qu'avec lui et ça commençait à me faire mal. Les habitants avaient beau vénérer des dieux amoureux, Damien n'en était pas pour autant accessible et je le savais. Pour commencer, il aimait les femmes. Il me l'avait bien fait comprendre en me décrivant les exploits des prostituées du Bouton d'Or. Ensuite, je n'avais pas le droit de penser ces choses là. Je sais que j'avais promis à Damien de ne plus me servir du tisonnier mais c'était tellement ancré en moi qu'il me fallait une volonté de fer pour me persuader que je n'avais pas besoin d'être puni. Ce soir peut-être que je devrais...

Le prince d'Andoria (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant