Le prince d'Andoria (BxB)

Rebelles

Alexandre

Le feu de camp était impressionnant. Lilly avait demandé à tous les adultes d'y venir et le brouhaha incessant des conversations était assourdissant, même à distance. Damien et moi nous trouvions dans une petite tente légèrement excentrée. Nous avions prévu de laisser Lilly expliquer la situation avant d'apparaître dans l'idée d'apaiser les potentielles tensions au maximum.

Extérieurement, je n'avais pas quitté le masque ferme et presque froid que je m'efforçais de porter. Je savais que si je le lâchais ne serait-ce qu'une seconde, je céderais à la panique et il était impératif que je reste fort. Lilly et Léna comptaient sur moi et, si j'atteignais mon objectif, ce serait bientôt le cas de tout le campement. J'incarnais, pour les deux jeunes femmes, la promesse d'une vie libre et sans tabou et je ne comptais pas les décevoir.

Je sentis une main se glisser dans mon dos et je soufflai doucement pour me calmer. La présence de Damien à mes côtés m'aidait grandement à garder les pieds sur terre. Son discours dans la tente un peu plus tôt et sa promesse de loyauté m'avaient touché plus profondément que je ne l'aurais cru. Il semblait avoir le don de toujours trouver ce dont j'avais besoin. Lorsque nous étions au château, il avait été un protecteur et un confident. Aujourd'hui, dans ce campement, il était un allié loyal et indéfectible. Il n'avait pas hésité à s'agenouiller devant moi et à me laisser diriger. Il m'avait montré que j'étais capable de commander même à un soldat expérimenté comme lui. Pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, j'avais l'impression que je pouvais aussi le protéger. Cette réalisation me donnait une raison de plus de me battre. J'allais monter sur le trône pour donner une vie décente à tous ces gens ; à Lilly, Léna et Katie mais aussi parce que je voulais aimer Damien librement.

Lorsque Léna vint nous chercher pour notre entrée en scène, je me tournai vers mon amant et lui souris tendrement. Puis, je déposai un léger baiser sur sa joue et sortis dans la lumière hypnotisante du feu de camp.

Le brouhaha des conversations avait cessé, remplacé par la voix claire et ferme de Lilly qui finissait son discours. Les crépitements du feu l'obligeaient à hausser la voix mais elle semblait sûre d'elle. Chacune des personnes présente l'écoutait avec attention et je compris pourquoi elle avait été choisie pour diriger le campement. C'était une meneuse née. Un bref instant, je me fis la réflexion qu'il serait peut-être préférable que ce soit elle qui monte sur le trône finalement. Dans tous les cas, j'étais certain qu'elle ferait partie du gouvernement d'une façon ou d'une autre. J'y veillerais personnellement. Je me plaçai juste derrière elle tandis qu'elle finissait le discours que nous avions travaillé plus tôt.

- Chacun d'entre vous a échappé de justesse à la parodie de justice du roi d'Andoria. Chacun de vous a beaucoup perdu dans sa fuite. Aujourd'hui, nous avons une chance de reprendre ce qui nous a été enlevé et de cesser de fuir. Aujourd'hui, je vous propose une solution pour retrouver vos familles, vos terres, vos maisons ! Il nous fallait un meneur, un homme bon pour monter sur le trône à la place du tyran qui nous sert de roi ! Hier, les dieux ont répondu à nos prières et nous ont envoyé ce meneur. Il a été trahi par le roi bien plus que chacun d'entre nous et est bien décidé à se venger et à reprendre le trône. Dans un mois, le prince Alexandre deviendra notre roi et nous libérera de la tyrannie !

Sur ces mots, je m'avançai d'un pas et me plaçai à côté d'elle. Mon cœur battait à toute vitesse et le silence de mort qui tomba ne m'aida pas à me détendre. Je m'efforçai cependant de paraître aussi sûr de moi que Lilly et commençai mon propre discours après m'être éclairci la gorge.

- Hum... J'ai bien conscience que ma présence ici ne doit pas être au goût de tout le monde. Le roi vous a fait à tous beaucoup de mal et j'ai appris que certains y avait perdu plus que leur foyer. Lilly m'a expliqué que vous aviez tous fui un jugement injuste. On vous a condamné pour des crimes qui n'en sont pas réellement. On vous a jugé pour avoir pensé différemment, pour avoir osé mettre en lumière les travers de la couronne, pour avoir aimé autrement.