Chapitre 8.

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Son père haussa les épaules.

— Je ne comprends pas tout ce que tu dis. Je vais me coucher.

Une fois qu'il fut parti, je me laissai tomber sur le lit. Mes jambes ne me soutenaient plus. Christian s'assit à côté de moi.

— Mon père croit que j'ai une petite amie maintenant, en compensation dis-moi la vérité, pour une fois, rien qu'une fois.

Ses yeux me fixaient avec intensité. Je déglutis. Il m'avait aidé sans raisons. Je ne pouvais pas lui mentir cette fois.

— Je... c'est un très gros et lourd secret.

Il acquiesça et répondis d'une voix sûr.

— Dis-le-moi.

Je le regardai dans les yeux. Mon cœur battait à une vitesse anormale. C'était la première fois que j'allais révéler mon don à quelqu'un qui connaissait mon visage. J'allais également devenir une des traîtres de la famille Miller qui avait bafoué la règle jusqu'au point de révéler notre secret à un parfait inconnu. Les mots restaient bloqués dans ma gorge.

— Je...

Pouvais-je faire confiance à cet homme ? N'allait-il pas chercher à tirer profit de ce don et après me laisser aux mains de la justice pour ce que j'avais fait ?

Il s'approcha de moi.

— Fais-moi confiance... Abygaelle.

Je serrai mes mains glacées entre elles et me tournai vers lui.

— Dans ma famille on m'appelle « La tisseuse de rêve » parce que j'ai la capacité depuis ma naissance de lire et modifier les rêves d'autrui.

Je vis ses yeux s'agrandir de surprise.

— C'est incroyable...

Son visage changea d'expression soudainement. Il avait compris. Il m'attrapa les épaules :

— Tu n'as pas fait ça ?

J'enlevai ses mains.

— Tu vis dans la richesse depuis que tu es né mais tout le monde n'a pas cette chance. Il me fallait une grande somme d'argent et seul ce travail me permettait de rembourser les dettes de ma famille.

Il me lâcha consterné.

— Donc tu as modifié les rêves de mon père pour l'influencer politiquement selon ce que voulait ton patron ?

Je serrai plus fort mes mains.

— Tu aurais préféré que je sois sa maîtresse ?

Il se leva.

— A part mon père à qui tu as fait ça ? Attends... c'était pour cette raison que tu es entrée dans ma chambre et que tu m'as touché le front ? Que voulais tu faire ? Répond !

Je me raclai la gorge.

— Je voulais que tu m'oublie, que tu crois que je n'avais existé que dans ton rêve.

Il se mit à rire choqué.

— Ah, tu es lâche..., tu comptais me faire oublier ton existence pour continuer à faire ce que tu fais ?

J'avais honte mais je ne voulais pas qu'il le remarque. Je me levai.

— Pourquoi tu poses des questions auxquelles tu as déjà les réponses ? Je t'ai dit quel était mon secret, maintenant je n'ai plus aucune raison de rester ici ! En plus je te déteste alors... ne nous voyons plus !

Il eut un moment d'hésitation, sans doute surpris par la violence de mes paroles puis il répondit :

— Tu as donc confié ton secret à une personne que tu détestes ?

Je me dirigeai vers la porte pour sortir.

— Je ne suis pas aussi malhonnête que tu ne le pense, si on m'aide je me sens redevable. Nous sommes quittes maintenant que je t'ai dit mon secret.

J'ouvris la porte et sortis. Je l'entendis derrière moi se précipiter et je le sentis attraper mon bras.

— Si tu crois t'échapper tu te trompes, il me tira vers lui et je vis ses yeux étinceler de colère, nous ne sommes en rien quittes, tu étais sensée me le dire depuis le début au lieu de me mentir. Je n'ai rien dit aux autorités concernant ton intrusion dans la propriété d'un homme politique, et je n'ai encore rien dit concernant la façon dont tu as utilisé ton don mais...

Je tentai de me défaire de son emprise mais il resserra sa main sur mon bras. Je levai alors le regard vers lui, le cœur battant.

— Je te faisais confiance... c'est pour ça que je te l'ai dit. Sais-tu que je suis maintenant une traître dans ma famille ?

Je sentis sa main tressaillir sur mon bras.

— Qui ferait confiance à son ennemi ? Tu penses que je vais te croire ? Ecoute moi bien, je ne vais pas révéler tout ce que tu m'as dit à une seule condition. Sois ma « tisseuse de rêves ».

Je me raclai la gorge choquée.

— Tu me fais la leçon depuis tout à l'heure parce que tu trouves scandaleux le fait que je modifie les rêves des autres mais tu veux que je fasse la même chose... pour toi ?

Il acquiesça lentement.

— Tu vas m'aider à m'élever en politique en modifiant les rêves de mes adversaires.

Je reculai d'un pas. Finalement, il tirait profit de mon don. Il allait m'utiliser.

— Sais-tu que tu seras dans la même position que moi si je te dénonce ? Tu iras en prison.

Il me lâcha.

— Maintenant, nous sommes quittes.

La tisseuse de rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant