Le prince d'Andoria (BxB)

Jalousie

Damien

Cela faisait déjà deux jours que la princesse était arrivée au château. Alexandre semblait beaucoup l'apprécier et passait le plus clair de son temps avec elle. Il lui fit visiter chaque recoin de la demeure royale, lui fit goûter chaque spécialité et lui raconta tout ce qu'il y avait à savoir sur le royaume. En échange, la princesse lui parla de sa terre natale et de son château qui surplombait la mer.

- Lorsque nous serons mariés, je vous emmènerais voir la mer, prince Alexandre, dit-elle un soir devant le coucher de soleil qu'Alexandre avait tenu à lui montrer.

- J'adorerais voir la mer, répondit le prince avec un petit sourire.

Je tentai à tout prix de cacher la colère qui montait dans ma gorge. Je pensais qu'Alexandre serait anéanti par sa rencontre avec la princesse et qu'il compterait sur moi pour l'aider à s'échapper pour la ville. Au contraire, depuis l'arrivée d'Héléna, le jeune homme n'avait pas une seule fois cherché à sortir du château. Il semblait ravi de ses journées passées avec la princesse et paraissait presque apaisé.

Je ne comprenais pas. J'étais persuadé qu'il était incapable de tomber amoureux d'une femme et pourtant je le trouvais épanoui dans sa relation avec la princesse. Ils étaient peut-être destinés à se trouver finalement.

Une boule se forma dans ma gorge à cette pensée et je me détestai pour ça. Je devrais être heureux de voir qu'Alexandre et la princesse formaient un si joli couple mais je n'y arrivais pas. Chaque fois que je le voyais rire à une remarque de la jeune fille, j'avais l'impression qu'on m'enfonçait un poignard dans le ventre. Je me rendis compte que j'aurais voulu être le seul à le faire rire comme ça. Mais c'était égoïste et ça n'avait aucun sens.

Plus le temps passait et plus j'avais l'impression que toutes mes avancées avec Alexandre n'avaient servi à rien. Après l'escapade dans le temple, j'avais cru que nous avions passé un cap tous les deux. Alexandre semblait me faire totalement confiance et nous passions nos journées à rire ou à nous taquiner.

Si j'étais vraiment honnête avec moi-même, nous le faisions toujours. C'était juste que, maintenant, il y avait aussi Héléna. Ce n'était plus pareil. Je m'en voulus de penser cela mais je ne pouvais pas m'en empêcher. J'avais le sentiment qu'Alexandre m'échappait, que j'allais le perdre et ça me faisait peur.

Ce qui me terrifiait encore davantage, c'étaient les sentiments qui grandissaient dans mon cœur et qui commençaient à prendre beaucoup trop de place. Je savais ce que je ressentais. Je l'avais déjà vécu une fois. Sauf que j'étais un adolescent et qu'elle n'était qu'une paysanne. C'était une femme magnifique, douce et intelligente mais ce n'était qu'une simple paysanne. Alexandre était un homme et surtout un prince. Je n'avais pas le droit de ressentir ça pour lui. Je devais mettre un terme à cette attirance insensée avant qu'il ne soit trop tard et que je ne tombe éperdument amoureux de lui.

...

Le matin suivant, je demandai à un serviteur de réveiller le prince et gardai mon poste devant la porte de sa chambre. Je savais que je ne résisterais pas à son beau visage encore ensommeillé. Du coin de l'œil, je le vis froncer les sourcils et jeter un regard dans ma direction mais je ne bougeai pas. Tout le reste de la matinée, je m'efforçai de l'éviter au maximum. Ce n'était pas très difficile grâce à la princesse Héléna. Les futurs mariés passaient toute la journée ensemble et je me contentai de jouer les chaperons sans jamais intervenir. Je sentis que cela contrariait Alexandre mais j'avais déjà pris ma décision. Je ne reviendrais pas dessus. Je devais à tout prix mettre de la distance entre nous.

Lorsque le prince alla se coucher, je me postai de nouveau devant sa chambre, m'attendant à pouvoir enfin me détendre. C'était sans compter sur Alexandre. Il avait évidemment remarqué mon changement d'attitude et m'ordonna d'entrer dans ses quartiers. Je poussai un soupir et obéi. Droit comme un piquet, je me postai debout, en face de lui.