𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟰 ▶ 𝗟𝗔 𝗙Ê𝗧𝗘 𝗗𝗘 𝗕𝗜𝗘𝗡𝗩𝗘𝗡𝗨𝗘

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Le village avait été décoré de milles lanternes. Immense, la casa Madrigal se dressait comme pour accueillir elle-même les invités. Alix fut d'ailleurs surprise que la maison puisse bouger seule, et se trouva un passe-temps pour les vingt minutes à venir. Les Madrigal avaient fait des merveilles. Tout était absolument magnifique. Les fleurs aux coins de la maison, les guirlandes accrochées partout, et surtout à ne pas oublier, la nourriture absolument délicieuse qui trônait sur les tables dans la cour.

En dehors des villageois sympathiques, Alix avait remarqué plusieurs autres personnes avec des dons, tel que la sœur d'Isabela qui se trimballait tranquillement avec un piano dans la main. Julieta et Pepa ainsi que leur maris respectifs étaient venus les saluer, et une certaine Dolores lui avait adressé un beau sourire avant de se boucher les oreilles au passage d'un gamin qui criait derrière... Isabela ?

Non, il y avait quelque-chose d'étrange. Cette posture... Ce n'était pas Isabela. Elle ne savait pas qui se cachait derrière cette fille (sûrement encore un Madrigal) mais une chose était sûre, Isabela ne courrait jamais de la sorte. Enfin bref.

Afin de trouver un peu de calme, Alix se dégagea de la foule pour rejoindre un coin de la salle, que tous les enfants avaient esquivés jusqu'à maintenant. Satisfaite, elle se laissa glisser contre le mur en expirant de contentement. De son pancho, elle extirpa un carnet et un crayon et se mit au travail. Ses croquis n'allaient pas se faire seuls. En effet, depuis sa plus tendre enfance, Alix rêvait de voler. Voler dans les airs, comme un oiseau, avec de grandes ailes dans son dos. Si Encanto était vraiment un paradis, c'était ici qu'elle pourrait réaliser son rêve. Son crayon grattait contre le papier depuis bien dix minutes, et elle n'avait pas levé la tête depuis longtemps ; l'esprit plongé dans une sorte de transe, elle dessinait tout se qui lui passait par la tête. Toute idée était bonne à prendre dans un croquis.

Tu dessines vraiment bien !

Son cœur loupa un battement et Alix sursauta en lâchant un cris. Autour d'elle, quatre gamins la regardaient dessiner comme s'il n'avait rien vu d'aussi beau de leur vie. Elle ne put s'empêcher d'être flattée par le compliment en sourit maladroitement au garçon à la peau foncée et aux cheveux frisés qui venait de parler.

Me-merci... Si la prochaine fois vous pouviez éviter de me faire frôler la crise cardiaque..?

Le petit garçon éclata de rire et s'excusa.

Désolé ! Voici Juancho, Cecilia et Alejandra. Moi c'est Antonio.

Madrigal ?

Oui ! répondit le petit.

Alix jeta un œil aux autres enfants et remarqua que ladite Cecilia la fixait avec une expression beaucoup trop sérieuse. Elle eut alors un pressentiment ; elle avait l'impression de revoir Isabela courir comme une folle à travers la cour. Alix fronça les sourcils. Cecilia dû s'en apercevoir car elle changea de posture et lui sourit maladroitement.

Il est trop beau ton pancho ! s'écria soudainement Alejandra en glissant vers elle sur le sol. Dis, tu veux venir avec nous faire du toboggan dans l'escalier ?

Comment ça dans l'escalier ? bégaya Alix.

Elle n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit que les enfants l'avait déjà tiré vers le centre de la cour. Là, Alix cru rêver : Cecilia rigolait en glissant sur les planches de l'escalier, que la casita transformait en toboggan. Elle eut beau tourner la tête dans tous les sens, elle ne retrouvait pas la Cecilia étrange qu'elle avait vu ; celle qui s'amusait semblait ne pas avoir bouger depuis des heures.

Vas-y, essaie ! lui intima Antonio. Casita s'occupe de tout !

Alix monta sur la première marche, oui la deuxième, puis la troisième, et ainsi de suite. Arrivée à la moitié de l'escalier, la maison décida qu'elle montait trop et les planches s'aplatirent pour la faire descendre en glissant. Ouah, cette maison était incroyable !

Casita, épouse moi... murmura-t-elle en ricanant.

Le carrelage lui répondit par un avis mitigé et elle éclata de rire.

Le reste de la soirée se passa dans la bonne humeur. Les enfants étaient adorables et eurent vite fait de transformer Alix en géant à la poursuite des petits enfants méchants. Un jeu de gosses. Après 23h, la plupart des petits allèrent se coucher, et Alix passa la plupart de son temps avec les adultes. Isabela et elle s'entendait très bien, et elle fit la connaissance de Mirabel, la benjamine de la fratrie d'Isabela. Elles avaient quelques points commun, mais Alix et Mirabel ne se fréquentèrent pas particulièrement durant la fin de la soirée.

Dans quelques mois, lui expliqua Isabela, mon petit cousin Antonio découvrira son don. La dernière cérémonie était celle de Mirabel... et elle n'en a pas eu... Elle grimaça.

Ça a l'air important pour vous d'avoir un don. Mirabel a dû galérer à trouver sa place. fit Alix en détournant les yeux.

Isabela eut l'air choquée mais ne dit rien. Alix ne comprit pas vraiment, mais elle fut interrompue par ses parents, qui lui dirent qu'il fallait rentrer.

Les Madrigal étaient de bonnes personnes. Serviables, aimants, mais elle avait l'impression que quelque-chose clochait avec ces dons. Un miracle comme celui-ci ne pouvait pas être "gratuit". Il y avait forcément une contrepartie, et Alix était certaine que cette contrepartie allait aboutir à un évènement malencontreux. Mais bon, elle n'était personne pour juger, elle venait juste d'arriver. Son rôle ne se résumait sans doute qu'à penser : "Oh, trop cool ! Des gens dopés à la magie ! Ma nouvelle vie est fantastique !"

C'est sur cette réflexion qu'elle s'endormit après avoir déposé son carnet à croquis sur son bureau, et retirer son pancho.

La nuit l'emporta donc dans le sommeil.

𝘓𝘈 𝘔É𝘊𝘈𝘕𝘐𝘘𝘜𝘌 𝘋𝘜 𝘊𝘖𝘌𝘜𝘙 || 𝗖𝗮𝗺𝗶𝗹𝗼 𝗠𝗮𝗱𝗿𝗶𝗴𝗮𝗹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant