Brûlure

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Alexandre

Lorsque je me faufilai dans le passage secret pour rentrer dans mes quartiers, j'étais fourbu mais ravi. J'avais passé toute la journée aux côtés des habitants de la ville et j'avais pu apporter mon aide au médecin, au boulanger et à deux mères dont les enfants n'étaient pas rentrés à la maison – ils étaient en train de jouer près de la rivière finalement. Cerise sur le gâteau, mon abruti de garde du corps n'avait pas fait d'apparition pour me ramener de force au château. C'était bien le premier à ne pas s'être aperçu de mon absence. D'ordinaire, les gardes mettaient quelques heures à s'apercevoir que j'étais parti mais ils venaient toujours me chercher. En général, Pierre les voyait sortir par la porte principale et venait me prévenir. J'avais juste le temps de me faufiler dans une des chambres de Rosie avant qu'ils ne m'y « trouvent » en bonne compagnie. En vérité, ça me plaisait de leur faire croire que j'avais passé ma journée dans les bras d'une ou plusieurs prostituées. Il ne fallait surtout pas qu'ils apprennent la vérité de toute façon. Que mon père pense que j'étais de petite vertue ne me mettait pas en danger. Au contraire, je voyais bien qu'il était plutôt content d'apprendre que je couchais avec des femmes. En revanche, si par malheur il apprenait que je m'abaissais – selon ses propres termes – à des tâches dignes des « gueux », je ne donnais pas cher de ma peau.

J'étais presque arrivé dans ma chambre à présent. Le passage secret était plus long mais il me permettait de traverser tout le château sans me faire voir. J'y retrouvai mes habits royaux dissimulés dans un sac et me rhabillai en laissant mes vêtements de paysan à la place. Je n'avais pas de quoi me débarbouiller dans le petit couloir mais une bassine d'eau m'attendait probablement sur la table de ma chambre. Si ce n'était pas le cas, je pourrais toujours ordonner à Damien de courir en chercher une. Cela promettait d'être très amusant.

Je poussai enfin la porte de mon armoire et ne pu empêcher un petit couinement de surprise de passer la barrière de mes lèvres lorsque je vis mon garde du corps en train d'installer tranquillement le diner sur la table. Je sentis le rouge me monter au joue.

Et merde... Grillé...

Dans un soupir résigné, j'allai me nettoyer les mains et le visage dans la bassine – zut, je n'avais même pas cette excuse pour le faire sortir d'ici – et attendis la remontrance qui ne manquerait pas de venir. Pourtant, même après de longues minutes, le sermon ne retentit pas. Je risquai un regard étonné vers Damien. Ce dernier afficha un petit sourire moqueur... non pas moqueur, plutôt joueur ?

- Vous vous êtes bien amusé Votre Altesse ? demanda-t-il sans se départir de son sourire.

Sans savoir pourquoi, je me sentis vexé. Damien pensait que j'étais allé voir les prostituées de la ville, c'était clair. Pourquoi ça me faisait aussi mal qu'il pense ça de moi ? Pourquoi aurais-je voulu qu'il me demande où j'étais plutôt que de le supposer ? Je n'avais pourtant jamais tenu grand cas de ce que pensaient mes autres gardes du corps...

Je serrai les dents devant le sourire idiot de l'autre homme. Très bien, si cela lui faisait plaisir de penser que j'étais un pervers qui ne pensait qu'à coucher à droite et à gauche, je n'allais pas le démentir. Et il allait le regretter.

- Si je me suis bien amusé ? dis-je alors en prenant le ton le plus hautain que je puisse. Oh mais beaucoup mon cher Damien. Tu sais, les femmes là-bas sont vraiment exquises...

Voyant que Damien ne relevait pas et continuait de préparer le diner comme si de rien était, je décidai d'en rajouter une couche. J'étais de plus en plus vexé.

- Lydia par exemple, est particulièrement douée pour avaler si tu vois ce que je veux dire et j'aime beaucoup les petits cris que pousse Aliénor lorsqu'on lui pince les seins, c'est vraiment très euh... exquis.

Le prince d'Andoria (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant