𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟮 ▶ 𝗘𝗡𝗖𝗔𝗡𝗧𝗢

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" La banquette est inconfortable."

C'est ce qui bourdonnait depuis bien trois-quarts d'heure dans la tête d'Alix. Elle était consciente qu'ils avaient eu de la chance d'avoir intercepté une voiture, mais franchement rien que du port à la capitale, il y avait une heure de trajet.

" Même la vieille bagnole du mec à l'atelier est plus rapide que ça..."

Ils étaient en Colombie depuis à peine deux heures. Les paysages étaient incroyables, les animaux la changeait de sa ville habituelle, mais il lui manquait le ronron matinal des voitures carrosse qui longeait les trottoirs. Elle avait bien du ronron. Pas bruit d'agonie. Appuyant mollement sa tête sur son coude, elle ferma les yeux. Elle avait embarqué tous ses prototypes, tous ses outils, et toutes ses connaissances. Elle espérait que ça suffirait.

Nous y sommes. fit le conducteur dans un espagnol parfait.

Merci. Bonne journée. répondit Marco en lui donnant le prix dû.

Et une fois leurs affaires déchargées, il partit sans demander son reste. La maison des Fernandez était une grande baraque aux murs rosés. Les fenêtres étaient fermées, et les tuiles rouges commençaient doucement à dégringoler dans la pente. Le lierre vivait sa meilleure vie sur les murs, et Alix eu l'irrésistible envie de l'arracher pour rendre aux murs sa couleur d'origine. Même si elle n'aimait pas le rose, le lierre n'était pas mieux.

Lorsque, sans un mot, les Denoix rentrèrent dans la maison, Alix sut qu'elle n'allait pas passer plus d'une nuit ici, et que, d'ici le lendemain, ses parents auraient vendu la maison. Le crépis était froid. Les lampes grésillaient. La maison en elle même avait l'air d'un film d'horreur.

La mairie la rachètera volontiers. lâcha Alix, sous le regard couveur de ses parents.

Certainement...

― Certainement

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*

Le bruit du crayon contre le papier berçait dangereusement Alix tandis qu'elle se reposait contre un arbre

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Le bruit du crayon contre le papier berçait dangereusement Alix tandis qu'elle se reposait contre un arbre. À pied, marcher vers leur nouvelle maison avec toutes leurs valises était un véritable calvaire. Mais il le fallait s'ils voulaient atteindre ce certain «paradis». Alix n'y croyait que très moyennement. Dans toutes les scènes qu'elles s'était imaginé, ce paradis ne pouvait qu'être des thermes à vapeur, ou encore pire, un village de boulanger. Putain qu'elle détestait les boulangers... Mais enfin ! Ressaisis toi ma grande, imagine ce vieux Théodore Fernier courir derrière toi avec son rouleau à écraser...

" Oui, décidément, les boulangers sont effrayants..."

Depuis que l'artisan à pain de sa ville avait écrasé son prototype de bras extensible, elle ne voyait plus du tout les choses de la même façon.

Elle se releva en s'époussetant le pantalon. Son père lui avait promis un grand verre d'eau et de bonnes gaufres à l'arrivée, elle ne pouvait pas renoncer à ces gaufres de la sorte. Surtout pas aux gaufres... Alors elle suivit de nouveau à travers les bois. Elle marchait la tête en l'air et manquait de trébucher sur chaque racine qui se mettait en travers de sa route. Maudits bouts de bois ! Si ça continuait, elle allait emprunter une scie circulaire pour leur faire comprendre la vie. Mais elle n'eut pas l'occasion de maugréer davantage contre les arbres, que la lumière chaude du coucher de soleil leur détruit littéralement les yeux. Devant eux se trouvait une colline, où un chemin de terre descendait vers quelques maisons en contrebas. Le village était réellement magnifique, et Alix s'en voulu d'avoir prétendu qu'il puisse être un village de séniles armé d'un rouleau à pâtisserie.

― Bienvenue à Encanto !

Des enfants jouaient près de la porte du village. Ils s'étaient arrêtés net en apercevant les trois étrangers, et les saluaient maintenant de leurs petites mains potelées.

"Y'a pas beaucoup de gosses..." pensa Alix en leur adressant un sourire évasif.

De près, tout avait l'air magique. De l'église à la grande maison colorée qui faisait face à l'entrée, à quelques centaines de mètres.

Elle tourna la tête vers ses parents, déjà en pleine discussion avec un villageois.

― Ah oui ! La Maison Bleue ! s'exclama-t-il. Alors c'est vous les nouveaux propriétaires !

"Oh, je savais pas qu'ils avaient déjà acheté."

Elle haussa les épaules. Tant pis. Autant avoir une belle maison bleue. D'ailleurs, comment ça Bleue ? Pourquoi pas verte d'abord ?

Stoppant net ses réflexions, elle emboîta le pas du villageois et suivit la troupe vers le fond du village. Une grande bâtisse se tenait là, et, à gauche, se dressait un petit...

Un établi ?! s'écria Alix en en lâchant ses valises.

J'ai cru bon de te faire la surprise. ricana sa mère.

Maman, si tu n'étais pas ma mère, je te demanderai en mariage.

La femme blonde rit de plus belle, observant d'un œil tendre sa fille caresser le battant de bois servant de porte.

Je pourrais dormir dedans ?

Je t'interdis de dormir dedans. renchérit son père.

Sniff. Tristesse. La mine déconfite, Alix s'éloigna afin de reprendre ses bagages, et suivit ses parents dans la maison. Elle, au moins, était accueillante, pas comme la maison de la mamy Fernandez. Il y avait des roses sur les rampes d'escalier (prenant racine on ne sait où), des arepas sur la table principale (cuisinés par on ne sait qui) et le tout agrémenté d'encore plus de fleurs. Au rez de chaussée, il y avait trois pièces : la salle à manger ( sur la gauche de l'entrée) , le salon qui était séparé de la salle à manger par l'entrée, et, par une porte cachée près du fauteuil, on accédait à une porte donnant sur une chambre double, décorée de fleurs magnifiques.

J'ai demandé un coup de main aux Madrigal pour donner un air chaleureux. sourit le villageois en remarquant l'air émerveillé des nouveaux arrivants. C'est Isabela qui a jugé bon de mettre des fleurs un peu partout. Mais au vu de la description du caractère de votre fille, elle s'est abstenue d'en mettre à l'étage.

Alix souffla par le nez en souriant. Il était vrai qu'elle préférait avoir une chambre neutre (neutralité qui ne durera pas longtemps au vu du bordélisme sans nom dont faisait preuve la jeune blonde).

Le villageois, du nom d'Osvaldo, les laissa seul pour l'installation, en leur précisant bien que, en cas de problème, ils pourraient aller le chercher près de la fontaine du village.

Papa, tu ne m'avais pas promis des gaufres ?

𝘓𝘈 𝘔É𝘊𝘈𝘕𝘐𝘘𝘜𝘌 𝘋𝘜 𝘊𝘖𝘌𝘜𝘙 || 𝗖𝗮𝗺𝗶𝗹𝗼 𝗠𝗮𝗱𝗿𝗶𝗴𝗮𝗹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant